Lundi 31 décembre 2018

La petite espérance

Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance.
Et je n'en reviens pas.
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.

Car mes trois vertus, dit Dieu.
Les trois vertus mes créatures.
Mes filles mes enfants.
Sont elles-mêmes comme mes autres créatures.
De la race des hommes.
La Foi est une Épouse fidèle.
La Charité est une Mère.
Une mère ardente, pleine de cœur.
Ou une sœur aînée qui est comme une mère.
L'Espérance est une petite fille de rien du tout.
Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière.
Qui joue encore avec le bonhomme Janvier.
Avec ses petits sapins en bois d'Allemagne couverts de givre peint.
Et avec son bœuf et son âne en bois d'Allemagne.
Peints.
Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas.
Puisqu'elles sont en bois.
C'est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.
Cette petite fille de rien du tout.
Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.

[...]

Mais l'espérance ne va pas de soi.

Charles Peguy

Dimanche 30 décembre 2018

Familles, Dieu vous aime !


Au soir de l'Incarnation, Dieu s'est fait homme ; Il a voulu que l'histoire de l'humanité soit fondamentalement transformée par son Fils grandissant, sous la protection de Saint Joseph, dans le sein de Marie. Trente ans de vie cachée à Nazareth feront par la suite de la Sainte Famille, première cellule d'Église selon le cardinal Journet, le modèle de toute communauté chrétienne.
A ce titre nous devons contempler la Sainte Famille et nous laisser enthousiasmer par son exemple.

Modèle merveilleux d'amour conjugal, délicat et prévenant qui traverse toutes les épreuves dans l'amour du Bon Dieu.
Modèle éminent d'amour parental, ordonné vers l'éducation à l'amour de Dieu.
Modèle de toute communauté qui se doit d'être, avant tout, disponible et accueillante au Christ et se laisser façonner par la Charité à l'image de cette plus belle icône de l'amour trinitaire qui soit.
Cellule de base de notre société, la famille semble ainsi plus que jamais s'opposer à l'esprit d'un monde qui revendique une fausse liberté, refuse de reconnaître qu'il doit tout à Dieu et encourage un égoïsme destructeur.
Comment accepter le joug d'un homme-Dieu qui s'est volontairement fait petit enfant et a accepté de vivre caché pendant trente ans, obéissant en tout à son père adoptif ? Comment se faire serviteur d'un Dieu-homme qui s'est fait obéissant jusqu'à la mort ignominieuse de la croix ? Comment unir sa volonté à celle d'un Dieu qui a fait de l'obéissance la plus sûre voie d'union à Lui ?
Comment rendre grâce à un Dieu dont les desseins semblent si obscurs ? Comment remercier quand le mal semble frapper si injustement ? Comment prier un Dieu qui semble si lointain ?
Comment comprendre et vivre cette charité empressée qui animait la sainte Famille et doit réchauffer nos foyers quand le monde privilégie la réussite personnelle et tue l'enfant qui dérange ?
La famille est cette voie exigeante et mortifiante qui dérange et surprend car elle porte en elle ces valeurs rejetées par le monde : obéissance, esprit d'action de grâces et surtout charité. Le monde hait la famille, car la famille est de Dieu. Nos familles à l'image de leur Maître doivent-elles s'étonner d'être ainsi signe de contradiction. Malgré tout cela, elles portent en elles l'espoir de notre monde vieillissant. Dans ce terreau fertile doivent germer les saints de demain, les âmes consacrées d'une société sans Dieu, les hommes et les femmes qui seront les chefs d'un monde égaré, les témoins d'un Amour infini.
Témoins, voilà notre devoir aujourd'hui. Témoins auprès de nos proches, dans nos écoles, sur nos lieux, de travail, dans nos cités, partout où nous croyons être seuls et où Dieu est là qui nous aime. Témoins de cette chrétienté qui refleurira à la mesure de notre enthousiasme à travailler, planter, arroser ce
terreau. Tel est le prix du salut de toutes nos communautés de vie. Prix de la moquerie, des insultes, du rejet, du martyre si Dieu le veut, mais prix de la Charité.
Familles de France, familles de chrétienté, malgré les croix, les souffrances, les difficultés, malgré le mépris et le regard du monde, sachez que votre image console le coeur du Christ.
Marie, Reine de la famille, priez pour nos familles, priez pour nous.
Domus Christiani
 

samedi 29 décembre 2018

LA communion des anges

Une nuit de Noël, Dieu voulut qu’un saint religieux contemplât ce que les yeux de l’homme ne peuvent voir.

Le carillon des cloches avait volé sur les plaines luisantes de neige pour rejoindre au loin les carillons des villages ; sous les voûtes de l'église, à l'autel illuminé de mille cierges, le père Abbé et ses ministres vêtus de blanc et d’or célébraient la sainte Messe ; tous les moines en grand manteau noir se tenaient à leurs places, chantant à voix douce, s'inclinant et se redressant ensemble, et la joie de Noël se reflétait sur leurs beaux visages. La clochette tinta pour l'élévation: tout fut silence et immobilité. Au dehors, dans la nuit, en plein ciel, carillonnaient les cloches.

Et soudain, le plus saint de tous les religieux contempla l'invisible. Tout ce qui frappait les yeux de son corps s'évanouit ainsi qu'un pâle rêve : l'église, les moines, l'autel et ses ministres ; seul, dans une sorte de brume lumineuse, où les flammes des cierges pointaient comme des étoiles vives, le père Abbé apparaissait encore, debout, très grand tenant en main l’Hostie consacrée. Autour de lui, une foule innombrable d’anges faisait une couronne vivante ; les uns prosternés à l’abri de leurs ailes, les autres balançant des encensoirs fumants ou bien touchant de leurs doigts clairs des harpes d'or. Les chants liturgiques n'étaient plus qu'un murmure assourdi pour accompagner leurs cantiques et, quand tintait la clochette, ses sons légers s'emmêlaient aux sons de leurs harpes. Et les mains jointes, immobile, ébloui, ravi, ce moine qui voyait des yeux de son âme ne sentait plus passer le temps.

