Pèlerinage de Pentecôte
de Paris à Chartres

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Actualité

Lundi 07 juin 2021

Sur les routes de Chartres et de la chrétienté- Entretien avec Jean de Tauriers ( Reconstruire n°4)

Un pèlerinage peut-il avoir un lien avec la doctrine sociale de l’Église ? Oui répond clairement Jean deTauriers, président de Notre-Dame de Chrétienté, association organisatrice du pèlerinage du même nom, tout en insistant sur la royauté sociale du Christ. Quel bilan tirez-vous de l’édition 2021 du pèlerinage de Notre Dame de Chrétienté  ?

Cette année le bilan a été tout à fait exceptionnel. Nous avons eu un nombre d’inscrits très supérieur au pèlerinage de l’an passé : 11 000 marcheurs et 3 000 pèlerins anges gardiens. Le réseau des amis de Notre-Dame de Chrétienté s’est emparé de la situation particulière que nous connaissons pour organiser des pèlerinages locaux : presque 300 dans le monde. Nous sommes allés dans de nombreux grands sanctuaires français (Montligeon, Cotignac, Sainte-Anne-d’Auray etc.) Les derniers chiffres seront donnés au moment de notre rendez-vous traditionnel pour la messe d’action de grâces le 10 juin à Sainte-Odile (Paris). Cette année particulièrement, nous avons touché de nouveaux pèlerins, non habitués de Chartres. J’y vois le signe d’un enthousiasme énorme. Il est habituel de se lamenter sur le nombre de pratiquants en France. À Notre-Dame de Chrétienté, la moitié de nos pèlerins ont moins de 20 ans, les familles sont ferventes et militantes. Elles veulent pèleriner, se retrouver et montrer une chrétienté « en marche » dans le monde.

 

Quel sens donnez-vous à cette notion de chrétienté et peut-on y voir un lien avec la doctrine sociale de l’Église ?

Avec tradition et mission, la Chrétienté est l’un des grands axes du pèlerinage. Gustave Thibon a préfacé le livre de dom Gérard, l’un des fondateurs de Notre-Dame de Chrétienté, Demain, la chrétienté, avec cette phrase magnifique : « dans la chrétienté, Dieu descend à la portée de nos yeux et de nos mains, il s’insère dans les patries et les cultures, l’infini se localise, l’éternel épouse les rythmes du temps ». Il ne peut y avoir une religion séparée de la société comme on veut trop souvent nous le faire croire. Vouloir séparer les deux est une des grandes erreurs de l’époque actuelle et d’une partie de notre hiérarchie, politique et religieuse. Vouloir la chrétienté revient à mettre en pratique la loi naturelle. En ce sens, chrétienté et doctrine sociale de l’Église sont indissociables. L’encyclique de Pie XI, Quas Primas de 1925 insiste sur la royauté sociale du Christ qui est d’ailleurs rappelée dans les statuts de l’association Notre-Dame de Chrétienté. Le Catéchisme de l’Église Catholique dans son article 2105 reprend bien cette idée : « le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement ». La demande de Pie XI, sur la royauté sociale du Christ, n’est que l’écho des paroles du Notre Père : « que Votre règne arrive, que Votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ». Certains ont voulu croire qu’il s’agissait d’un règne spirituel pour la fin des temps, alors que la royauté sociale du Christ est pour aujourd’hui ! C’est pourquoi le thème du prochain pèlerinage en 2022 sera « Cœur Sacré de Jésus, espoir et Salut des Nations ». Je crois en effet que la France a une vocation particulière, condition de son existence : être une nation chrétienne, la fille aînée de l’Église.

 

La place que vous accordez à la doctrine sociale de l’Église dans la formation de vos cadres est donc importante ?

Oui en effet, Notre-Dame de Chrétienté est devenue un centre de formation permanent. Nous avons environ 1 000 chefs de chapitre et adjoints, et nous leur proposons régulièrement des récollections, vidéo-formations, vidéo-conférences, retraites, une Journée d’Amitié Chrétienne (la prochaine est le 20 novembre à Paris). Nous offrons également sur notre site (nd-chretiente.com) une très large documentation grâce à nos dossiers de pèlerinage. Nous restons fidèles à cet enseigne­ment traditionnel de la doctrine sociale de l’Église au cœur de la chrétienté qui est notre vocation.

Propos recueillis par Henri d’Anselme

 

Retrouvez cet article dans Reconstruire,

la lettre de formation et d’information sur la Doctrine Sociale de l’Eglise de l’Homme Nouveau

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L’Homme Nouveau offre aux pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté

L’Utopie des usuriers de G.K. Chesterton à demander au 01 53 68 99 77

 

 

Rejoignez la neuvaine à St Joseph pour le maintien du Motu proprio

Amis pèlerins,

chers confrères prêtres,

chers frères,

chères sœurs,

bien chers fidèles,

 

Nous vous proposons la neuvaine ci-dessous. Le titre est assez explicite, et nous espérons que vous voudrez bien vous joindre à cette mobilisation spirituelle. La prière ne fait pas tout, certes. Mais rien ne s'obtient sans la prière.

L'actualité récente de la vie de l'Eglise montre un projet de restriction concernant la place de la messe traditionnelle (ou forme extraordinaire) dans l'Eglise. Et autour de la Messe, c'est le rapport au Magistère, la pastorale, un ensemble large et cohérent, que certains souhaiteraient voir remis en cause.

Tradidi quod et accepi. J'ai transmis ce que j'avais reçu. Voilà la définition de la « pastorale tradie », s'il faut se risquer à expliquer ce concept. Voilà ce que nous voulons être, essentiellement ; de fidèles récepteurs de la foi catholique, et ensuite de fidèles transmetteurs.

On nous reproche une pastorale d'enfermement et de conservation, une formation « parallèle » aux directives de l'autorité, un problème d'obéissance. On nous soupçonne d'un esprit de raideur.

Nous aimons réaffirmer simplement que le courant traditionnel n'est peut-être pas la seule solution de la crise dans l'Eglise, mais il est une part de la solution. Nous aimons à croire que nous ne sommes pas réductibles à un « problème ».

Nous croyons à la force de l'autorité quand elle est bienveillante et paternelle. Nous croyons aussi au risque, souvent vérifié dans l'histoire, d'une réduction de l'autorité au pouvoir, et d'une tentation de faire sentir ce pouvoir au risque du droit et de la justice. Mais alors, au-delà des discours, que deviendront les conditions d'une authentique communion et d'une paix dans l'Eglise? Or c'est absolument nécessaire dans notre époque agitée.

Nous essayons humblement, chaque jour, de ne pas confondre la souplesse et la fermeté d'âme qu'inspire le Saint Esprit avec la faiblesse, la soumission aveugle, ou la raideur.

Nous savons également, avec le père Clerissac, que l'on peut avoir à souffrir non seulement pour l'Eglise mais par elle.

Ce que nous demandons, dans la pleine et visible communion de l'Eglise, c'est de pouvoir continuer à faire l'expérience pleine et sereine de la Tradition vivante. Ce n'est pas seulement un drapeau, c'est un pilier. C'est une source. La liturgie traditionnelle est un des canaux de cette source. Nous en avons besoin, nous en avons soif. C'est vital.

Nous pensons que le Motu Proprio Summorum Pontificum a créé dans l'Eglise les conditions favorables pour cela.

« Ne soyez préoccupés de rien. Mais que vos demandes soient portées devant Dieu dans la supplication et l'action de grâce, par la prière » (St Paul, Philippiens). Nous faisons donc connaître par la prière ce besoin à notre Père du ciel, en passant par celui qui en est la meilleure image sur la terre ; Saint Joseph.  « Toujours l’Eglise a exalté et honoré saint Joseph d’un culte exceptionnel, (...) ; toujours, dans les heures critiques, elle a imploré son assistance » (Pie IX, Décret Quemadmodum Deus). »

La neuvaine commencera le jeudi 10 juin, date de la Messe d'action de grâce célébrée à Ste Odile. Avec les présents, nous dirons cette prière ensemble en direct sur place. Nous serons unis par la force de la prière et de la communion des saints à tous ceux et celles qui le veulent ! Voulez-vous vous joindre à nous? Alors rendez-vous le 10 juin, seul ou en groupe, en famille, en paroisse, en communauté. Sursum corda, dans la confiance !

