Dimanche 25 novembre 2018

Une nouveauté à se procurer !

POSTFACE

 

Quia vir desideriorum es...

Daniel IX, 23.

 

Je voudrais saluer la valeur du présent ouvrage, abrégé pratique découlant d'une bonne fréquentation des Pères. Fréquentation assidue, goutée, méditée, priée.

 

La quête amoureuse de Dieu chez ces grandes âmes ressemble à l'effort patient des hommes du désert. Parce que l'eau est vitale au désert, une part prioritaire de leur temps et de leur énergie a été consacrée à chercher l'eau. Puis à creuser, à déblayer, a nettoyer le puit où l'eau vient jaillir. Enfin à puiser pour eux-mêmes d'abord, laissant ensuite accès à un trop plein où d'autres peuvent boire. Nous cherchons ce qu'ils cherchent. Ils nous apprennent à être, mais surtout à rester, avant tout, des chercheurs de Dieu. C'est possible, c'est beau... C'est loin d'être évident.

 

Riga quod est aridum... Le Saint Esprit irrigue volontiers de son eau vive les âmes assoiffées. Mais nous devons à cette meilleure tradition spirituelle de nous conduire à la source, de nous y ramener, et de nous en offrir l'eau fraîche et précieuse, comme au creux des mains.

La relation, la fréquentation de Dieu et de l'âme passe nécessairement et toujours par la médiation du Christ, comme le rappelle le Père Marie Eugène à la suite des grands saints du Carmel. Pour le chrétien, prêtre, religieux, religieuse ou laïc, tout se résume en quelques mots:

« Cherchez d'abord le Royaume des cieux... »

« Marie a choisi la meilleure part »

« Pour moi, vivre, c'est le Christ »

« Je vis mais ce n'est plus seulement moi qui vis, c'est Jésus Christ qui vit en moi ».

« Vous tous qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Christ »

 

Le développement, l'épanouissement surnaturel de l'âme en Dieu, ne serait-ce pas la priorité évangélique? Ne serait-ce pas aussi cette part meilleure et possible ? Ne serait-ce pas la suite profonde et cohérente du baptême ?

C'est parce que le cœur est « exposé » au Seigneur que le témoignage de la foi, le prolongement de l'acte intérieur dans les œuvres extérieures devient possible. Il faut cette longue fréquentation, cette présence assidue, cet échange mystérieux. « Demeurez en moi, et moi en vous » ; n'est-ce pas la loi de tout amour, a fortiori de l'amour de Dieu ?

La métaphysique enseigne ce que le bon sens confirme ; « A mesure qu'on est proche d'une cause, on en reçoit l'efficacité ». Cela vaut en premier lieu pour Dieu infiniment saint, et cause de toute sainteté.

 

Pour redevenir, comme le prophète Daniel, des hommes de désir spirituel en plein XXI° siècle, il nous faut donc découvrir notre pauvreté intérieure. Et non seulement la découvrir mais l'aimer, l'assumer dans l'oraison, la poser devant Dieu. Et pour cela comprendre qu'elle attire Dieu. « Ma fille, montre-moi ton vide, lui seul attire ma plénitude », disait le Christ à Sainte Faustine.

 

L'école d'oraison à la suite des pères du désert est une bonne inspiration suivie.

Elle a aidé et aidera encore bien des âmes à se poser en présence de Dieu, à vivre le quaerite primum de l'Evangile.

Que ceux qui ont permis cette aventure spirituelle trouvent ici l'expression de ma gratitude.

Abbé Alexis Garnier, Fraternité Saint Pierre

vendredi 23 novembre 2018

Quatrième partie de l'Université d'Automne 2018 - Conférence de Bruno de St Chamas, Président d'Ichtus

La culture 

« La culture de l’Europe est née de la rencontre entre Jérusalem, Athènes et Rome – de la rencontre entre la foi au Dieu d’Israël, la raison philosophique des Grecs et la pensée juridique de Rome. Cette triple rencontre forme l’identité profonde de l’Europe. Dans la conscience de la responsabilité de l’homme devant Dieu et dans la reconnaissance de la dignité inviolable de l’homme, de tout homme, cette rencontre a fixé des critères du droit, et les défendre est notre tâche en ce moment historique ».