Il entendit tinter, lointaine, la sonnerie du Domine, non sum dignus ; le père Abbé s'inclina pour communier au Corps du Christ. Puis la coupe du calice brilla comme une fleur de lumière. Et voici que des anges portant une patène d'or recueillirent sur l'autel les parcelles imperceptibles tombées de l'Hostie sainte : et le plus beau de tous les distribua aux autres. Ils levaient leurs purs visages, entrouvrant leurs lèvres pour recevoir les parcelles consacrées et s'inclinant, ils adoraient à leur tour, ils faisaient silence, et c'était là, devant le mystère de Dieu, leur 1ouange suprême.

Or, ce moine en extase dit en son cœur : Quelle est cette fête des Cieux ? Et l'un des anges lui répondit à merveille : C’est la fête des Cieux sur la terre : c’est l'Eucharistie. Nous sommes les anges de Noël qui avons chanté dans la nuit sacrée où le Fils de Dieu descendit sur la terre et veillé sur l’humble crèche : nous veillons sur tout autel où il descend encore et nous chantons pour lui sur la terre le cantique des Cieux. Vous autres hommes vous communiez à son divin Corps : de cette communion, nous avons, ses anges, notre part. Le Ciel et la terre vivent ensemble au Pain des Anges devenu le Pain des hommes ! Ce que les yeux de votre corps ne peuvent voir, que votre Foi ardente le contemple : vous le verrez, face à face, un jour, dans l’éternelle communion du Ciel. …

Et les yeux de son âme se refermèrent. L'office était depuis longtemps achevé ; dans l'église vide, il était seul, Les cloches s'étaient tues. Tout était sombre, mais devant le tabernacle brillait la lampe qui ne s'éteint jamais, et sa flamme vacillait doucement comme au vent très léger des ailes invisibles. 

vendredi 28 décembre 2018

Le petit âne de Bethleem, conte de Noël

Chacun sait que Dieu a créé les animaux pour qu'ils soient les compagnons des hommes. Certains eurent même la chance de devenir l'ami de saints très connus, à tel point que l'on représentait ce saint, on oubliait jamais de placer auprès de lui l'animal qui l'avait accompagné dans la vie.


Or, un jour, dans le ciel, un des anges qui servait le Seigneur, comme le font d'ailleurs tous les anges, eut une idée qu'il proposa immédiatement à tous les saints du Paradis : il aimait beaucoup les animaux et il souhaitait que soit récompensé l'animal qui avait le mieux servi ses amis durant leur vie sur la terre. Tous applaudirent à cette proposition et les saints partirent sans tarder chercher leurs compagnons. On vit d'abord une multitude d'oiseaux plus gazouillant les uns que les autres qui entouraient saint François d'Assise en lui faisant de petits signes d'amitié : ils se souvenaient si bien des beaux sermons que François leur faisait et eux l'avaient écouté avec tant de respect qu'ils pensaient bien mériter le premier prix.

Mais, à ce moment-là, saint Joseph présenta deux tourterelles qui roucoulaient doucement: "Elles furent offertes au Seigneur le jour de la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem", expliqua-t-il. "Elles ont pour moi une grande valeur, c'était l'offrande des pauvres". Un beau chien se fit alors entendre. Il léchait aimablement la main de saint Roch qui raconta :" J'étais malade, très malade et tout seul. Je m'étais traîné dans une pauvre cabane en dehors de
la ville. Ce chien qui appartenait au seigneur d'un château voisin, vint chaque jour m'apporter un pain et me tenir compagnie. J'ai été guéri grâce à lui." Les anges manifestèrent de l'amitié au chien de saint Roch.


Mais voici que les Rois Mages arrivaient avec leurs dromadaires : -" Sans eux, dirent-ils, nous ne serions pas arrivés jusqu'à Bethléem, ils nous ont portés vers l'Enfant-Dieu." Les dromadaires firent tressaillir de joie tous les saints du ciel. Sans eux, en effet, la crèche ne serait plus la crèche. Il y eut ensuite un cerf splendide qui accompagnait saint Hubert, le patron des chasseurs. - "Je le poursuivais dans la forêt des Ardennes, expliqua saint Hubert et je voulais le tuer. C'est alors qu'entre ses bois magnifiques apparut la croix lumineuse du Christ qui me fit comprendre que ce n'est pas en chassant que je sauverai mon âme. Grâce à lui, je me suis converti." Les anges applaudirent en écoutant ce récit.
Mais voilà que saint Antoine accourait maintenant avec un drôle de compagnon : un petit cochon tout rose. - "Oui, dit-il, j'avais permis à ce petit cochon de rester près de moi. Il ne voulait pas me quitter parce que j'avais guéri sa maman." Tout le monde sourit : vraiment, ce petit cochon était bien amusant !
Et chacun commençait à se demander lequel de tous ces animaux allait remporter le premier prix du service rendu. Car le défilé continuait et il était bien impossible de faire ici la liste de tous les saints qui vinrent raconter leur vie.