 

 

Neuvaine à Saint-Joseph

pour demander le maintien sans restriction dans l'Eglise du Motu Proprio Summorum Pontificum

 

Prière du frère André, l'Apôtre de St Joseph, 1845 – 1937 (Chaque jour de la neuvaine)

Saint-Joseph, père nourricier si fidèle de l'Enfant divin, époux virginal de la Mère de Dieu, protecteur puissant de la sainte Église, nous venons vers vous pour nous recommander à votre protection spéciale.

Vous n'avez rien cherché en ce monde sinon la gloire de Dieu et le bien du prochain. Tout donné au Sauveur, c'était votre joie de prier, de travailler, de vous sacrifier, de souffrir, de mourir pour lui.

Vous étiez inconnu en ce monde et cependant connu de Jésus, ses regards reposaient avec complaisance sur votre vie simple et cachée en lui.

Saint Joseph, vous avez déjà aidé tant d'hommes, nous venons vers vous avec une grande confiance.

Vous voyez dans la lumière de Dieu ce qui nous manque, vous connaissez nos soucis, nos difficultés, nos peines.

Nous recommandons à votre sollicitude paternelle cette affaire particulière, le maintien sans restriction du motu proprio Summorum Pontificum dans l'Eglise.

Nous la mettons entre vos mains qui ont sauvé Jésus Enfant, mais avant tout implorez pour nous la grâce de ne jamais nous séparer de Jésus par le péché mortel, de le connaître et de l'aimer toujours plus, ainsi que sa sainte Mère, de vivre toujours en présence de Dieu, de tout faire pour sa gloire et le bien des âmes, et d'arriver à un jour à la vision bienheureuse de Dieu pour le louer éternellement avec vous.

 

Prière du Pape François pour l'année jubilaire à St Joseph (chaque jour de la neuvaine)

Salut, gardien du Rédempteur,
époux de la Vierge Marie.
À vous Dieu a confié son Fils ;
en vous Marie a remis sa confiance ;
avec vous le Christ est devenu homme.

O bienheureux Joseph,
montrez-vous aussi un père pour nous,
et conduisez-nous sur le chemin de la vie.
Obtenez-nous grâce, miséricorde et courage,
et défendez-nous de tout mal. Amen.

 

Quelques extraits de la Lettre apostolique Patris Corde (à lire et méditer au cours de la neuvaine)

La confiance du peuple en saint Joseph est résumée dans l’expression "ite ad Joseph" qui fait référence au temps de la famine en Égypte quand les gens demandaient du pain au pharaon, et il répondait : « Allez trouver Joseph, et faites ce qu’il vous dira » (Gn 41, 55). Il s’agit de Joseph, le fils de Jacob qui par jalousie avait été vendu par ses frères (cf. Gn 37, 11-28) et qui – selon le récit biblique – est devenu par la suite vice-roi d’Égypte (cf. Gn 41, 41-44).

Joseph n’est pas un homme passivement résigné. Il est fortement et courageusement engagé. L’accueil est un moyen par lequel le don de force qui nous vient du Saint Esprit se manifeste dans notre vie. Seul le Seigneur peut nous donner la force d’accueillir la vie telle qu’elle est, de faire aussi place à cette partie contradictoire, inattendue, décevante de l’existence.

Si la première étape de toute vraie guérison intérieure consiste à accueillir sa propre histoire, (...) il faut cependant ajouter une autre caractéristique importante : le courage créatif, surtout quand on rencontre des difficultés. En effet, devant une difficulté on peut s’arrêter et abandonner la partie, ou bien on peut se donner de la peine. Ce sont parfois les difficultés qui tirent de nous des ressources que nous ne pensons même pas avoir.

Une lecture superficielle de ces récits [de l'Evangile de l'enfance de Jésus] donne toujours l’impression que le monde est à la merci des forts et des puissants. Mais la “bonne nouvelle” de l’Évangile est de montrer comment, malgré l’arrogance et la violence des dominateurs terrestres, Dieu trouve toujours un moyen pour réaliser son plan de salut. Même notre vie semble parfois à la merci des pouvoirs forts. Mais l’Évangile nous dit que, ce qui compte, Dieu réussit toujours à le sauver à condition que nous ayons le courage créatif du charpentier de Nazareth qui sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence.

Si quelquefois Dieu semble ne pas nous aider, cela ne signifie pas qu’il nous a abandonnés, mais qu’il nous fait confiance, qu’il fait confiance en ce que nous pouvons projeter, inventer, trouver.

 

 

samedi 05 juin 2021

L'intelligence du réel comme injustice - Thibaud Collin ( L'Homme Nouveau n° 1737 du 5 Juin 2021)

La publication le 22 février dernier par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi d’une réponse négative à la question : L’Église dispose-t-elle du pouvoir de bénir des unions de personnes du même sexe ? a suscité de nombreuses réactions critiques de théologiens et d’évêques. Le 10 mai ont été organisées dans une centaine d’églises d’Allemagne de telles bénédictions (cf. HN n°1736), sans que les prêtres responsables n’aient été sanctionnés. Il convient de revenir sur ce que révèlent de tels événements ecclésiaux. Tout d’abord ils confirment le fait que « l’ouverture au monde » n’est pas synonyme d’évangélisation des personnes, voire même s’y oppose ; et s’y oppose en péchant paradoxalement par ce que l’on pourrait nommer du surnaturalisme.

En effet, c’est « au nom de l’amour » que ces prêtres homosexualistes désobéissent formellement. Puisque Dieu est Amour et que ces deux hommes ou ces deux femmes « s’aiment », il paraît évident pour eux que Dieu bénit leur relation. Le présupposé d’une telle approche est la négation de tout donné anthropologique mesurant le vrai bien humain. Or un tel donné est la manifestation de la Sagesse créatrice de Dieu et non pas une norme arbitraire formulée par une institution conservatrice gouvernée par des célibataires aigris. Le Catéchisme de l’Eglise catholique affirme: « S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves (cf. Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10), la Tradition a toujours déclaré que " les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés " (CDF, décl. " Persona humana " 8). Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas[1] ». Il convient de distinguer les actes de la tendance foncière qui peut être involontaire mais que le CEC qualifie d’« objectivement désordonnée » (n°2258) et qui, à ce titre, constitue pour ceux qui la subissent « une épreuve » (idem). On comprend ici en quoi l’Eglise ne dispose pas du pouvoir de bénir de telles unions. Ce verbe est capital mais largement inaudible en ces temps de constructivisme sociologique et juridique. La loi, toute loi n’est-elle pas l’expression d’une volonté souveraine ? Dès lors, ce qu’une volonté a proclamé, une autre ne peut-elle l’abroger ? Si l’Eglise persévère dans son déni de reconnaître institutionnellement les unions homosexuelles n’est-ce pas par discrimination ? Le responsum de la CDF est à ce titre à lire attentivement. L’Eglise « refuse toute discrimination injuste », manière de dire qu’il y en a des justes. Rappelons que discriminer est l’acte par lequel la raison distingue les choses les unes des autres avec précision selon des critères définis. Aujourd’hui le terme discrimination est devenu synonyme d’injustice, ce qui est une déviation sémantique révélatrice de la confusion mentale régnant en postmodernité. En imposant ce nouveau sens, les minorités subversives introduisent un délit d’opinion dont l’objet n’est en réalité que l’activité même de la raison lisant le réel. La négation de toute intelligibilité du donné humain aboutit nécessairement à accuser d’injustice ceux qui continuent de reconnaître un ordre immanent au réel, en l’occurrence ici le fait que l’être humain est doué d’un corps sexué ordonné à transmettre la vie et exprimer le don de soi. Si l’Eglise ne dispose pas du pouvoir de bénir, c’est que l’Eglise n’est pas une démocratie libérale régie par une doctrine positiviste du droit. Elle n’est pas la mesure de son agir mais elle est l’instrument que Dieu utilise pour répandre sa grâce dans le cœur des hommes. Cette grâce théologale n’est pas à déconnecter du donné naturel.