Benoît XVI – Discours au Bunderstag – 22 septembre 2011

Autrefois la piété était un devoir, aimer son pays était un devoir. Comme les devoirs ont été rayés, on peut aujourd’hui parler de droit d’aimer la France. Nous n’avons pas à se justifier du fait que l’on aime son pays. Nous sommes nés quelque part et la vertu de piété c’est la gratitude de tout ce que nous avons reçu. C’est le 4ième commandement de Dieu. Il faut que les marcheurs de Chartres soient décomplexés et s’affichent catholiques, français, heureux de vivre en France, même si ce n’est pas tous les jours facile. Cela reste notre désir et ce désir n’est pas coupable.

De cet amour de la patrie, le Cardinal Vingt-Trois, Archevêque de Paris et Président de la Conférence des évêques de France le jeudi 23 décembre 2010 sur Europe 1, tire d’ailleurs certains devoirs :

 « Le danger d’islamisation, c’est si, nous, nous ne savons pas ce que nous voulons. C’est pas le problème de savoir si les musulmans veulent être musulmans, ça c’est clair qu’ils veulent être musulmans. Le problème, c’est de savoir si nous, on veut être quelque chose.

Il est évidemment plus difficile de se remettre en cause que de remettre en cause les autres. Nous qui refusons l’invasion migratoire, sommes-nous mariés et si oui, combien d’enfants avons-nous ? Nous qui disons « non » à l’islamisation de notre société, allons-nous à la messe chaque dimanche ? Élevons-nous nos enfants dans la Foi ? »                

Politiquement, si je ne sais pas faire aimer la France à des gens qui ont une religion différente car je n’ai pas les moyens de les accueillir, c’est une injustice : je détruis le bien commun qui est une justice. Nous devons donc agir, nous qui sommes en marche, en répondant à nos premiers devoirs : aller à la messe, nous marier, avoir des enfants, élever nos enfants dans le foi… sous peine de devenir  complices des agresseurs, ce qui est une culpabilité très grave. Avoir le sentiment d’être libéré de ces questions par son simple vote n’est pas juste, nous avons une action à faire…

Parfois, je me demande qui sont ceux qui dans le monde actuel se préoccupent vraiment de générer des processus qui construisent un peuple, plus que d’obtenir des résultats immédiats qui produisent une rente politique facile, rapide et éphémère, mais qui ne construisent pas la plénitude humaine. EG (224) Pape François

Chacun de nous doit se demander quel processus il peut initier. Ce travail métapolitique est fondamental pour l’avenir car cela répond à la véritable attente de TOUT homme.

Benoît XVI : « Même si nous n’avons pas la force de croire, nous devons vivre sur cette hypothèse, autrement le monde ne fonctionne pas ».

Vue l’actuelle crise des cultures qui prétendent avancer « etsi Deus non daretur», comme si Dieu n’existait pas, il faut plutôt avoir le courage de retourner l’axiome des Lumières et dire : celui qui ne réussit pas à trouver le chemin de l’acceptation de Dieu devrait aussi chercher à vivre et diriger sa vie « veluti si Deus daretur », comme si Dieu existait.

Cela fait 400 ans que nous sommes sur la mauvaise hypothèse, comme si Dieu n’existait pas. Et si l’on faisait selon la volonté de Dieu, comme s’il existait ? Ce serait la vraie amitié, celle du Christ-Roi. Nous avons un grand travail de « penser la politique » pour montrer aux autres que c’est le mode d’emploi du bonheur. Si Dieu nous aime, il veut notre bien. Si je veux le bien de quelqu’un, je l’aime. .

Etre passeur d’hommes pour le règne du Christ requiert d’avoir un cœur droit  (sagesse, discernement, prudence, foi), une mémoire des dons reçus (gratitude, piété, espérance) et la volonté de faire la volonté de Dieu (tempérance, courage, justice, charité).

Et pour ce qui est de l’action surnaturelle, nous avons besoin de la foi pour fortifier notre cœur, de l’espérance pour notre mémoire et notre imagination, et de la charité pour fortifier la volonté. Tout cela pour obtenir la liberté des enfants de Dieu qui est la promesse de la civilisation de l’amour, dans laquelle vérité, beauté et bonté s’embrassent.