C'est alors qu'un des anges se fraya un chemin. Il tenait par la bride un petit âne gris. Il prit la parole : - "J'étais à Bethléem le jour où Jésus est né. Dans le ciel, nous étions venus nombreux pour chanter "Gloire à Dieu au plus haut des cieux". Et j'ai vu ce petit âne qui réchauffait de son souffle le nouveau-né, alors qu'un vent glacial pénétrait dans la grotte. Et je voyais la Sainte Vierge qui en était toute réconfortée et Saint Joseph qui remerciait l'ânon en
caressant son échine rugueuse. Des parents ne peuvent pas oublier cela, n'est-ce pas ?" - "C'est vrai, intervint saint Joseph, et je n'oublierai pas non plus que ce petit âne avait auparavant porté Marie, de Nazareth à Bethléem, et qu'il faisait bien attention de marcher doucement pour ne pas la fatiguer. Ensuite, quand il a fallu s'enfuir en pleine nuit, il fut tout aussi courageux pour porter à nouveau l'Enfant et sa Mère, et nous conduire jusqu'en Egypte
pour échapper à la colère du roi Hérode."

Tous les saints et les anges du Paradis furent très émus en écoutant ce beau récit. Ils décidèrent tous sans exception que le premier prix du service rendu devait être décerné à ce petit âne gris qui, en ce jour de Noël, avait servi le divin Enfant avec autant d'empressement. Mais l'âne ne voulut pas garder pour lui tout seul ces remerciements. On le vit se diriger vers un bon gros boeuf qui attendait non loin de là, et chacun reconnut celui qui logeait dans la
crèche au moment où la Sainte Famille vint s'y abriter. L'âne fit comprendre à tous que ce bon compagnon ne se fâcha pas d'être dérangé en pleine nuit, mais qu'il aida lui aussi à réchauffer de son souffle l'Enfant nouveau-né. On décida alors que le boeuf devait recevoir le second prix. Un troisième prix fut facile à donner car voici que venaient d'arriver une dizaine d'agneaux accompagnés de leurs bergers. On estima

que leur présence dans la crèche consola le Tout-Petit, lui qui serait plus tard appelé l'Agneau de Dieu. Vous comprenez maintenant pourquoi, quand chaque année les enfants préparent la crèche de Noël, il ne leur viendrait pas à l'idée d'oublier l'âne et le boeuf, pas plus que les moutons. Sans eux nous n'aurions même pas pu raconter cette
belle histoire…


Prière des ânes
Donne-nous, Seigneur, de garder les pieds sur terre…
Et les oreilles dressées vers le ciel pour ne rien perdre de ta parole.
Donne-nous, Seigneur, un dos courageux…
Pour supporter les hommes les plus insupportables.
Donne-nous d’avancer tout droit,
En méprisant les caresses flatteuses, autant que les coups de bâton.
Donne-nous, Seigneur, d’être sourd aux injures et à l’ingratitude…
C’est la seule surdité que nous ambitionnons.
Ne nous donne pas d’éviter toutes les sottises,
Car un âne fera toujours des âneries.
Donne-nous simplement, Seigneur,
De ne jamais désespérer
De ta miséricorde si gratuite
Pour ces ânes si disgracieux que nous sommes…
D’après ce que disent les pauvres humains qui
N’ont rien compris
Ni aux ânes
Ni à toi qui as fui en Egypte avec un de nos frères,
Qui a fait ton entrée prophétique à Jérusalem,
Sur le dos d’un des nôtres.
Amen
 