Tous les pasteurs contestant l’enseignement de l’Eglise vivent dans un état de soumission mentale envers l’esprit de notre époque, esprit promouvant le tohu-bohu comme le disait Michel Foucault, philosophe français, figure phare du mouvement LGBT. Le tohu-bohu désigne dans la Genèse l’état de la Création avant que Dieu procède aux grandes distinctions ordonnatrices, expression de sa Sagesse et de son dessein d’amour. Les pasteurs promouvant de telles bénédictions révèlent par-là que pour eux la grâce rédemptrice est coupée de la création divine. Dieu est comme divisé d’avec lui-même, ou plutôt il convient d’abandonner un Dieu Créateur et Seigneur de l’Univers pour un Dieu Consolateur (résurgence de la vieille hérésie qu’est le marcionisme). Mais ce Dieu consolateur ne se réduit-il pas dans une perspective immanentiste à être un Dieu nounou à la mesure de nos attentes ? La grande tentation actuelle est de réduire l’ordre de la grâce à une version chrétienne du mouvement care, terme anglais désignant le vaste et complexe courant philosophique, psychologique et spirituel promouvant le soin de soi. Il est certes fort utile que l’Eglise s’empare d’une telle problématique du soin mais cela ne peut être fécond qu’au terme d’un long discernement théorique et pratique par lequel seront articulées la nature et la grâce. Seule une telle articulation permettra de répondre en vérité à la soif, souvent inconsciente, de nos contemporains. Le Verbe s’est fait chair pour nous sauver et non pas pour nous donner de vivre en bonne santé. 

Les récents événements de l’Eglise d’Allemagne révèlent enfin la logique inéluctable à laquelle obéit la pensée humaine. Une fois que l’on a validé certains principes, on ne peut pas sans se contredire en nier les conclusions nécessaires. Le principe de toute cette dérive pastorale et doctrinale est le refus de recevoir Humanae vitae, l’encyclique de saint Paul VI sur la régulation naturelle des naissances. Ce refus est fondé sur une incompréhension de la doctrine de la loi naturelle. Cette « hérésie du XXème siècle », pour reprendre le mot de Madiran, rend l’esprit de nombre de nos pasteurs perméable à la protestation victimaire actuelle. Au lieu de recevoir la lumière sur la nature de la sexualité humaine et sur le fondement de la morale que saint Jean- Paul II a transmise pour notre temps (dans ses catéchèses sur la théologie du corps et dans l’encyclique Veritatis splendor) beaucoup ont préféré se tourner vers les sciences humaines et sociales pour fonder une pastorale de « l’ouverture au monde ». Ainsi en s’ouvrant à l’esprit du monde, ils s’empêchent de transmettre le salut à ceux qui y habitent. Paradoxe tragique.                    

 

[1] n°2357

mercredi 02 juin 2021

Requiem in pace Jean-Pierre Hachard

C’est avec une immense tristesse qu’en ce dimanche 30 mai 2021, jour de la fête des mères, nous apprenions, au cours de la messe dominicale, le décès de Jean-Pierre Hachard, qui fut un grand ami du pèlerinage et de l’association Notre-Dame de Chrétienté. Il allait avoir 80 ans.

Originaire de Charente Maritime où il passa sa jeunesse, Jean-Pierre avait rejoint la région parisienne au début des années 70 pour poursuivre ses activités professionnelles au sein de la société Philips, dont il deviendra un cadre dirigeant, et s’installa avec sa famille aux environs puis dans la ville de Versailles.

En bon catholique de tradition, soucieux de l’éducation et de l’avenir de ses enfants, il s’investit très vite dans le suivi de leurs activités scolaires et associatives, ce qui le conduisit à prendre la présidence de l’Apel de l’Institution St Pie X qu’il exerça pendant de nombreuses années … et à s’engager au sein de l’organisation du Pèlerinage de Chrétienté. C’est ainsi que pendant près de 10 ans, il assura avec son épouse la direction de l’équipe chargée de l’accueil des prêtres pendant le pèlerinage.

Très apprécié de tous pour son sens de l’organisation, sa compétence, son tact et sa grande courtoisie, il apparut naturellement comme le candidat idéal pour succéder à Marie-Louise Prévost, comme Secrétaire Général de l’association Notre-Dame de Chrétienté. Il occupa ce poste de 2006 à 2009, avec un dévouement et une efficacité remarquables.

 Homme de conviction et d’une droiture exemplaire, chrétien fervent, ami très sûr, Jean-Pierre va nous manquer dans ces moments difficiles que nous traversons. Nous avons prié pour lui au cours de notre dernier pèlerinage et espéré qu’il réussirait à surmonter la mauvaise maladie qui l’a emporté.

Que son épouse, Badou, elle-même si dévouée à notre association, ses 4 enfants (dont une religieuse, Sous-Prieure des Dominicaines du St Esprit), ses 19 petits-enfants (dont un prêtre) et ses 4 (bientôt 6) arrière-petits-enfants, trouvent ici l’expression de nos sentiments les plus amicaux et l’assurance de nos ferventes prières.

Notre-Dame de Chrétienté

jeudi 27 mai 2021

Mot de clôture du 39e pèlerinage de Pentecôte - Abbé Garnier - Aumônier général

Merci Monseigneur, pour cette belle messe de clôture du pèlerinage de Pentecôte 2021. Merci de votre belle homélie.

Merci à Monseigneur Christory, Evêque de Chartres, pour son accueil paternel et bienveillant.

Merci à vous, Monsieur le chanoine Blondeau, recteur de cette cathédrale, pour votre disponibilité, votre joie, votre soutien au pèlerinage cette année encore.

Merci en direct mais aussi à distance, à tous les prêtres, diacres, religieux et religieuses, séminaristes qui ont accompagné la prière et la marche des pèlerins un peu partout en France et dans le monde.

Merci encore aux bénévoles de Notre Dame de Chrétienté qui ont aidé pour l'organisation de ces cérémonies des 3 jours.

Merci chers pèlerins de votre mobilisation, de votre souplesse, de votre adaptation et de votre discipline pour être, avec les conditions particulières de cette année, au rendez-vous tout de même, à Chartres, mais aussi en tant d'autres lieux. La prière n'a pas de frontières, disait un ancien. Comme il avait raison, comme nous avons pu l'éprouver durant ces jours de Pentecôte! J'ai une pensée particulière pour les anges gardiens non marcheurs qui ont jeté dans la balance spirituelle tout le poids de leur prière et de leurs sacrifices!

 J'espère qu'au terme de ces 3 jours de prière, de messe, de confession, de méditation et de formation, d'effort et de retrouvailles, nos âmes sont de nouveau jointes ; jointes au Christ d'abord, et ensuite les unes avec les autres, dans l'amour de l'Eglise Catholique, de la France, du sacerdoce et de la famille, de la Sainte Messe, de l'adoration et de la mission.

O Christ notre Voie, gardez-nous des déviances et des séductions mondaines.

O Christ Verité, gardez-nous de la contagion de l'erreur et du mensonge, plus dangereuses que toute autre.

O Christ Vie, rendez et augmentez sans cesse aux âmes cette vie de la grâce, semence de votre gloire. Vous êtes venu pour que nous l'ayions et en abondance.

Chers pèlerins, tenez bon, appuyés fermement sur les 3 piliers de notre cher pélé ; Chrétienté, Tradition, Mission !

A tous ceux qui le peuvent, je donne un « rendez-vous / rendez grâce », à l'église Ste Odile, jeudi 10 juin prochain, à 19h30. Comme nous venons de l'entendre, il est bon, équitable, salutaire de rendre grâce à Dieu, toujours, partout!

Maintenant, avant de retourner au service du règne du Christ, nous allons chanter comme 10. Ainsi, nous chanterons pour ceux qui n'ont pu venir à Chartres cette année, et nous leur serons unis dans la louange!

Chantons notre Sauveur victorieux et Notre Dame, Reine de France.

Homélie de la messe de clôture - Chartres - Mgr Rey - Evêque de Fréjus-Toulon

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit,

Chers frères et sœurs,

Nous nous retrouvons en ce lundi de Pentecôte dans un contexte marqué par une crise sanitaire dont nous avons peine à sortir, qui signe la fragilité de notre monde, mobilisé jusqu’alors par l’idéologie du progrès sans fin. Certains parlent même de collapsologie, de signe de fin du temps, de fin du monde.