Troisième partie de l'Université d'Automne 2018 - Conférence de Bruno de St Chamas, Président d'Ichtus

La politique

Quelle est la source du droit ? Benoît XVI nous dit dans son discours au Bunderstag le 22 septembre 2013 : « « Contrairement aux autres grandes religions, le christianisme n’a jamais imposé à l’État et à la société un droit révélé, ni un règlement juridique découlant d’une révélation. Il a au contraire renvoyé à la nature et à la raison comme vraies sources du droit ».

Il n’y a pas de charia catholique : le règne du Christ-Roi n’est pas un enseignement de l’Eglise qui nous a inventé ce qu’il fallait faire. Pour fonder le droit, l’Eglise en a toujours appelé à la nature et à la raison. On comprend mieux pourquoi les gens que l’on a en face de nous tiennent à ce point à ce que ce soit nos émotions et notre affectivité qui nous gouvernent.

 Jean-Jacques Rousseau disait « ce que je sens être bien est bien, ce que je sens être mal est mal ». Il a ainsi fait croire que la grandeur de l’homme était d’agir comme un animal soumis à ses émotions. Or nous devons agir en politique en fonction de la nature et de la raison. Aujourd’hui certains sont contre la nature et contre la raison, pour le primat de l’émotion et de l’affectivité.

Autre fondamental pour le fondement de la vie en société : lorsque nous sommes en société, il ya deux rois, deux personnes dont la dignité est à l’image de celle de Dieu, qui discutent ensemble, qui ont besoin l’un de l’autre…. comment va être possible la coopération, la relation entre deux rois, entre deux hommes qui se gouvernent ? Aristote, Saint Thomas, Jean-Paul II ont repris le même enseignement en disant que la qualité de la relation entre deux personnes dépend des biens qui relient les deux personnes. Il existe deux types de biens pour lesquels la recherche de l’intérêt prime : le bien agréable, bonum delectabile et le bien utile ;  le moteur de ces biens est en général l’eros, amour de possession. La grandeur de l’homme fait qu’il est aussi capable de fonder une relation sur des biens honnêtes, des biens justes. Ces biens honnêtes et justes ont souvent été éliminés de la politique qui se réduit à l’optimisation de l’utile et de l’agréable pour le plus grand nombre d’électeurs et de consommateurs : c’est l’utilitarisme.

Un homme qui n’a pas que des passions de possession, qui est capable de grandeur, de vouloir le bien des autres… est capable d’amitié, fondement de la vie politique. L’Histoire de l’humanité n’est pas celle de la lutte des classes. Comme le dit Jean-Paul II, toute l’histoire de l’humanité est l’histoire du besoin d’aimer et d’être aimé. Les pèlerins de Chartres ne sont pas mus par l’intérêt, l’utile, l’agréable, ils cherchent un bien plus grand qu’ils vont partager, qui va se multiplier contrairement à l’utile et l’agréable, qui, une fois partagés, fait qu’on en a moins. Dans notre monde matérialiste qui a réduit la politique à l’enjeu de l’utile et de l’agréable, le fondement de la vision politique est la lutte ; l’homme est un loup pour l’homme, l’important est d’être le plus fort. La vision chrétienne de la politique est celle de la justice, du bien commun qui va passer, pour l’accomplissement de la personne humaine, par le don de soi. L’homme est capable de se donner, c’est la réalité anthropologique fondamentale ; l’Evangile nous rappelle qu’il fait s’aimer et aimer les autres comme Dieu nous aime. Or Dieu ne nous aime pas seulement pour l’utile et l’agréable, il nous donne le seul bien qui puisse répondre à notre vocation.

L’autorité, être un chef, gouverner, être passeur, leader d’hommes : la marque chrétienne est celle du service (lorsque Jésus lave les pieds, il dit « ne m’appelez plus maître, mais ami »). Ce qui fonde notre relation au Christ, c’est une amitié :  le bonheur de l’homme est l’intimité avec le Christ, le moteur de toutes nos actions est la recherche de cette intimité avec le Christ. Le chef se met à genoux pour laver les pieds des gens de son équipe pour que ça marche : voilà la grandeur de l’autorité et du chef dans une vision chrétienne. Le mauvais chef, c’est Pilate ; il sait le bien et le mal avec son intelligence, il a une conscience qui luit dit ce qui est juste, il agit en fonction de la foule, instrumentalise le Christ, en fait un argument politique, il se lave les mains du sort de l’homme. Le bon chef lave les pieds, le mauvais chef s’en lave les mains.

