18ème jour de préparation à la Consécration à la Sainte Vierge

13 juin 1917 : « S’il se convertit, il guérira durant l’année. »

La puissance de la dévotion à la Sainte Vierge

Après que la Sainte Vierge lui eut rappelé la nécessité de réciter le chapelet tous les jours, Lucie lui demanda la guérison d’un malade. Notre-Dame lui répondit : « S’il se convertit, il guérira durant l’année ».

Cette réponse de Notre-Dame est parfaitement dans l’esprit de l’Évangile. Car ce n’est souvent qu’après la conversion du cœur que Jésus guérit les corps. Il suffit parfois d’un simple acte de foi, comme dans l’exemple de l’aveugle de Jéricho qui cria : « Fils de David, aie pitié de moi ». Jésus lui répondit : « Va, ta foi t’a sauvé » et lui rendit la vue. Autre exemple : la guérison de la femme atteinte d’un flux de sang. Une fois que la femme eut touché son manteau, Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie. » L’Évangile est rempli d’exemples similaires.

Mais, dans les exemples cités, les malades s’adressaient à Jésus Lui-même. Est-il possible que des demandes analogues adressées au Cœur Immaculé de Marie puissent obtenir les mêmes grâces ?

Tout d’abord, rappelons-nous que c’est une constante dans la Bible que l’action demandée aux hommes avant un miracle est toujours une action simple et à leur portée, mais qui, en elle-même, n’est pas susceptible de résoudre le problème auquel on se trouve confronté. Voici un exemple tiré de l’Ancien Testament (2R, 5, 1-14) :

Naaman, chef de l'armée du roi de Syrie, ... était lépreux. (...) Naaman vint avec ses chevaux et son char, et il s'arrêta à la porte de la maison d'Élisée. Élisée lui envoya un messager pour lui dire : « Va, et lave-toi sept fois dans le Jourdain ; ta chair te reviendra, et tu seras pur. » Naaman fut irrité, et il s'en alla, en disant : « Voici que je me disais : Il sortira vers moi, il se présentera lui-même, il invoquera le nom de Yahweh, son Dieu, il agitera sa main sur la plaie et délivrera le lépreux. Les fleuves de Damas, l'Abana et Pharphar, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d'Israël ? Ne pourrais-je pas m'y laver et devenir pur ? » Et se tournant, il s'en allait en colère. Ses serviteurs s'approchèrent pour lui parler, et ils dirent : « Mon père, si le prophète t'avait demandé quelque chose de difficile, ne l'aurais-tu pas fait ? Combien plus dois-tu lui obéir, quand il t'a dit : Lave-toi, et tu seras pur ? » Il descendit et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l'homme de Dieu ; et sa chair redevint comme la chair d'un petit enfant, et il fut purifié.

L’histoire de Naaman nous montre que, pour nous attribuer des grâces immenses, le Ciel nous demande généralement d’accomplir des actes d’une simplicité déconcertante. Quoi de plus simple en effet que de se baigner dans un fleuve en regard de la guérison d’une maladie à l’époque considérée à bon droit comme incurable ? Or notre pays, ne peut-il pas être considéré aujourd’hui comme ayant contracté une véritable lèpre ? Et pour nous, quoi de plus simple que de réciter un chapelet ou d’offrir les souffrances de la vie quotidienne pour la conversion des pécheurs ? Ce qui est difficile, comme nous le montre la guérison de Naaman, ce n'est pas tant de réciter notre chapelet, mais de croire qu'il peut être efficace ; c’est de le réciter avec une profonde humilité, conscient que ce que nous pourrons faire sera toujours insuffisant pour redresser la situation et en demandant à Dieu de faire le reste.