La question de la mort revient d’actualité dans ce climat anxiogène de psychose virale. Cette peur généralisée de mourir nous fait redécouvrir le caractère sacré de la vie humaine mais laisse transparaître la détresse des âmes, la perte de sens, l’extraordinaire solitude de beaucoup. On est à la fois victime et otage d’une hystérisation médiatique alimentée par les réseaux sociaux lorsqu’on nous matraque par exemple chaque jour le chiffre des morts.

Cet effroi collectif illustre le paradoxe de cette phrase terrible : « les hommes vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir et meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu ». La peur de mourir constitue aussi le terreau de toutes les formes de violence, de complotisme, mais aussi d’intrusion de l’état dans la vie privée et dans la liberté religieuse.

Cette crise révèle aussi une désocialisation ; la culture du masque nous habitue à une vie sans visage, sans percevoir l’unicité et la singularité de chacun ; les rues ont été investies par des clones oppressés qui rasent les murs et se réfugient dans l’anonymat et l’indifférence, posture hygiénique de l’immunité qui fait passer la communauté humaine vers son contraire, la distanciation, l’exclusion, l’atomisation, où l’on traite les humains comme des corps en oubliant l’âme, la relation à autrui qui fonde l’humain.

L’isolement conduit beaucoup vers le numérique, à cause en particulier du télétravail. Pour pallier la distance, chacun s’engonce dans le virtuel, parfois jusqu’à l’addiction. Une grand-mère confiait très récemment son désarroi : « la meilleure façon pour mes enfants et mes petits-enfants de me montrer qu’ils m’aiment est de ne pas me toucher ni de venir me voir ». Pour empêcher de mourir, on empêche de vivre.

C’est en faisant tous ces constats tragiques sur le temps que nous vivons, que nous nous rappelons cette définition que faisait Bernanos à propos de l’espérance : « L’espérance, écrivait-il, est un désespoir surmonté ». Oui, paradoxalement, nous chrétiens, sommes convoqués par le Seigneur pour témoigner à l’humanité de l’Espérance. Cette vertu théologale, fille de la Miséricorde, par laquelle Dieu constitue non seulement notre héritage le plus profond, notre présent le plus actuel, mais également notre avenir le plus sûr. Le Christ se trouve devant nous, Il nous précède sur le chemin du ciel par Sa victoire pascale, comme cette cathédrale surgissant de la terre à l’horizon vers laquelle vous avez dirigé vos pas en priant.

Les aléas actuels de l’histoire, les turpitudes et les incertitudes du présent nous convient à un sursaut d’espérance. Les crises comme les maladies sont révélatrices de dysfonctionnements ; elles nous poussent à repenser nos organisations de vie, nos styles de vie, à envisager différemment nos priorités, nos finalités, bref, elles nous pressent de nous convertir. L’histoire nous apprend que l’humanité comme toute croissance personnelle et humaine, avance par crises successives avec les peurs et les remises en cause qu’elles occasionnent. Et celle-ci nous oblige à reconsidérer les fondamentaux qu’on avait oubliés ou pervertis. Chaque crise appelle au dépassement, c’est-à-dire à trouver les ressources physiques, morales, intellectuelles et surtout spirituelles pour vivre un rebond, une résilience. Ainsi, comme Jacob blessé dans son combat avec l’ange et devenu boiteux, nous avançons vers Dieu de chute en chute.

N’oublions jamais que le christianisme surgit de la mort, jaillit d’un tombeau trouvé vide par les disciples. Un tombeau devenu berceau. Notre espérance ne se fonde pas sur des espoirs humains factices, ni sur des projections idéologiques ou technologiques, mais sur un évènement qui s’est produit il y a deux mille ans dans notre histoire, et par lequel Jésus-Christ est entré dans notre temps pour l’ouvrir à son éternité. C’est à partir de nos limites et de la mort qu’il a assumées en sa chair, qu’Il nous projette dans une espérance continuelle, éternelle, qui a sa source en la résurrection et qui nous est répétée à chaque messe. Cette tension de la terre jusqu’au ciel s’exprime architecturalement par l’élancement de cette flèche de cette cathédrale gothique qui traduit dans la pierre notre espérance. Cette flèche est une prière, un cri vers Dieu, auquel Celui-ci répond à chaque célébration du sacrifice eucharistique. Il descend en Sa miséricorde au milieu de nous, en nous, pour nous réunir, nous nourrir de Sa présence sacramentelle afin de nous relever sans cesse de nos affaissements.

Chers pèlerins, votre jeunesse incarne cette espérance dont le monde a besoin, à condition que celle-ci se grève en Dieu et non pas sur des rêves chimériques sans lendemain ou sur des utopies qui se terminent, l’histoire le prouve, dans la cendre et le sang. Espérer contre toute espérance, clame l’Epître aux Romains. Espérer dans la nuit, la nuit du doute, la nuit des sens. Ou encore, comme l’écrivait Gustave Thibon, « n’espérer qu’en Dieu quand on a désespéré de tout ce qui n’est pas Dieu ».

L’Esprit-Saint que l’on a accueilli en la fête de la Pentecôte, est l’âme de l’Espérance : par ses dons, l’Esprit nous arme d’ardeur, de courage, de fidélité, de « persévérance » comme le rappelle l’Epître aux Romains, afin de nous amener jusqu’au bout de cette espérance et en récolter le fruit. « On obtient Dieu autant que l’on en espère », disait Thérèse de l’Enfant-Jésus. Face à tant de vies rabougries, minées par l’illusion, alors que tant de nos contemporains sombrent dans le désespoir par le fatalisme ou la résignation, cette crise nous convoque comme chrétiens à porter l’espérance à notre monde qui traverse l’obscurité et à guetter l’aurore où Dieu advient. Il nous faut nous attendre à Dieu ; « C’est avoir Dieu que de l’attendre », soulignait Fénelon. Attendre Dieu de Dieu et de rien d’autre ; qui espère dans le Christ ne peut d’accommoder d’un monde qui le refuse.

Chers pèlerins, l’espérance chrétienne constitue le ressort de votre engagement. Pèlerins, pèlerins d’espérance, qui avez sous la pluie parcouru le chemin jusqu’à Chartres, vos pas se sont inscrits à la suite de tant d’hommes et de femmes qui à travers les siècles, ont emprunté la même route, bravé les mêmes intempéries, traversé les mêmes paysages de Beauce. Vous avez rejoint et prolongé leur quête de Dieu et leurs supplications, et dans cette cathédrale qui vous accueille, vous mêlez vos prières à toutes celles et ceux qui ont bâti cet édifice, l’ont habité de leurs larmes et de leurs actions de grâce.

Oui, le Christ est pour nous promesse, Il est l’avenir de l’homme ; sa prophétie. Mais il est aussi son héritage. L’histoire sainte qu’il a ouverte en partageant notre condition humaine se prolonge jusqu’à nous, tout à l’inverse d’une pensée amnésique, disruptive, progressive, qui bannit l’antécédence et l’antériorité, et prétend bâtir un monde nouveau, fabriquer un homme nouveau, robotisé qui s’affranchirait du passé, de ses limites, et de la nature, du réel.

Nous cherchons à nous arrimer à un ancrage. Nous voulons nous relier à des permanences, à un patrimoine éprouvé, sûr. Nous osons retrouver et réassumer notre origine, qui soit pour nous un pivot ; et c’est ce que nous exprimons, et ce qui est honoré dans la liturgie, dont la sacralité et la beauté nous rapportent à Dieu. L’utopie progressiste développée depuis le XVIIIième siècle, induit la tentation d’un dépassement continuel de nos limites, le délitement d’un passé révolu, la subversion du réel, l’obsolescence programmée afin de valoriser l’inédit, la perpétuelle nouveauté. Comme chrétiens, nous sommes appelés à retrouver des lignes de continuité qui induisent un sens et permettent un engendrement à partir de ce que le Christ a réalisé en notre histoire. Les vraies nouveautés ne peuvent procéder que par un accouchement. Chaque mère de famille ici présente, pourrait en témoigner.