Lorsque Saint Louis va donner à manger aux pauvres et visiter les lépreux, Joinville raconte qu’il avait décidé de vouvoyer ses sujets : le vouvoiement en France nous vient de Saint Louis, pour bien marquer qu’ils n’étaient pas des objets, des instruments de son pouvoir, mais des sujets, des personnes, à l’image de Dieu « en eux, Jésus a fait sa demeure ».

Jean-Paul II a réussi à retourner par son enseignement une situation politique que l’on croyait irréversible : c’est la libération de la Pologne via des pèlerinages qui a permis la diffusion de l’enseignement de Jean-Paul II. La mobilisation commence là, comme à Chartres.

Deuxième partie de l'Université d'Automne 2018 - Conférence de Bruno de St Chamas, Président d'Ichtus

L’anthropologie : qu’est ce qui fait l’homme ?

C’est la grande question que nos adversaires ont mis au centre de leur combat : la désintégration de la nature et de la personne humaine. Si nous ne savons pas répondre à nos contemporains, tout est fichu. Qu’est ce qui fait qu’un acte est humain ? Quand nous marchons vers Chartres, nous faisons l’expérience que le Christ prend tout, notre corps, notre intelligence, notre volonté.

Nous agissons de nos sens vers l’action (réflexe), puis les sens agissent vers la mémoire et l’imagination, de là les passions vers l’acte ; c’est ce que l’on appelle une action par instinct :  c’est le mode animal. Nous agissons souvent par réflexe ou par instinct : les campagnes marketing d’Apple qui réalise 10% des ventes dans les 48 premières heures  sont un bon exemple de l’instinct, de l’acte sans réflexion, sans besoin, du réflexe d’achat, de l’instinct d’appartenance.

Or l’homme est capable d’actes qui ne sont pas que des réflexes ou que des instincts ; il est capable d’actes humains, c'est-à-dire d’actes qui mobilisent en plus son intelligence, sa volonté et sa liberté qui elles-mêmes vont agir sur les passions. C’est en cela qu’il est à l’image de Dieu. L’Intelligence permet de mobiliser son attention sur le pourquoi de sa vie, de ses actions, de ses engagements, de son métier, de son amour dans sa famille, de ses responsabilités dans la politique.

Chaque personne se gouverne elle-même. Les Pères de l’Eglise disent que « la personne est un roi », nous sommes des rois et le modèle des rois, c’est le Christ, le Christ-Roi avec l’incarnation de l’homme l’Ecce homo, central dans l’enseignement de l’Eglise et dans l’expérience humaine que nous pouvons faire depuis 2000 ans. Le seul modèle de l’homme accompli c’est le Christ. Nous le savons par la foi, nous pouvons le vérifier avec notre intelligence, nous pouvons l’aimer avec notre volonté. C’est là qu’est la force de l’engagement pour l’action ; quand on s’adresse à quelqu’un, on s’adresse à son intelligence pour qu’il mobilise sa volonté, sa liberté et ses passions pour agir. Si l’on veut manipuler, agir par autoritarisme, instrumentaliser, faire faire quelque chose que l’autre n’a pas envie de faire, on cherche à agir de l’autre côté, directement sur les passions. C’est la dignité de la personne humaine qui fait que je me gouverne, que je suis un roi.

Il faut donc qu’il règne sur nos intelligences : nous devons croire, avec une complète soumission, d’une adhésion ferme et constante les vérités, révélées et les enseignements du Christ.

Il faut qu’il règne sur nos volontés : nous devons observer les lois et les commandements de Dieu.

Il faut qu’il règne sur nos cœurs : nous devons sacrifier nos affections naturelles et aimer Dieu par-dessus toutes choses et nous attacher à Lui seul.