jeudi 27 décembre 2018

Les chocolats de Noël

Ce jour-là, le curé des Trois-Fontaines achevait la grand-messe de Noël. Il était bien vieux, monsieur le curé, bien voûté, bien fatigué. Depuis longtemps il aurait dû prendre sa retraite, mais comme il n'y avait personne pour le remplacer, il continuait à célébrer les offices, de sa vieille voix, à baptiser les nouveau-nés, à faire le catéchisme aux petits garçons et aux petites filles …
Cependant, ce matin de Noël, il se sentait plus las que d'habitude. Il s'était couché tard à cause de la messe de minuit, levé tôt pour celle du matin et surtout, il avait le coeur très lourd … Ses paroissiens, maintenant, se pressaient vers la sortie. Il les imaginait, rentrant joyeusement chez eux où les attendait le repas de Noël en famille : la dinde dorée, la bûche fourrée de crème … Non qu'il fût gourmand, mais il songeait que tout à l'heure il se retrouverait seul et triste dans son presbytère glacé, devant son pain boulot et sa carafe d'eau.
A cela se bornait peu à peu son régime depuis des années. A la saison, s'y ajoutaient quelques fruits de son jardin et, de temps en temps, un oeuf de sa poule noire. Mais c'était l'hiver ; il n'y aurait ni fruits, ni oeufs, rien qu'un morceau de pain rassis et un peu d'eau de la fontaine. Au vrai, ce n'était pas cela surtout qui le chagrinait. Il était habitué à ces repas et n'y pensait guère. Mais, que le jour de Noël, il n'y eu personne dans toute la paroisse pour songer à
lui apporter un morceau de pâté ou de galette, voilà qui faisait se serrer son vieux coeur.
Certes, ses paroissiens n'étaient pas de mauvaises gens, ils n'y pensaient pas, voilà tout. Ils avaient leurs travaux, leurs soucis… Tant que la vieille Mme Marnier avait vécu, il était assuré d'avoir une petite douceur; autrefois même, la famille Leblanc l'invitait… Mais Mme Marnier reposait depuis longtemps dans le petit cimetière, et la famille Leblanc avait quitté le pays. Aussi, il avait de la peine à se réjouir en ce jour de Noël, car il voyait bien qu'aux Trois-
Fontaines, on ne se souciait guère du vieux curé.
Il faut maintenant que je vous parle d'un petit garçon. C'était un Jacquot bouclé de cinq ans, haut comme trois pommes, et que ses parents avaient emmené à la messe pour la première fois. Grimpé sur son prie-Dieu, il ouvrait de grands yeux étonnés. Bien sûr, il ne comprenait pas trop ce qui se passait. "On priait le petit Jésus", lui avait-on dit. Mais notre Jacquot se trouvait fasciné par toutes ces lumières, toutes ces fleurs, toutes ces dorures qui resplendissaient dans le choeur, sur l'autel, sur les ornements du prêtre, scintillant magnifiquement à chacun de ses mouvements.
- Il doit être bien riche, monsieur le curé ? demanda-t-il à sa Maman en sortant de l'église.
- Riche ? Gros bêta! C'est probablement l'homme le plus pauvre de la paroisse. Son peu d'argent passe à payer le maçon ou le couvreur pour les réparations de l'église…
- On dit qu'il ne mange que du pain rassis trempé dans de l'eau, ajouta Tante Marthe
- Oui, dit Maman gênée, j'aurais dû lui envoyer quelque chose pour son Noël… Mais j'ai tant à faire ! Ce sera pour l'année prochaine.
Le petit Jacquot, lui, pensait que monsieur le curé était bien âgé, que l'année prochaine était bien loin… Il se sentait tout remué en rentrant chez lui, tandis qu'il se remémorait le regard un peu triste du vieux prêtre…
- "Maman n'a pas le temps, elle prépare le déjeuner, mais moi …" Qu'est-ce qu'on peut bien mettre dans le soulier d'un vieux monsieur qui a de si beaux
habits et qui fait de mauvais repas ?… Jacquot passait en revue ses trésors : un petit train mécanique tout neuf ? Non, sûrement pas. Un ballon ? Non plus. Des biscuits, des cacahuètes? Ce ne sont pas là des cadeaux… Son regard tomba sur un gros sac de cellophane brillant, rempli de bonbons en chocolat.
Voilà ! C'était justement ce qu'il fallait. Jacquot les connaissait bien, ces chocolats ! Il les avait spécialement demandés au petit Jésus : de gros chocolats fourrés avec toutes sortes de bonnes choses, de la crème, du nougat, des fruits confits… Il poussa un petit soupir, mais sa décision
était prise : l'église se trouvait à deux pas, tout en face de la maison, il avait encore son manteau sur le dos … A la cuisine, Maman et Tante Marthe s'affairaient, Papa était à la cave ; si bien que personne ne fit attention à ce petit bout d'homme qui traversait le couloir en trottinant, serrant
contre son coeur un mystérieux paquet.
Quand Jacquot poussa la lourde porte, monsieur le curé était encore à l'église. Il retardait le plus possible le moment de la quitter ; ici, au moins, il se sentait bien, près du Bon Dieu. Il allait et venait, mettant un peu d'ordre, enlevant la poussière, arrangeant les fleurs… Tout d'un coup, il pensa qu'il devait renouveler la réserve d'hosties pour la messe du lendemain; il ouvrit donc avec respect le tabernacle, sortit le saint ciboire et s'en fut à la sacristie.
C'est à ce moment-là que notre Jacquot pénétra dans l'église. Il courut, courut, courut vers le choeur, vers l'autel, puis s'arrêta, embarrassé : où donc étaient les souliers de monsieur le curé ? Il regardait à droite, à gauche… Soudain il aperçut, là devant lui, la nappe blanche de l'autel, le
tabernacle ouvert, le saint ciboire étincelant… Qu'il était sot ! Quelqu'un qui porte de si beaux vêtements, qui parle au Bon Dieu et à
l'Enfant Jésus, cela ne reçoit pas les cadeaux dans ses souliers comme un petit garçon !… Jacquot n'eut aucun doute. Prestement il monta les marches de l'autel et, tirant sur ses petits bras, éleva le sac de cellophane et le renversa d'un coup… Puis il s'en retourna vite, vite, car il entendait venir… Vite, vite, il se cacha comme il put derrière l'harmonium et regarda monsieur le curé s'approcher, lui qui allait être si content !… Lorsque le vieux prêtre fut entré, portant contre lui la boîte ronde, et qu'il aperçut l'autel, il s'arrêta, figé de stupéfaction : là, sur l'autel consacré, au pied du saint ciboire, jusque dans le
tabernacle, éparpillées en petits tas sur la nappe blanche, des boules enveloppées de papier brillant, rouges, vertes, bleues, dorées, avaient roulé un peu partout… Il sentit monter en lui une sainte colère. Qui donc avait osé ? Quel était le misérable, l'impie, le sacrilège qui n'avait pas craint de tourner en dérision la Présence du Seigneur, de profaner Son autel?… Ah! C'en était trop pour ses vieilles années ! Il aurait tout supporté, mais cela !… Il se retourna plein d'indignation. Là, du côté de l'harmonium, il avait entendu quelqu'un bouger. Quelqu'un ? Certainement l'abominable auteur de ce forfait…
Mais quand il s'approcha, du côté de l'harmonium, il ne distingua qu'une petite tête bouclée, pas plus haute qu'un prie-Dieu, deux grands yeux noirs un peu inquiets qui leregardaient et semblaient dire :
- N'est-ce pas que vous êtes content, monsieur le curé?
Alors, le vieil homme sentit toute sa colère tomber tout d'un coup. Il pensa à ce qu'il yavait dans le coeur de ce petit garçon, il lut toute la tendresse de ces grands yeux qui disaientencore :
- Monsieur le curé, vous êtes vieux et pauvre. Vous n'avez personne pour penser à vous. Alors,s'il vous plaît, acceptez ce que j'ai de plus précieux : ces chocolats fourrés, si bons, pourmanger avec votre pain…
Et le curé des Trois-Fontaines sourit. Il pensa que, là-haut, Jésus souriait aussi dans sonParadis. Bien sûr, ce petit enfant ne savait pas. Comment aurait-il pu savoir? Bien sûr, il n'avait pas offensé Dieu. Comment aurait-il pu L'offenser ? Le vieillard sentit son coeur se remplir d'une joie nouvelle. Il se pencha sur le petit garçon, embrassa les boucles brunes :
- Merci, mon petit. Je te remercie…
Il ne pouvait rien dire de plus, mais cela suffisait bien à Jacquot. Lui aussi souriait. Lui aussi sentait quelque chose de tout drôle lui monter dans le coeur, et dans la gorge, et dans les yeux. Il entendit la vieille voix, un peu enrouée lui dire :
- Mets-toi à genoux, mon petit! Je vais te donner ma bénédiction.
Alors, lentement, dans l'église silencieuse, pensant à Jésus qui souriait, là-haut dans son Paradis, le vieux prêtre traça dans l'air le signe de la Croix, priant Dieu de bénir ce petit garçon de cinq ans. En fin de compte, savez-vous quels furent les deux paroissiens des Trois-Fontaines qui firent cette année-là le meilleur repas de Noël ? Ce fut d'abord un vieux curé qui mangeait des chocolats fourrés avec son pain boulot ; et puis, dans une maison, de l'autre côté de la place, un petit Jacquot rêveur qui laissait refroidir son morceau de dinde et à qui sa Maman disait :
- Eh bien, Jacquot ? A quoi penses-tu ?
 