Rechercher cet enracinement ne signifie donc pas se figer dans le rétroviseur du passé pour y cultiver la nostalgie, la mélancolie du temps jadis, ou bien encore, répéter le même, reproduire l’identique ; mais en retrouvant nos racines, nous puisons la sève qui irrigue et féconde notre vie, et cette mémoire nous épargne de toute réapprendre, de tout vouloir réinventer. Elle nous permet de conduire l’histoire dont nous sommes les héritiers et les gardiens jusqu’à son achèvement dans le Christ. Nous bénéficions de tout ce que l’humanité a vécu, a appris, nous a légué pour le conduire à son terme, à ce Royaume de justice, de paix et d’amour que le Christ a inauguré et qu’Il a confié à Son Eglise.

La vogue de la mobilité absolue, du zapping, du clic informatique, du virtuel conduit à un perpétuel déracinement, à la mise hors-jeu de ceux qui par nature ou par statut, sont inaptes à se couler dans cette fluidité (et je pense en particulier aux personnes âgées). Nous devons nous déporter du projet culturel de la post-modernité qui mise sur le principe de l’accélération et de l’innovation perpétuelle dans l’espoir d’une vie plus réussie. Cette société liquide sacralise la mode et dévalue le modèle. Elle génère un individu nomade, itinérant, électron libre, aimanté par une perpétuelle fuite en avant technologique ou ésotérique et qui ne sait pas qui il est, ni où il va parce qu’il ne sait pas d’où il vient. Cette instabilité constitue une caricature de la liberté, une errance de soi au gré des caprices narcissiques et des prêts-à-penser médiatiques.

La force, la pertinence du christianisme, qui fréquente l’humanité depuis 2000 ans, est de nous rapporter au réel celui de la Création, à l’histoire, celle de l’Incarnation, à ces socles stables, à une origine commune qui nous explique, à une tradition vivante qui s’exprime dans la liturgie et qui nous porte et nous emporte vers l’avenir qu’est Dieu. Le christianisme est mémoriel et mémorial. St Paul lui-même rappellera aux Corinthiens « qu’il transmet l’Evangile tel qu’il l’a reçu » (1 Cor 15). Et chaque célébration du sacrifice eucharistique témoigne que le passé qui est rappelé enfante le futur qui y est annoncé.

Chers pèlerins, la meilleure manière de transformer le monde passe par l’enracinement de votre vie dans la foi de votre baptême. Le monde n’a pas besoin de ventres mous, de chrétiens lights, mais de chrétiens attestataires, confessants, qui assument pleinement leur identité baptismale et acceptent de sanctifier le monde en commençant par se sanctifier eux-mêmes. Des chrétiens non pas repliés sur eux-mêmes en vase clos, mais qui assument leur héritage, le déploient autour d’eux par leur rayonnement personnel, évangélique, et par le témoignage courageux de la Vérité, qui pour nous a le visage du Christ. Le Christ nous demandera compte de nos compromissions, de nos paroles creuses, de nos silences lâches.

Pèlerins d’espérance, prophètes enracinés dans l’Eglise, dans la vie et dans la foi de l’Eglise, vous devez être des chrétiens engagés. Rappelez-vous que l’Eglise existe pour ce qui n’est pas encore l’Eglise. Bénéficiaires du Salut, vous êtes des levains dans la pâte du monde ; appelés à rejoindre le monde non pas pour vous y dissoudre, mais pour l’imprégner d’Evangile. Témoins, d’abord par votre union personnelle au Christ. Seule une vie de prière, nourrie par la Parole de Dieu, sanctifiée par les sacrements, enrichie par le lien fraternel entre croyants et vécue en Eglise, peut soutenir durablement le témoignage que vous avez à rendre.

Que votre style de vie parle de Dieu ; que la cohérence de votre existence, que votre comportement atteste d’une unité de vie dont le Seigneur est le centre de gravité et son ressort. Les prêtres accompagnateurs sont là pour vous aider sur ce chemin. Votre témoignage doit reposer sur la charité, faite d’attentions, d’écoute vis-à-vis de tous et plus particulièrement des petits. Une charité qui n’est pas du sentimentalisme mais qui consonne avec la Vérité qui est pour nous le Christ et qui grâce à Lui devient vertu. Seul l’amour qui va jusqu’au don plénier de soi-même est capable de retourner le monde comme la charrue retourne la terre après le labour. Notre société, nos communautés, notre pays ont besoin de votre engagement pour proclamer la foi, pour la défense de la vie, de la famille, de notre Maison commune.

L’Eglise réclame votre créativité, votre générosité, votre esprit d’initiative, d’aventure, votre intelligence pour porter haut et fort le message du Salut. Rendez à Dieu tout ce qu’Il vous a donné : dans cette mission vous trouverez la vraie liberté, le plein accomplissement de ce que vous portez de meilleur, et la joie de connaître et de faire connaître un Dieu qui dans Sa miséricorde, sans cesse, nous fait grâce.

Amen.

 

+ Dominique Rey

Evêque de Fréjus-Toulon

24 mai 2021

 

Homélie de la Pentecôte - Abbé Garnier - Aumônier général de Notre-Dame de Chrétienté

Au feu, mes bien chers frères et sœurs ! Au feu du Saint Esprit!

Qui n'a pas allumé un feu, vu monter et descendre sa flamme vive, ignore un charme certain de cette terre. Le bienheureux Père Sevin a signé là-dessus une aimable Légende du feu que nous aimons chanter et danser à la veillée.

Ambivalent dans l'histoire et la vie des hommes, le feu est tantôt domestique tantôt atomique. Il forge , purifie et affermit, mais il détruit et pulvérise également.
Déjà pour nos anciens, le feu est subtil, quasi divin; il est un des 4 éléments, et certains sont tentés d'en faire l'origine du monde. A Rome, des vestales veillent à entretenir le feu sacré, sous peine de mort. 
Symboliquement il évoque le tempérament bilieux; mais aussi la sourde colère qui couve et monte devant l'injustice.

Or c'est bien de feu qu'il s'agit aujourd'hui. Un esprit véhément, un vent violent. Une nuée lumineuse. Un feu descendu, allumé sur la terre. Tels sont les noms et les images de l'Esprit Saint.

Mais c'est un feu tout divin que chante le Veni Creator . Il brûle sans commencement ni fin au foyer de la Trinité. «L'Eternel ton Dieu est un feu dévorant », dit l'Ecriture.
Dans l'Ancien Testament, le feu du ciel descend, pour consumer le sacrifice, faire reconnaître le vrai Dieu, et montrer le culte authentique qui lui est agréable . Plus rarement aussi, ce feu foudroie les persécuteurs . 
Dans le Nouveau Testament, St Jacques et St Jean proposent cette justice divine immédiate, ce châtiment instantané des opposants de Dieu. Peut-être avons-nous parfois ce genre d'impatience. Mais le Seigneur répond; Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes . A moi la vindicte, à moi de faire justice, à moi la rétribution ultime , et pour l'heure, l'appel à la conversion. 
Le feu éternel est réel. Cependant il est réservé non au pécheur en cette vie, mais au pécheur endurci dans l'autre: être salé par le feu , c'est à dire brûler toujours et ne se consumer jamais.

En attendant, le Christ appelle donc un tout autre feu du ciel sur la terre ! 
Ce feu brûle son cœur et s'en échappe déjà sur la Croix, par le côté ouvert.
Il se répand à la Pentecôte, se divise en flammes multiples, posées sur les disciples. Même après leur dispersion, ce feu éclairera leurs intelligences et réchauffera leurs cœurs aux 4 coins du monde.
Dans de multiples langues, ils proclameront les merveilles de Dieu. 
Ils garderont même cœur, même pensée et même langage dans la foi.
Le feu les protègera des périls d'apostasie ou de tiédeur. Le flambeau du Saint Esprit brille depuis dans l'Eglise par l'armée candide des martyrs; ceux de la foi, de la charité et de la pureté.