Il faut qu’il règne sur nos corps et sur nos membres : nous devons les faire servir d’instruments ou, pour emprunter le langage de l’Apôtre saint Paul, d’armes de justice offertes à Dieu pour entretenir la sainteté intérieure de nos âmes.”

De cette doctrine de la royauté sociale de Jésus-Christ, découle tout notre comportement social. Son règne ne se limite pas seulement à notre âme, il inspire l’ensemble de notre vie.  Encyclique Quas primas, Pie XI – 1925

Première partie de l'Université d'Automne 2018 - Conférence de Bruno de St Chamas, Président d'Ichtus

Ca va être très dur mais comme vous êtes des pèlerins de Chartres, je sais que vous allez y arriver !

Jean Ousset écrivait en 1948 à l’un de ses amis  ( Former, chercher la vérité dans la douceur de l’amitié )

« De plus en plus nous voyons des gens qui sont apparemment des gens fort pieux, qui pour toutes les démarches de la vie privée sont apparemment bons catholiques, très pratiquants, très zélés pour les œuvres, mais qui pour toute l’autre partie de l’existence, sont libéraux, socialistes, marxistes etc…Dès qu’ils ouvrent la bouche dans quelque conversation, les hérésies défilent en rangs serrés, hiatus entre les convictions religieuses et la vie réelle, pratique, extérieure, politique et sociale de ces gens-là. Pendant un certain temps, une telle attitude fut le fait de quelques inconscients. On peut constater un peu partout, voire dans la presse, que c’est une attitude qui se généralise affreusement. C’est pour lutter contre cela que très exactement, nous nous sommes mis au travail pour faire comprendre aux gens l’unité rigoureuse du catholicisme depuis ses dogmes spécifiquement religieux, jusqu’à ses conséquences multiples dans toute la vie privée ou publique ».

Voilà quelle était l’intention de Jean Ousset, l’intention de ce qui a présidé à la fondation de ce qu’est aujourd’hui Ichtus après avoir été la Cité Catholique et l’Office International.

A la différence d’autres, nous sommes en marche vers un but, nous savons où nous allons et quand nous démarrons. Quand c’est dur, nous savons que nous aurons la joie d’arriver, d’être accueilli, d’être aimé, nous aurons ce frisson en arrivant à Chartres. Nous savons que les gens que nous avons embarqués, qui sont venus peut-être au départ par amitié, vont être touchés. Leur cœur va être touché. Il y a-t-il un moyen aussi de toucher leur intelligence et leur action ?

Se former pour agir… Pour qu’Il règne ! C’est le titre d’un ouvrage de Jean Ousset, qui devrait être au cœur de notre préparation du pèlerinage car c’est un déroulé de l’histoire de la bête, la bête de l’Apocalypse, mais aussi du triomphe du Christ. Quels sont les enjeux d’aujourd’hui ? L’anthropologie, la vision de l’homme, la politique et la culture.

Lundi 19 novembre 2018

Etre, prier et agir pour le Règne du Christ

Homélie de l'abbé Alexis Garnier, aumônier du pèlerinage, à l'occasion de l'Université d'Automne de Notre-Dame de Chrétienté le 17  novembre à Paris:

Bien chers amis,

Quoi que vous demandiez dans la prière,

croyez que vous le recevrez, et cela vous sera donné[1].

 

Or que demande, fondamentalement, un chrétien ?

L'avènement du Règne de Dieu.

L'accomplissement de sa volonté... « Sur la terre comme au ciel ». Pourquoi donc ? Et bien, comme le rappelait un des anciens du pélé, la réponse est au commencement... Où Dieu créa le ciel et la terre, c'est à dire les réalités visibles, et invisibles... les spirituelles, et les temporelles... Il est donc normal que tout cela soit comme contenu dans son règne[2]. Il est donc normal que sa volonté s'accomplisse en tout cela.

C'est l'inusable demande de l'inusable Pater ;

Notre Père qui êtes aux cieux,

que votre règne arrive,

que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

 

Mais qu'est-ce que ce Royaume de Dieu, ce règne de Dieu?

         Bien sûr, le règne de Dieu désigne d'abord et avant tout le Christ, dans l'Evangile. Ainsi, l'Incarnation est le premier acte d'avènement de ce règne, le retour en gloire et le jugement général en sont l'accomplissement.