mercredi 26 décembre 2018

Familles, rayonnez !


Depuis quelques années se répand une heureuse initiative qui pourrait devenir une saine coutume : celle, pour les familles, d'envoyer leurs voeux de Noël et de Nouvel An dans une lettre- circulaire illustrée d'une photo familiale ou de photos d'identité, offrant ainsi un résumé, parfois rempli d'humour, des activités et de la progression de chacun.

Je collectionne précieusement ces voeux qui renouvellent avec bonheur les classiques faire-part de baptêmes et de mariages et qui expriment, très simplement, le dynamisme et le rayonnement des familles telles que nous les aimons... Construire un foyer Car nous les aimons, ces familles ! Derrière le sourire de chaque visage, nous découvrons, non pas seulement "la vie simple et tranquille" dont rêvait le poète, mais surtout "l'humble honneur des maisons paternelles", tissé dans la patience des jours, la fidélité au devoir d'état, l'alternance des joies et des peines, la tendresse et la force des caractères contrastés et complémentaires, bref, tout ce qui CONSTRUIT un FOYER.


"FOYER" : ce mot exprime merveilleusement la sécurité, la lumière, la chaleur, le rayonnement d'une communauté familiale selon le coeur de Dieu, c'est-à-dire de ceux qui, groupés autour d'un Père et d'une Mère, sont solidement enracinés dans les vertus naturelles et surnaturelles, de ceux qui vivent le 4ème Commandement , "Honore ton Père et ta Mère, afin de vivre heureux", clé de voûte d'une société dont la famille est la "cellule de base"...
Défendre la famille Défendre ces foyers, les faire grandir : voilà la TACHE URGENTE à laquelle nous devons consacrer toutes nos énergies, certes pour l'avenir de nos patries charnelles, mais surtout pour répondre généreusement au plan divin : "Croissez et multipliez-vous" (Genèse l, 28)

Défendons d'abord nos familles contre les maux qui les assaillent : chômage des parents entraînant l'asphyxie financière, enseignement pernicieux qui détruit les intelligences, pornographie envahissante qui pourrit les coeurs, promotion agressive des lobbies homosexuels pour détruire la famille traditionnelle, etc... Bien sûr, nous savons que les remèdes à ces maux appellent une autre politique que celle menée depuis des décennies par ceux qui nous gouvernent ! Comme nous n'attendons pas le printemps pour demain, nous devons localement, selon nos compétences et nos moyens, nous engager dans les associations qui oeuvrent courageusement pour enrayer le mal et redresser la situation.