Nous avons attendu ce grand incendie de Pentecôte, nous aussi. La colonne de feu unique entre Paris et Chartres ne peut se tenir? L'incendie spirituel n'aura pas lieu? 
Qu'importe! 300 départs de même feu jaillissent ça et là, en ce moment. Au confinement du Cénacle succède la diaspora. Ainsi ce que la nécessité et la contrainte imposent, la Providence en dispose admirablement. Et nous gardons fidèlement même cœur, même pensée et même langage de foi. La dispersion géographique n'empêche pas l'unité de foi, d'esperance et de charité. 
La colonne n'est pas, nos 3 piliers demeurent; Chrétienté, Tradition, Mission. Cette année encore, quoi que différement, nous serons brûlés pour être brûlants.
Oui, le même feu de l'Esprit Saint veut prendre aux âmes, à commencer par la vôtre! Feu purifiant – par la confession. Feu élevant – par la prière. Feu réchauffant, par la communion eucharistique et la charité fraternelle qui en découle. Feu gagnant et communiquant, par l'apostolat. 

Au feu, mes bien chers frères et sœurs! Au feu du Saint Esprit!

Que serez vous pour la France et l'Eglise catholique? Extincteurs ou éclaireurs? Tièdes ou fervents? 
Mes frères, l'heure est au réchauffement, non pas climatique mais surnaturel. Dans vos chapitres, maintenant. Puis demain dans vos familles, vos écoles, vos entreprises, vos paroisses, vos groupes d'amis.
Ne dites pas «trop tard» ni même «plus tard». Dites comme Jehanne «plutôt maintenant qu'après, plutôt aujourd'hui que demain». 
Priez l'Esprit Saint avec Ste Thérèse Benedicte de la Croix; «Qui es-Tu douce Lumière qui me combles et illumines la ténèbre de mon cœur? (…) Toi, qui m'es plus proche que je ne le suis moi-même, qui m'es plus intérieur que mon propre cœur, et pourtant insaisissable, inconcevable, au-delà de tout nom, Saint-Esprit, éternel Amour!» 
Voyez l'image de St Augustin au cœur hier froid de vice et obscurci d'idéologie, aujourd'hui embrasé!
 

Envoi du samedi 22 mai - Abbé Garnier - Aumônier Général de Notre-Dame de Chrétienté

Comment saurions-nous le chemin?

Ami pèlerin, tu cherches et tu prends le chemin. On te l'indique clairement et facilement d'ordinaire. Cette année tu prendras seul ou en petits groupes la grand'route de Chartres ou d'autres sanctuaires. Avec humour tu apprends d'ailleurs que le nombre de 10 qui t'est imposé était cher au cœur des bâtisseurs de cathédrale! Parfois nous commandons aux évènements, parfois les évènements nous commandent. Toujours la Providence commande les évènements! Tu fais donc acte de foi et de force; force d'acceptation, d'adaptation, non d'inertie.


Cependant la question de l'Apôtre exprime aussi une désorientation, une inquiétude plus profonde. Et tu la partages légitimement.

D'abord il fait nuit. La confusion actuelle jette sur le mystère du Christ l'ombre et l'incertitude[1]. Désorientation, effacement radical des repères.

Laïcisme, hygiénisme, hédonisme, égoïsme, antispécisme et écologisme agressif, posthumanisme sont les veaux d'or postmodernes. Ces nouvelles idôles se disputent la place du Dieu dont on a proclamé la mort. Dieu, son Christ, son Eglise ne sont plus seulement rejetés par l'apostasie ; ils ne sont plus proposés et reçus.

 

C'est même l'ultime inscription de Dieu dans sa création qui est rejetée.

Rejet de l'être humain, son image et ressemblance. A l'image de Dieu Il les créa, homme et femme Il les créa.

Rejet des racines chrétiennes de la civilisation, la pensée du Christ et de l'Eglise irrigant la vie des hommes et des cités.

Rejet des fondations de la chrétienté, cette balise temporelle qui facilite aux hommes l'accès au Christ chemin, Voie de notre retour à Dieu.

Et tout cela avec une ardeur de catholique renversé. Une tendance d'anti missionaire et d'anticroisé qui se retourne contre la religion avec agressivité. 


Alors ce pèlerinage est ton cri.

Non un cri de lamentation et de soumission, un chant du cygne, mais un cri d'amour et de combat spirituel, un chant de résurrection. Tu rejoins l'académicien protestant de son attachement au christianisme par toutes ses fibres. A travers le message et l'exemple du Christ, la foi catholique a enrichi notre civilisation d'un apport exceptionnel[2].

Tu vas redécouvrir le mystère du Christ pour mieux l'aimer, en vivre, le transmettre. Il est l'Homme Dieu, l'Unique Médiateur principal entre Dieu et les hommes. «Il n'y a pas d'autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel nous soyions sauvés». La chrétienté n'est pas un rêve d'hier, une boussole obsolète. Elle demeure le GPS du ciel, même dans la nuit.


Je suis le chemin, la vérité et la vie.

La triple affirmation claire et paisible ne sera pas effacée.  Elle ne s'éteindra pas complètement dans l'Eglise.

Peux-tu te contenter de l'entendre?  Ce n'est pas rien, ce n'est pas assez. L'amour du Verbe Incarné... doit s'incarner. Il implique l'offfrande effective de soi-même à sa suite[3].

Entends donc que Jésus seul est la Voie, la Verité et la Vie. Fais-le entendre. Grave-le dans ton cœur et dans ta vie.  Fais-le entendre dans tes actes, ta conduite. Alors tu seras une de ces balises dans la tempête, par laquelle on retrouve le chemin du Christ, la voie du salut.

Pour cela, laisse d'abord le Christ purifier ton cœur par la bonne confession, et le visiter par la bonne communion. Comme St Paul au chemin de Damas et St Augustin au jardin de Milan, fais retour à Lui dans la prière et la pénitence qui préparent la joie du salut.


Que votre cœur ne se trouble pas!

Ami pèlerin, ces mots du Seigneur sont pour ses disciples, hier, aujourd'hui, demain. Ils traversent les siècles. Les saints les entendent, ils en vivent, ils les transmettent aux temps d'épreuve. Ils sont pour toi.

«Que rien ne te trouble, que rien ne t'épouvante.

Tout passe, Dieu ne change pas. Dieu seul suffit[4]».

Saint Paul, Saint Augustin, Ste Thérèse Bénédicte de la Croix,

priez pour nous !


[1]     Déclaration de la SCDF Dominus Jesus, 6 aout 2000, n° 4.
[2]     Jean Marie Rouart, Le Figaro, mardi 4 mai 2021, Le laïcisme n'est pas capable de répondre à l'Islam conquerant.
[3]     Catéchisme de l'Eglise Catholique n° 459.
[4]     Ste Thérèse d'Avila, notes de son bréviaire.

Homélie de la Messe d'envoi du pèlerinage de Pentecôte - Abbé Laurent

Bien chers pèlerins,

Nous allons cheminer, une fois de plus, sur cette route vers Chartres. Vous le savez, un Chartres étonnant cette année puisqu’au lieu d’avoir la joie d’être assemblés ici très nombreux, pour être encore plus nombreux à Chartres lundi, nous sommes répartis de part le monde, car Notre-Dame de Chrétienté réunit des pèlerins du monde entier. Réjouissons-nous d’être répartis partout en France et de par le monde, d’être envoyés comme les apôtres dans le monde.

Ce qui nous rassemble, c’est l’amour de Jésus-Christ dans son Eglise, et c’est avec Notre-Dame, Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame de partout où vous serez, que nous allons cheminer. Pèleriner c’est contempler et c’est agir, aussi est-ce à cette contemplation et à cette action que je vous invite un instant dans cette homélie.

Contempler et agir : la contemplation dans l’esprit de vérité, et l’action dans l’esprit du Christ

I - D’abord la contemplation.

A - Pour contempler il faut voir et connaître. 1°- Voir Tout d’abord. Demandez à Notre-Dame, qui est maîtresse de vie spirituelle, de vous donner quelque chose à voir, dans la méditation, dans cette marche, chapelet après chapelet, méditation après méditation, enseignement après enseignement, où notre prière s’approfondit Partout où vous serez, les pas que vous ferez s’alourdiront à foulée de la profondeur de Dieu. 2°- La méditation n’est pas un temps perdu ni un temps de repos, c’est profondément un temps d’ancrage en Dieu. Oui nous le savons, plus nous serons plongés dans cette prière, plus nous serons proches de l’œuvre de Dieu, qui est un échange perpétuel, un don qui se fait l’un à l’autre dans les personnes de la Trinité.