Le Nouveau Testament donne de nombreux autres exemples. Un des plus saisissants est celui des noces de Cana. Ce premier miracle de Jésus montre parfaitement qu’avant le miracle proprement dit, il nous faut accomplir divers actes. Le premier de ces actes est une demande. « Ils n’ont plus de vin ». Le second est un acte de foi : « Faites tout ce qu’Il vous dira ». Nous avons là un acte de foi d’une perfection sublime. Car Jésus venait de dire à sa mère : « Femme, qu’y a-t-il entre vous et moi ? Mon heure n’est pas encore venue ». Mais Marie a la Foi. De plus, elle connaît comme personne d’autre son Jésus. Aussi, n’hésite-t-elle pas à dire aux serviteurs : « Faites tout ce qu’Il vous dira ». Le troisième acte est une action concrète en apparence peu utile pour l’objectif recherché. Jésus demande : « Remplissez d’eau ces jarres ». Les serviteurs ont dû se demander ce qui se passait dans la tête de celui qui leur donnait cet ordre. Car à quoi peut servir de remplir d’eau des jarres quand on cherche du vin ? Mais ils obéirent humblement et Jésus fit un miracle alors même que son heure n’était pas encore venue !

Et la plupart des miracles de Notre-Seigneur se sont déroulés selon un schéma analogue, notamment la résurrection de Lazare.

Ainsi, avant que Dieu nous accorde une grâce ou intervienne pour nous secourir, nous avons trois choses à faire : demander cette grâce, affirmer notre foi en la puissance divine et accomplir l’action demandée par le Ciel quand bien même elle semblerait sans rapport avec l’objectif recherché. C’est ce que la devise des bénédictins résume parfaitement en unissant sous un même terme la demande et l’acte de Foi : Ora et labora.

Si nous voulons que notre pays guérisse des nombreux maux dont il est atteint, nous devons donc prier et agir : la prière seule ne suffit pas. Nous devons agir au niveau temporel, même si ce que nous pouvons faire semble n’avoir aucune chance de suffire. Dieu agit avec des riens, mais pas avec rien ! Il veut que nous fassions un minimum. À Cana, Jésus aurait fort bien pu directement remplir de vin les jarres sans demander à les remplir d’eau au préalable. Le miracle ne Lui aurait pas coûté davantage. De même, Il aurait pu ressusciter Lazare même si la pierre était restée devant l’ouverture du tombeau. Il s’est bien ressuscité Lui-même alors que personne n’avait roulé la pierre de son tombeau auparavant. Mais ces demandes préalables ont pour but de nous permettre de montrer concrètement notre foi. Si nous voulons que Dieu intervienne et nous accorde les grâces dont nous avons besoin, il nous faut agir sur les deux plans : spirituel et temporel.

Or, en général, il n’est guère besoin de nous solliciter pour agir dans le domaine temporel : nous faisons souvent tout ce que nous pouvons. Par contre, nous négligeons trop souvent le domaine spirituel qui pourtant devrait passer en premier. C’est ce qu’est venue rappeler Notre-Dame lorsqu’elle a répondu à Lucie : « S’il se convertit, il guérira dans l’année ».

Alors ayons foi en la puissance de Notre-Dame. Demandons-lui de nous convertir et de nous guérir de toutes nos infirmités.

Cette puissance du recours à la Sainte Vierge a été remarquablement montrée par saint Alphonse de Liguori dans son livre Les gloires de Marie. Voici par exemple une histoire parmi les nombreuses qu’il rapporte montrant cette puissance.

Un homme marié vivait dans le désordre. Son épouse, femme vertueuse, ne pouvant le persuader de renoncer au péché, le pria de vouloir au moins, dans cet état misérable, pratiquer quelque dévotion envers la Mère de Dieu, ne fût-ce que de la saluer en récitant un Ave Maria toutes les fois qu'il passerait devant une de ses images. Il consentit à observer cette pratique.

Une nuit que ce malheureux était sorti dans le dessein de se livrer au péché, il aperçut de loin une lumière, s'approcha et vit que c'était une lampe qui brûlait devant une statue de Marie tenant entre ses bras Jésus enfant. Il récite l'Ave Maria selon sa coutume ; mais ensuite, quel objet s'offre à ses regards ! Le divin Enfant lui apparaît tout couvert de plaies fraîchement ouvertes et d'où le sang tombe à grosses gouttes.