S'engager dans le combat pour la vie. Engageons-nous en priorité pour le combat de la vie contre la culture de mort. Ecoutons les sévères avertissements de la Bienheureuse Mère Teresa : "Un pays qui tuent ses enfants n'a pas d'avenir... Le plus grand destructeur de la paix dans le monde, c'est l'avortement..." Eclairés et fortifiés par l'enseignement de Jean-Paul II dans "Evangelium Vitae", débusquons les faux arguments contre la vie, dénonçons l'hypocrisie et le mensonge des politiques malthusiennes, investissons-nous nombreux dans les associations qui aident vraiment les
mamans en difficulté...
Aidons aussi nos familles à grandir et se développer. Pour ce faire, proclamons, surtout en actes, que les familles nombreuses sont la véritable richesse d'une nation. S'impose alors une évidence : donner la vie est déjà une merveilleuse collaboration à la création divine, mais il faut ensuite élever les enfants ! Pères et mères de famille, votre rôle est sacré, disait déjà Pie XII. C'est au coeur du sanctuaire familial que l'enfant va trouver le climat nécessaire à l'épanouissement de sa personnalité : la communion du Père et de la Mère dans la complémentarité des tâches et des comportements, l'harmonie de la fratrie, sont autant de composantes essentielles à la conquête de l'équilibre des enfants, avec l'enracinement et la croissance des vertus théologales et cardinales.
Créer et soutenir des écoles vraiment catholiques Mais pour prolonger l'action familiale, il faut aussi de SAINES et FORTES ECOLES... Là encore n'attendons rien d'une "éducation nationale" qui n'est plus, depuis longtemps, qu'un "mammouth" paralysé et paralysant ! Développons le réseau (déjà initié, mais très insuffisant...) d'écoles qui soient libérées des pédagogies destructrices et des idéologies pernicieuses et soient vraiment catholiques par leur climat éducatif, leurs programmes et leurs enseignants.
Pour que ressuscite la France, pour que ressuscite la Chrétienté, il nous faut des FAMILLES CHRETIENNES. "Dieu, Famille, Patrie" : oui, seule cette trilogie, authentiquement vécue dans les faits et le quotidien, assure la Paix et la prospérité de nos cités terrestres ! Par notre engagement mériter la victoire Cette oeuvre de RECONQUÊTE peut nous paraître gigantesque, démesurée, et nous nous sentons si fragiles ! Mais Dieu nous a créés pour cette tâche humaine et ce n'est qu'avec Lui que nous pourrons la réaliser.
"Si le Seigneur ne bâtit la maison, c'est en vain que peinent les maçons !" Dieu ne donnera la victoire qu'aux hommes d'armes qui auront courageusement bataillé...
Alors, à genoux, pères et mères de familles, à genoux, enfants et adolescents ! Invoquons les saints de nos patries, les saintes Mères qui, dans l'histoire, furent souvent Mères de Saints...Des vocations sacerdotales et religieuses, des vocations familiales naissent déjà et naîtront mieux encore de nos familles chrétiennes...
Debout, familles ! Au travail ! Notre-Dame de Nazareth, Reine des foyers, vous bénit et "la Charité du Christ vous presse" pour, qu'avec les sacrifices nécessaires, vos foyers rayonnent de VERITE, d'AMOUR et de PAIX !

Frère Martin Prêtre pèlerin
Association Notre

Lundi 24 décembre 2018

Ce que vivent nos amis pèlerins d'Aquitaine à Noël

La tradition veut que, le soir de Noël, le 24 décembre, à la nuit tombée, on enflamme "lo Halha de Nadau", la gerbe de Noël faite de paille et de feuilles de maïs. Les feux sur les hauteurs de Chalosse tracent un chemin conduisant les Rois Mages au berceau du Christ.

ce que vivent nos amis pèlerins normands à Noël

Il est des traditions qui ne se perdent pas, mais qui se transforment tellement qu’on en oublie l’origine. Tel est le cas de la traditionnelle bûche de Noël, chère aux Normands d’autrefois. La bûche de Noël réunissait autrefois tous les habitants de la maison, tous les hôtes du logis, parents et domestiques, autour du foyer familial.

La bénédiction de la bûche était la bénédiction du feu, au moment où les rigueurs de la saison le rendent plus utile que jamais. Cet usage existait surtout dans les pays du Nord : c’était le Licht des anciens Germains, le feu de Yule des forêts druidiques, auquel les premiers chrétiens ont substitué la fête de sainte Luce (Lucie vient du latin lux, la lumière), le 13 décembre. L’historien Marchangy (1782-1826) parle de cette coutume en Normandie : « Le père de famille, accompagné de ses fils et de ses serviteurs, va à l'endroit du logis où, l'année précédente, à la même époque, ils avaient mis en réserve les restes de la bûche de Noël. Ils rapportent solennellement ces tisons qui, dans leur temps, avaient jeté de si belles flammes à rencontre des faces réjouies des convives. L'aïeul les pose dans ce foyer et tout le monde se met à genou en récitant le Pater. Deux forts valets de ferme apportent lentement la bûche nouvelle. À l'instant où l'on y met le feu, les petits enfants vont prier dans un coin de l'appartement, afin, leur dit-on, que la souche leur fasse des présents, et, tandis qu'ils prient, on met à chaque bout de cette souche des paquets d'épices, de dragées et de fruits confits ». 

Il arrivait aussi que les pauvres gens qui ne pouvaient se procurer des bûches convenables pour la veillée de Noël, se les fassent donner. « Beaucoup de religieux et de paysans, écrit Léopold Bellisle, recevaient pour leurs feux des fêtes de Noël un arbre ou une grosse bûche nommée tréfouet ». Le tréfeu, ou tréfouet, que l'on retrouve sous le même nom en Normandie, en Lorraine, en Bourgogne et en Berry, c'est cette grosse bûche qui devait durer pendant les trois jours de fêtes. De là vient son nom : tréfeu, les trois feux. Pour un Noël... tout feu tout flamme !   

Dimanche 23 décembre 2018

ce que vivent nos amis pèlerins bretons à Noël

Dès le VIe siècle, 3 messes sont célébrées pour la fête de Noël:
- la première  est dite "de la nuit". Elle correspond aujourd'hui à celle qu'on appelle la messe de minuit"
- la seconde est dite "de  l'aurore" (la basse messe )
- la troisième est dite "du jour" (la "grand" messe)

La Messe de minuit, appelée en breton "Offern ar pelgent" ("la messe d'avant l'aube") était suivie avec assiduité en Bretagne et demandait souvent de faire plusieurs kilomètres à pied, de nuit, par tous les temps sur des chemins boueux tout en chantant des cantiques de Noël. Avant de partir la famille partageait une collation de crêpes et allumait la bûche.
En arrivant à l'Eglise illuminée par les cierges, la famille dépose son offrande au pied de la crêche : un gateau, du beurre, des oeufs, un panier d'osier, parfois un peu d'argent.
Ceux qui restaient  pour garder la maison et les animaux étaient chargés de disposer des couronnes de paille dans les champs autour de leurs pommiers pour s'assurer une belle récolte.
On ne touchait jamais au gui réputé magique et sacré : le 23 décembre, jour du solstice d'hiver était aussi chez les Celtes  le" jour de la pierre brute", le jour où on cueillait rituellement le gui avec une faucille d'or.