B - Et bien c’est à cela que nous sommes appelés ; si nous cheminons intérieurement, c’est avec Dieu que nous cheminons ; alors évidemment de votre méditation sortira le trop plein du cœur, et vos paroles, vos chants, exulteront pour chanter la gloire de Dieu. Il nous faut prier et goûter, goûter intérieurement « car ce n’est pas de savoir beaucoup de choses qui rassasie l’âme, c’est de sentir et goûter les choses intérieurement » nous dit St Ignace de Loyola. Oui, tout au long de vos routes, vous verrez l’œuvre de Dieu, vous entendrez le chant des anges, vous sentirez la bonne odeur du Christ, la pluie mouillée du bivouac, vous toucherez les limites de votre fatigue, vous goûterez la présence de Dieu qui se donne dans la délicate charité des frères ; oui, tout cela est prière mes bien chers frères, il s’agit de voir intérieurement avec les yeux du cœur, alors vous connaîtrez cet esprit de vérité dont parle St Jean, dont parle le Seigneur qui nous le départit. Il vous réjouira, c’est le signe que Dieu passe, la joie est le signe des chrétiens, cette joie que nul autre ne peut connaître. Comme le dit l’évangéliste, ce n’est pas la joie mondaine, ce n’est pas la joie crétine d’une jouissance matérielle, non, il y a une joie supérieure, c’est la joie d’être avec Dieu, c’est la joie d’être en Dieu. Voilà la joie des chrétiens, cette joie qui fait espérer contre toute espérance, espérer que, où que vous arriviez, vous sentiez les milliers de pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté vous épauler et vous guider, avec Notre-Dame, reine de votre intelligence à ce moment là, qui vous donnera la sagesse nécessaire de goûter Dieu présent au milieu de votre cœur.

Voilà pour cette contemplation, toute route est une contemplation car nous ne cheminons pas les yeux fermés, nous cheminons là où la porte s’ouvre pour pouvoir entrer en Dieu. Alors cette contemplation, bien sûr, se conjoint d’une action car l’abandon à la providence divine, l’abandon en Dieu n’est pas inaction, n’est pas passivité humaine mais passivité divine, c’est Dieu qui agit, laissez-vous agir par Dieu et vous allez devenir de véritables mystiques à la suite des saints.

II - C'est l’esprit nouveau qui va s’emparer de vous, c’est l’esprit qui nous est promis dans l’introït de cette messe que vous avez chanté, dit, prié déjà. Il nous faut donc partir pour arriver à bon port.

A - Oui il nous faut partir, il nous faut quitter, comme Abraham, le pays de nos pères, quitter nos petits conforts, quitter l’endroit où nous sommes, quitter pour aller quelque part, sac au dos, chaussures aux pieds, chapelet à la main, bâton s’il vous faut vous appuyer. Il nous faut partir et c’est une souffrance car c’est mourir un peu que de partir, comme le dit le poète, c’est laisser en tout temps en tout lieu quelque chose de se soi-même, mais nous voulons souffrir, non que nous aimions la souffrance, mais nous savons qu’il nous faut renoncer aux choses faciles car si le chemin n’est pas facile, c’est justement parce que c’est notre chemin ; c’est le difficile qui est notre chemin, c’est ça qui fait notre noblesse et notre grandeur.

Si vous avez des obstacles, si vous avez quoi que ce soit, des règles sanitaires, des empêchements divers, qu’importe ! Nous allons marcher quand même, nous allons marcher vraiment ! Renonçons alors à toute chose et nous serons prêts à nous abandonner. Comme l’indique le rituel du Départ Routier, « un routier qui ne sait pas mourir n’est bon à rien », nous ne voulons pas mourir certes, nous voulons vivre car nous nous souvenons qu’il est « parfois encore plus difficile de vivre que de mourir ». Alors dans ce renoncement auquel je vous invite, entrez dans le choix de Dieu et marchez avec Lui, découvrez près de vous cette reine des pauvres, Notre-Dame de la route, qui va cheminer en avant de vous. Notre-Dame de Chartres, la tête de la colonne, et chacune de vos colonnes sera forcément précédée de la Vierge Marie qui nous précède en paradis et qui nous précède sur la route.

B - Alors nous arriverons à bon port, nous arriverons à l’Eglise car nous sommes membres du corps mystique du Christ répandu à travers tous le monde dans tous les temps jusqu’à la fin de ceux-ci. La rénovation de toute chose est en cours, cette rénovation de la foi, cette rénovation de l’Eglise qui commence par moi. Dans l’Église nous savons bien que ce qui est rénové c’est forcément ce qui est ancien, c’est pourquoi la tradition porte toujours ce qui est donné par ce qui précède. Ce qui est donné est vraiment ce qui peut être nouveau selon l’Esprit de Dieu, non pas une invention nouvelle, non pas une pratique incongrue inventée récemment, non mais bien ce qui est transmis, donné et reçu. A chaque pas que vous ferez, vous porterez la tradition avec vous, vous porterez ce qui vous a été donné. Si l’on m’avait dit qu’un jour je prêcherai à ce pèlerinage…à mon premier pèlerinage, je crois que l’on était 800, nous n’étions pas nombreux alors mais nous sommes maintenant plus de 14 000, et comment ne pas compter ceux de notre autre pèlerinage, nos frères ? Combien sont-ils ? Je ne sais pas, ils doivent être au moins 6 000, 8 000 ; bref, à l’unisson nous sommes devenus 22 000 et cela ne fait que commencer ! La fin des temps est en cours et la fin des temps c’est Dieu, alors le rassemblement de l’Eglise est en marche, oui, toutes les nations seront rassemblées , toutes les nations, dit l’Offertoire de cette messe, c’est Dieu qui rassemble en portant la foi de nos pères, en venant la célébrer comme elle nous a été transmise, la foi de tous les saints qui nous ont précédés, voilà ce que nous voulons faire humblement, entrer avec la reine du ciel dans ce pèlerinage où la terre préparait depuis le début du monde, depuis la première promesse de la Genèse, qui est apportée par le Christ à la suite de qui l’on marche et qui sera réalisée dans la Jérusalem céleste.

Voilà un pèlerinage intérieur, un pèlerinage qui vous donnera d’être rénové ; à chaque pèlerinage. Vous ne pouvez en manquer un sinon vous risqueriez de prendre un coup de vieux alors que nous devons sans cesse être plus jeune ; il n’y a pas de vieux dans l’Eglise et surtout pas à Notre-Dame de Chrétienté, c’est impossible ; qui a marché un jour à côté du Docteur Dor sait bien qu’il n’y a pas de vieux ; bien sûr, un jeune qu’on doit soutenir, qu’on doit porter, qu’on doit…quelle jeunesse ! Demandez cette jeunesse éternelle, celle qui n’est pas factice, celle qui ne viendra d’aucun secours médical, d’aucune pulsion de vie, mais qui vient de Dieu lui-même donné dans l’Eucharistie.

Voilà pourquoi nous avançons une fois de plus avec foi, c’est Notre-Dame qui nous guide, c’est Notre-Dame qui nous accompagne, c’est Notre-Dame qui nous donne d’être nourri par son Fils, c’est pourquoi elle nous tient dans ses bras.

Que Notre-Dame de Chartres accompagne tous les chapitres, que Notre-Dame de Chartres nous rassemble spirituellement dans la Jérusalem céleste que nous formons déjà comme des arrhes de la vie éternelle reçus ici-bas. C’est Bien aujourd’hui le jour de notre Salut.

Ainsi soit-il

 

Lundi 24 mai 2021

« Le grand témoignage que le christianisme peut apporter au monde, c’est celui de l’espérance » : entretien de Mgr Rey sur Bd Voltaire

« Dieu ne nous abandonne pas ! » rappelle l’évêque de Fréjus-Toulon en ces temps incertains. Il invite les chrétiens à témoigner de leur  face à l’islam.