         Il désigne encore l'Eglise, royaume de Dieu inauguré sur la terre.

         Il désigne encore l'âme où le Christ vient étendre son règne par la grâce du baptême et son développement.

         Mais il a encore une sphère importante; la royauté sociale de Notre Seigneur.

 

Il y a un entre deux de ce règne du Christ, entre Incarnation et Parousie, où nous sommes. Quel est son sens profond ?

 

«Nous avons tous la vocation d'être sauvés[3].

Tout le monde chrétien a la vocation de faire son salut.

Et le reste du monde a la vocation de devenir chrétien[4]».

 

Est-ce que nous faisons nôtre cette conviction de la petite Jeannette de Péguy, celle du mystère de la Charité ?

A l'entendre, c'est très fort... Trop.

A mesurer le décalage évident entre cet idéal et le réel, on peut penser qu'il s'agit d'une utopie. « De combien il s'en faut ! » Nous ferions aisément nôtres ces premières paroles, provocantes, de la même Jeannette de Péguy ;

« O mon Dieu si on voyait seulement le commencement de votre règne

[…] de combien il s'en faut que votre règne arrive. 
[…] de combien il s'en faut que votre règne arrive au royaume de la terre. 
[…] de combien il s'en faut que votre volonté soit faite ».

 

Car oui, notre monde a cessé, en majorité, d'être chrétien.

         Il a cessé d'être chrétien dans ses institutions et ses lois, dans son marché, dans sa sphère professionnelle.

         Il a encore cessé d'être chrétien en de nombreuses âmes.

         La distinction du spirituel et du temporel, leur subordination harmonieuse, la juste autonomie des réalités temporelles, le travail pour les pénétrer d'esprit chrétien, le maintien d'une conformité à la loi naturelle, le respect de la vie, d mariage, de la famille ... Tout ce qui a soutenu l'Occident chrétien semble voler en éclat dans une formidable « tenaille à 2 mâchoires » ; celle du laïcisme de combat agressif, avec pour tranchant utime les idéologies de déconstruction-destruction – celle du Dar el Islam conquérant, théocratie dévoyée et violente. Celui qui vous parle rencontre dans son ministère, chaque semaine, des jeunes pris dans l'une ou l'autre de ces mâchoires.

 

Pourtant le chrétien appelle de tous ses vœux le Règne de Dieu,

non seulement dans la phase triomphante et définitive

que le Christ doit inaugurer à la fin des temps,

mais encore - et il est magnanime de le désirer,

dans les ténèbres de ce bas monde, vallée de larmes,

où gémissent les fils d'Ève[5].

 

         Lucidité, humilité donc, mais aussi magnanimité, au service du règne de Dieu. Voici ce qu'il nous faut demander pour les luttes d'hier, d'aujourd'hui et de demain au service de cette noble cause. Il y a un courage verbal entre soi, ou au contraire un abandon[6] souriant et desesperé des principes qui ne servent pas cette cause.

         Et puis, il y a l'effort opiniâtre, en esprit surnaturel, pour promouvoir ou défendre les fondamentaux de ce règne du Christ dans la société, les institutions, les corps intermédiaires... Dans le politique, la famille,  l'école, le loisir et la culture, le scoutisme et les mouvements de jeunesse. « La chrétienté, c'est l'art des recommencements[7]». Cela, c'est intéressant. Soyons-en, chacun pour notre part, à notre place.

 

D'autre part, au service du règne de Dieu, tout ne se fait pas dans la prière, mais rien de grand, de fécond ne se fait sans la prière. N'oublions pas de poser à nouveau cette cause devant Dieu, dès maintenant à la Messe, et tout à l'heure au Pater, avec les mots mêmes du divin Maître... avant d'y travailler dans un esprit d'unité, de charité et de verité, amen.

 

[1]    St Marc, XI, 22-24. Evangile de la messe du jour.

[2]    « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre » (Genèse, I, 1)- « In dicione tua Domine, universa sunt posita... En votre vouloir, Seigneur, toutes choses sont posées – et aucune ne peut résister à votre volonté – En effet, vous avez créé toutes choses, ciel et terre et tout ce que contient l'ampleur de l'univers. Oui, vous êtes le Seigneur de toute chose » (Esther, IV, 17 – XIII, 9 – X, 11).