Épouvanté et en même temps attendri, considérant que c'était lui qui, par ses péchés, avait ainsi déchiré les membres de son Rédempteur, il se mit à pleurer ; mais il remarqua que Jésus lui tournait le dos. Alors, tout pénétré de confusion, il eut recours à la sainte Vierge, et lui parla ainsi : « Mère de miséricorde, votre Fils me repousse ; je ne puis trouver d'avocate plus bienveillante ni plus puissante que vous, qui êtes sa Mère ; ô ma Reine, assistez-moi, priez-le pour moi. » La Mère du Sauver lui répondit par sa statue : « Vous autres, pécheurs, vous m'appelez Mère de miséricorde, mais, en même temps, vous ne cessez de faire de moi une mère de misère, en renouvelant continuellement la passion de mon Fils et mes propres douleurs ».

Néanmoins, comme Marie ne sait jamais renvoyer sans consolation celui qui se jette à ses pieds, elle se tourna vers son divin Fils et le pria de pardonner à ce malheureux. Jésus continuait de montrer de la répugnance à accorder ce pardon ; mais la sainte Vierge, déposa son cher Enfant dans la niche, se prosterna devant lui, en disant : « Mon Fils, je ne me relève pas, je reste ici à vos pieds, si vous ne pardonnez à ce pécheur. − Ma Mère, dit alors Jésus, je ne vous puis rien refuser : vous voulez qu'il lui soit pardonné ; pour l'amour de vous, je lui pardonne, faites-le venir baiser mes plaies ». Le pécheur s'approcha tout en larmes ; et, à mesure qu'il baisait les plaies du saint Enfant, elles guérissaient aussitôt. Enfin, Jésus l'embrassa en signe de réconciliation. Dès ce moment, cet homme changea de conduite, mena une vie édifiante, et donna des marques d'une ardente dévotion à la bienheureuse Vierge, qui lui avait obtenu une faveur si grande.

Quelle puissance peut avoir la récitation habituelle d’un simple Ave Maria !

Mais, existe-t-il une prière plus propre à susciter une intervention divine ? Eh bien, oui ! À Fatima, Notre-Dame a révélé : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie ». La dévotion au Cœur Immaculé de Marie est donc une dévotion expressément voulue par Dieu pour notre époque. En conséquence, c’est, après la sainte messe, la dévotion la plus propre à émouvoir son Cœur et à Le décider à agir.

Combien de pécheurs nous arriverions à convertir si nous priions pour eux comme nous l’apprirent l’Ange et Notre-Dame ! Voilà pourquoi nous devons avoir à cœur de faire nôtre la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.

À cette dévotion sont attachées tant de grâces, en particulier :

  • la paix pour le monde et la fin des guerres ainsi que la satisfaction de tous nos besoins temporels ou spirituels par la récitation quotidienne du chapelet,
  • la conversion des pécheurs par l’offrande des sacrifices que nous demande l’accomplissement de notre devoir d’état dans le respect de la loi divine.

Alors chaque jour récitons notre chapelet et offrons tous les sacrifices qu’exige notre devoir d’état pour la conversion des pécheurs, et remercions Notre-Dame de nous avoir rappelé la puissance de son intercession.

NOTA BENE :

  1. Prier le chapelet :
  • Pour les pèlerins qui prient le chapelet quotidiennement : avoir cette prochaine consécration de soi-même au Cœur Immaculé de Marie comme intention générale ;
  • Pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude de dire le chapelet quotidiennement : une dizaine avec cette même intention générale de sa prochaine consécration.
  1. Offrir à Dieu 1 sacrifice pour la conversion des pécheurs, et la nôtre en particulier.
  2. Dire les 4 prières de l’Ange et de Notre-Dame de Fatima pour la conversion des pécheurs :
  3. (Prière d’oraison pendant la journée) : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime, et je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne Vous aiment pas ». L’Ange de la Paix, printemps 1916.
  4. (Prière d’oraison pendant la journée et après chaque communion) : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les Très Précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de Son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». L’Ange de la Paix, automne 1916. 
  5.  (Lorsque l’on fait un sacrifice) : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la conversion des pécheurs, en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie, et pour le Saint-Père ». Notre-Dame, 13 juillet 1917 (et Jacinthe qui a rajouté « et pour le Saint-Père »).  
  6. (Après chaque mystère du chapelet) : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, secourez surtout celles qui ont le plus besoin de Votre sainte miséricorde ». Notre-Dame, 13 juillet 1917.

 

Bienheureux François et Jacinthe, priez pour nous !

Saint Michel Archange, gardien de la France, priez pour nous !