 

Monseigneur, vous célébrez la messe de clôture du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté lundi. Quel message adresserez-vous aux pèlerins qui auront marché ce week-end de Pentecôte ?

En considérant cette magnifique flèche de la cathédrale de Chartres qui se dégage à l’horizon et qui entraîne le pèlerin marchant sur les routes poudreuses, cette flèche qui lui désigne le Ciel, je dirai que le grand témoignage que le christianisme peut apporter au monde, c’est celui de l’espérance. Dieu ne nous abandonne pas. Comme le disait Gustave Thibon, « pour n’espérer qu’en Dieu seul, il faut avoir désespéré de tout ce qui n’est pas Dieu ».

 

Notre société traverse de nombreuses crises entraînant des inquiétudes pour l’avenir. Comment garder la confiance dans un monde où la violence, l’, le chômage, la  du virus, les privations de  viennent troubler notre paix ?

« L’espérance est un désespoir surmonté », écrivait Bernanos. Ces moments anxiogènes de culture hygiénique sont l’occasion de prendre de la hauteur, de rapporter tout cela à Dieu pour essayer de trouver un sens dans ce qui n’en a pas beaucoup aux yeux de nos contemporains. Comment cette crise, avec cette question de la mort et de la fragilité qui nous éclatent en pleine figure, nous amène à du réalisme et de l’humilité. C’est toute la question de l’espérance chrétienne qui est en jeu. Nous avançons vers Dieu quand nous sommes mis à terre. Cette crise que nous traversons est une opportunité de revenir à des essentiels. Le christianisme est né de la mort, il est sorti d’un tombeau. Le christianisme a changé le tombeau en berceau. Dans un monde qui manque d’horizon, le christianisme, en nous ramenant à l’essentiel, nous offre une perspective.

 

La France, fille aînée de l’Église, est en proie à un double phénomène de déchristianisation et de montée de la L’islam, une menace ou un défi ?

C’est d’abord un défi et cela peut devenir une menace. Un défi parce que géographiquement, sociologiquement, démographiquement, une réalité s’impose à nous incontestablement. Comment se frayer un chemin entre un relativisme et un fondamentalisme qui soumet Dieu à une image de violence ? C’est sur cette ligne de crête que se situe le témoignage chrétien, qui est pour nous un défi et une crainte si on ne prend pas l’exacte mesure de notre identité chrétienne et de notre mission de pouvoir témoigner à travers l’annonce et le dialogue.

 

Certaines voix politiques s’élèvent pour reléguer le religieux dans la sphère privée pour lutter contre le séparatisme. Que pensez-vous de cette conception de la laïcité ?

C’est une très mauvaise réponse car le religieux a une dimension publique. Être chrétien, ce n’est pas simplement dire sa prière ou faire son examen de conscience en privé. On veut soumettre le christianisme à l’individualisme ambiant. Le christianisme fait partie de la conscience personnelle, de l’intime de l’âme, mais il implique une relation à l’autre et il s’exprime, c’est sa vocation. Ce serait renier le christianisme que de le reléguer à la conscience individuelle. Ce serait l’amputer de son expressivité et, donc, de cette dimension de mission. Dans notre patrimoine, le grand nombre d’églises est une manifestation de cette foi dans la pierre. Il ne faut pas oublier que l’ADN du christianisme, c’est d’aller dans toutes les nations faire des disciples.

Propos recueillis par Iris Bridier

jeudi 20 mai 2021

Bon pèlerinage aux anges gardiens dont la communion de prière est si précieuse

Chers « anges gardiens » du pèlerinage,

Notre pèlerinage de Pentecôte connaîtra cette année un éparpillement géographique : les marcheurs eux-mêmes ne formeront pas une seule colonne entre Paris et Chartres, mais, à travers toute la France et même à l’étranger, des « pèlerins de Notre-Dame » chemineront unis dans la Communion des saints par la prière. Et vous aussi, chers « anges gardiens » du pèlerinage, vous participerez comme chaque année à ce grand élan de prière, de pénitence et de formation, là où vous vous trouverez, seuls ou en groupe.

Le thème de ces trois jours sera justement l’occasion de former notre unité et de nous « centrer » sur le Christ ; de fonder sur lui seul nos vies. « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6) : la plénitude de la vérité divine est révélée en Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme. Il faut nous en souvenir alors que nous sommes immergés dans un relativisme ambiant qui semble affirmer que « toutes les religions se valent », qu’en matière de foi « il y a plusieurs vérités » ou encore que Jésus est « un sauveur parmi d’autres » et qu’il est certainement possible d’être sauvé « par un autre » que lui. À ces erreurs, sachons opposer ces paroles de Jésus : « Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Mt 11,27) ou encore : « Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils Unique-Engendré, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jn 1,18).

Car il est faux de penser que la Révélation de Jésus-Christ, c’est-à-dire ce que Notre-Seigneur a enseigné et que l’Église transmet fidèlement, aurait un caractère limité ou imparfait, ou que cette révélation pourrait être complétée, notamment par de nouvelles « révélations » ou par d’autres « religions ». Bien au contraire, la Révélation sur Dieu et sur le salut de l’homme resplendit dans le Christ, vrai Dieu et vrai homme, qui est la plénitude de toute la Révélation.

Mais il nous faut aller plus loin. Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est pas seulement venu apporter à tous les hommes la plénitude de la Révélation, il est également venu sauver tous les hommes. Jésus-Christ, Fils de Dieu, est l’unique Sauveur de tout le genre humain. Par son Incarnation, sa mort et sa Résurrection il a accompli l’histoire du Salut, dont il est la plénitude et le centre, et il nous a donné accès à la Vie éternelle.

Le Nouveau Testament en témoigne clairement : saint Jean nous dit que « le Père a envoyé son Fils comme sauveur du monde » (1 Jn 4,14) et saint Jean-Baptiste désigne Jésus par ces mots : « Voici l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). Dans son discours devant le sanhédrin, pour justifier une guérison réalisée au nom de Jésus (cf. Ac 3,1-8), saint Pierre proclame : « Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4,12). Le même apôtre ajoute en outre que Jésus-Christ est « le Seigneur de tous » ; il est « le juge établi par Dieu pour les vivants et les morts ». Et ainsi « quiconque croit en lui recevra, par son nom, la rémission de ses péchés » (Ac 10,36.42.43).

« Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » : la volonté de Dieu de sauver tous les hommes est manifestée et accomplie, une fois pour toutes, en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Que ces trois jours nous aident, sous l’action du Saint-Esprit, à ouvrir notre intelligence à cette vérité de foi et à ouvrir notre âme pour que nous vivions de la Vie même du Christ.

Bon pèlerinage à tous !

Abbé Arnaud Evrat FSSP
aumônier des «
 anges gardiens »

 

 

Se consacrer à la Très Sainte Vierge Marie pendant la Pentecôte

Chers amis pèlerins, 

En raison des circonstances actuelles particulières, la cérémonie de consécration (ou de renouvellement de consécration) à la Sainte Vierge et à son Coeur Immaculé n’aura pas lieu au camp de Gas le dimanche soir comme habituellement. 

Nous invitons toutefois tous les pèlerins marcheurs à faire cet acte de consécration ou à le renouveler pendant ce pèlerinage de Pentecôte. Les chefs de chapitre seront bien inspirés de faire cet acte avec l’ensemble de leurs pèlerins au moment qui leur semblera le plus opportun et selon les possibilités. 

Les pèlerins « anges gardiens » sont bien entendu aussi invités à faire ou refaire cet acte de consécration ; même si un pèlerin est isolé physiquement ou géographiquement, il sait bien qu’il est en communion avec l’ensemble des autres pèlerins. Nous prions les uns pour les autres et les uns avec les autres. 

Pour la préparation des 33 jours à la consécration, selon saint Louis-Marie Grignon de Montfort, nous espérons vivement pouvoir la reprendre l’année prochaine. 

La présentation et l’acte de consécration (de saint Maximilien Kolbe) se trouvent pages 125 et 126 dans le carnet du pèlerin de cette année. 

Veuille la Sainte Vierge veiller sur ses pèlerins et en particulier sur ceux qui se sont consacrés à elle. 

Ad Jesum per Mariam, 

Le responsable de la consécration à la Sainte Vierge