[3]    « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la verité. » I Timothé, II, 4.

[4]    Charles PEGUY, Mystère de la Charité.

[5]    Dom GERARD.

[6]             Le refus de la Royauté sociale de Jésus-Christ est-il irréversible? Est-ce l'heure de l'agonie? Devra-t-on, comme le Christ Jésus, répéter dans uni sueur de sang: «Que votre Volonté soit faite et non la mienne? »  Cette prière va-t-elle jeter celui qui la prononce dans une attitude de résignation passive aux traverses et aux contradictions?

                En ce cas, ni l'homme de guerre ni l'homme du combat politique ne la pourraient prononcer.

                Erreur, profonde erreur. La troisième demande du Pater est, en politique comme en mystique, le suprême recours: non pas subir passivement la volonté de Dieu, mais s'en faire ardemment les instruments, et ne s'en remettre à la Providence que dans l'inéluctable.

[7]    Charles PEGUY.

vendredi 09 novembre 2018

Retraite d'Avent de Notre Dame de Chrétienté à Fontgombault

La retraite de NDC aura lieu du samedi 1er décembre 2018 à partir de 10h (messe conventuelle) jusqu'au dimanche 2 décembre à 15h à l'abbaye Notre-Dame de Fontgombault (Indre).

Elle sera prêchée par notre Aumônier Général l'Abbé Garnier, sur le thème ;

Encouragements aux chrétiens vivant dans le monde
(à l'écoute des épitres de St Pierre).

Il y a 40 places disponibles pour cette belle retraite !

C'est un excellent lancement de la nouvelle année chrétienne, et l'occasion de communier au silence, à la prière et à la contemplation des moines bénédictins. Profitons de cette hospitalité offerte "comme au Christ !"

Tous les amis de NDC (et pas seulement les cadres) peuvent désormais s'inscrire en ligne avant le 23 novembre 2018:


Prix: une participation aux frais de 40€ est demandée (incluant l’offrande pour l'abbaye, repas et hébergement).

Toutes les informations pratiques sont détaillées sur le tract à télécharger ici.



samedi 03 novembre 2018

Appel de Chartres n°223

C’est le moment de resserrer les rangs

Chers pèlerins,

Nous voici au temps de l’épreuve, celle qui a commencé à secouer l’Eglise catholique depuis les révélations d’actes immoraux, voire criminels, commis par des hommes d’Eglise, sans oublier ceux qui ont couvert ces actes de leur silence. Et certains de ces prédateurs ont été protégés, voire promus…

Un double sentiment nous envahit : colère et tristesse. Nous n’en sommes qu’au début de cette épreuve, l’actualité de mois prochains nous fera mal, mais il y aura un bien : il faut que justice soit faite et elle le sera.

Devons-nous baisser les bras ? Sûrement pas. Car l’Eglise est le Corps Mystique de Notre Seigneur, elle est sainte, même si certains de ses membres sont des parjures et des renégats.

Alors, dans ce temps qui s’annonce difficile, resserrons les rangs. Et tournons-nous vers ce qui est positif : votre pèlerinage croît chaque année, chaque année il apporte de nouveaux et beaux fruits. Deo gratias !

La première étape du pélé 2019, sur le thème ‘La paix du Christ par le règne du Christ’, sera notre journée d’université d’automne le samedi 17 novembre. Nous y présenterons l’édition 2019 et écouterons Bruno de Saint-Chamas, président d’Ichtus et Marion Maréchal, Directrice générale de l’ISSEP, nous parler de vocation, de formation et d’engagement.

Nous avons fait pour vous les choses en grand : Messe à ND du Lys et réunion au Forum de Grenelle, juste à côté. Alors, chers pèlerins, nous vous y attendons très nombreux : c’est le moment de montrer notre mobilisation, notre Foi et notre Espérance. Et notre amour de l’Eglise. Et notre volonté d’aller de l’avant, pour l’amour du Christ.

Car la faute de quelques-uns ne saurait nous décourager !

E ultreia, e suseia, Deus adjuva nos.

Hervé Rolland