A l'époque où la pratique religieuse était très présente en Bretagne celui dont on espérait plein de bonnes choses était appelé Ar Mabig Jezuz (L'enfant Jésus) ; aujourd'hui le père Noël en Bretagne s'appelle Tad-kozh an nedeleg soit littéralement "le grand-père Noël"

Les cadeaux  (ar profou) de Noël se limitaient  souvent à un sucre d'orge ou un "petit jésus" en sucre ou encore une belle pomme rouge bien lustrée, les bonnes années les parents y ajoutaient une orange. Les enfants trouvaient leurs cadeaux dans leurs sabots le matin du 25 décembre.. à condition qu'ils soient bien propres. Inutile de vous dire que jamais sabots n'ont été aussi bien astiqués que le 24 décembre au soir !


En breton le réveillon se traduit par fiskoan, mot qui est la contraction de fest (fête) et de koan (souper) : au retour de la messe la famille réveillonne avec un repas légèrement amélioré : soupe au pain,, kig ha farz..On n'oubliait pas les animaux qui avaient droit à une ration supplémentaire....

La bûche de Noël est un énorme bois de chêne, hêtre, orme, arbre fruitier, un bois dur à combustion lente. Appelée Kef nedeleg, skod an nedeleg, an etev nedeleg ou encore  tos an nedeleg, la bûche était aspergée d'eau  bénite et de sel avant d'être brûlée. La combustion pouvait durer plusieurs jours mais devait surtout chauffer la veillée de Noël après la messe. Les braises  étaient recueillies car elles avaient des vertus médicinales mais on prétendait aussi qu'elles protégeaient de la foudre, des serpents et qu'elles purifiaient l'eau de pluie.  Les invités repartaient  parfois chez eux avec un sabot plein de braises ce qui  leur permettait d'allumer le feu à leur retour chez eux.

On dit que pendant que sonnent les 12 coups de minuit on entend au loin le son des cloches des villes englouties et on peut voir des menhirs qui sortent de terre pour aller boire à la source. Ils ont laisssé à leur emplacement un trésor  mais il faut se hâter pour s'en saisir avant leur retour ! Au cours de la nuit de Noël aucun esprit satanique ne peut agir ni aucune sorcière surgir, les korrigans comme l'ankou se sont éloignés et pendant la messe de minuit les animaux parlent "la langue de l'homme" dans leurs étables.
Des pastorales étaient jouées dans les églises et une légende des Côtes d'Armor raconte le miracle de Sainte Brigitte, pauvre infirme sans bras, qui reçut l'enfant de Marie sur ses genoux et qui retrouva ses mains et ses bras pour langer le divin enfant en lui chantant la berceuse de Noël...


 

Ce que vivent nos amis pèlerins provençaux à Noël

Riches de symboles, fortes en émotions et sensations, les traditions de Noël en Provence donnent du sens  et des couleurs à la fête.

Tout commence le 4 Décembre, jour de la Sainte Barbe, c'est le départ de la période dite "Calendale" qui ne s'achèvera qu'à la Chandeleur le 2 Février. Entre ces deux dates, c'est une succession de traditions, de fêtes et de coutumes qui sont plus ou moins suivies selon les villages, selon les familles.

Le 4 Décembre, il faut faire germer des graines de blé dans trois soucoupes couvertes de coton humide. Si les tiges poussent droites et vertes, l'année sera prospère. Ces petits champs miniatures prendront place ensuite dans la crèche familiale.

Pour préparer la crèche, le vrai santon du provençal "Santoun" (petit saint) est en argile, il est crée artisanalement à la main et avec amour. Les santons doivent ensuite prendre figure humaine, une allure, un caractère et même un rang social. Ils représentent les habitants du village se rendant à la crèche : joueurs de pétanque, marchands de poisson, docteurs, boulangers, bergers ... La crèche authentique est en fait une représentation idéale du village provençal et de son petit monde. Cette tradition est présente dans chaque département de la Provence mais plus forte dans les Bouches du Rhône. Il existe une centaine d'ateliers entre Marseille, Aubagne, Aix en Provence, Arles...  

Le gros souper est servi le soir de Noël, avant de se rendre à la messe de minuit. Rien n'est laissé au hasard, il y a une symbolique derrière chaque plat et les chiffres sont importants :

La table est couverte de 3 nappes blanches - 3 pour les 3 personnes de la Trinité - avec 3 chandeliers blancs allumés et 3 soucoupes de blé germé de la Ste Barbe. Une place vide est laissée pour l'accueil du pauvre. Surtout pas de gui, réputé porte-malheur !

 

Le gros souper est paradoxalement composé de 7 plats maigres en souvenir des 7 douleurs de Marie, il est servi avec 13 petits pains suivi des 13 desserts représentant la Cène avec les 12 apôtres et Jésus.
Les plats maigres servis diffèrent d'un coin de Provence à l'autre, on retrouve souvent la carde et le céleri, le choux-fleurs, les épinards et la morue, l'omelette, les escargots, la soupe à l'ail, mais jamais de viande uniquement des poissons, des coquillages, des gratins, des légumes, des soupes, de l'anchoïade. La seule abondance est celle des treize desserts.

Les treize desserts sont dégustés au retour de la messe, ils resteront sur la table pendant les 3 jours suivant, jusqu'au 27 Décembre :

  • les 4 mendiants  : figues sèches (Franciscains), amandes (Carmélite), raisins secs (Dominicains) et noix (Augustins),
  • les dattes : symbole du Christ venu de l'Orient,
  • les nougats (le noir et le blanc) pour le pénitent blanc et le pénitent noir selon certains, pour d'autres le nougat blanc, doux et onctueux représente la pureté et le bien, le nougat noir plus dur et cassant évoque l'impur et les forces du mal.
  • la fougasse à l'huile d'olive (la pompe) : galette ronde aplatie à l'huile d'olive,
  • la pâte de coing ou fruits confits dans la région d'Apt ou de Carpentras ,
  • les oreillettes (petite gaufre légère et fine),
  • les fruits frais : mandarines, oranges, poires, raisins et melons d'hiver conservés pour cette occasion.

Partout vous entendrez des chants de Noël provençaux, pour célébrer ce moment sacré certains seront accompagnés de flûtes et tambourinaires. Dans quelques villages, la messe pourra être en provençal. La messe peut être composée d'une crèche vivante où les personnages de la crèche sont représentés par les habitants du village costumés : la Sainte famille (Jésus, Marie, Joseph), les Rois Mages et les bergers.
Vous pourrez aussi assister dans certains village au rituel de la cérémonie du Pastrage pendant la messe de minuit : un agneau nouveau né est apporté en offrande (il est vivant et on ne lui fait aucun mal) soit dans une charrette décorée, garnie de paille et feuillages soit dans les bras des bergers qui sont venus à l'église en procession après avoir traversé les collines. Certaines messes de minuit avec pastrages sont très connues et attirent beaucoup de monde, en particulier Allauch, St Rémy de Provence, Tarascon, St Michel de Frigolet, Barbentane, Fontvieille, Rognonas.  

Une pastorale peut accompagner la messe : c'est une représentation de la Nativité théâtralisée, chantée et parlée en provençal par des personnages costumés en habits provençaux. La Pastorale la plus répandue est la Pastorale Maurel mais il en existe 250 versions différentes qui racontent des histoires de village et de traditions de Noël.

samedi 22 décembre 2018

La Sainte Famille, modèle de liberté

Fondée pour donner au monde celui qui sauve son peuple du péché, la Sainte Famille, où chacune de nos familles doit voir son archétype, manifeste clairement ce qu'est la vraie liberté de ceux qui sont renouvelés par l'amour du Christ et à quoi nous devons nous efforcer de parvenir, laissant le Saint-Esprit nous arracher aux jugements du monde pour ne considérer que le jugement de Dieu.


Outre Jésus, Marie et Joseph savent très bien qui ils sont, ce qu'est leur mission et les secours de grâcessur lesquels ils peuvent compter ; il suffit de lire le Magnificat (Luc I, 45-55) ou de considérer la silencieuse détermination de saint Joseph (Matthieu II,14-15) pour s'en persuader. Nous-mêmes, dans nos familles, savons-nous bien qui nous sommes ? Savons-nous bien quelle est notre mission irremplaçable ? Savons-nous bien compter sur la grâce divine ?

Si nos familles sont à l'image de la Sainte Famille, dans la part qui est la leur, elles sont uniques pour répandre et communiquer le salut du monde en s'unissant toujours plus étroitement à l'action de Jésus par qui elles reçoivent toutes les grâces nécessaires et suffisantes pour exister.
Demandons au Seigneur la grâce de mieux savoir ce que nous sommes pour Lui et profitons de Noël pour nous résoudre à ajouter ou retrancher de nos habitudes ce qu'il nous faut pour mieux sanctifier le nom de Dieu, mieux faire advenir son Règne et mieux faire sa volonté.


Il n'y a pas de liberté passive dans le Christ, la liberté chrétienne est d'autant plus vraie et plus forte qu'elle se défend et là encore nous devons nous inspirer des exemples de la Sainte Famille pour libérer et sauvegarder nos propres familles. Le premier acte de combat à Nazareth tient surtout dans cette attitude qui les mène à ne plus craindre les jugements d'autrui (I Corinthiens X, 29) parce qu'ils savent pratiquer la Parole de Dieu implantée en eux et ne reconnaissent aucun autre jugement (Jacques 1-21 -25, II, 12). Nous-mêmes, ne sommes-nous pas trop attachés au qu'en dira-t-on ? Sommes-nous capables de rester fidèles même si le monde nous condamne ? Sommes-nous capables de souffrir pour le Christ, d'être avec Lui signe de
contradiction (Luc II, 34) ? Le second acte de combat est la fuite en Egypte (Matthieu II,13-15). Pour protéger notre famille, pour répondre à notre mission, sommes-nous capables de fuir en Egypte, de rompre des relations mauvaises ou simplement dangereuses ? Demandons au Seigneur la grâce de mieux voir ce qui menace la fidélité de nos familles et profitons de Noël pour nous résoudre à fuir nos habitudes et les gens qui nous empêchent de recevoir le pain quotidien de la grâce et de bien lutter contre le mal.


Enfin, la liberté de la Sainte Famille ne semble pas s'être exercée dans des grandes choses mais bien plutôt dans les humbles devoirs domestiques qui n'ont guère d'histoire. Sommes-nous exacts à nos devoirs d'Etat comme le furent les membres de la Sainte Famille que nous imaginons dans l'atelier de Nazareth où chacun tient sa place selon la loi naturelle (Luc II, 51 -52) ? Sommes-nous exacts à nos devoirs religieux, composante essentielle du devoir d'état familial, comme le furent les membres de la Sainte Famille que nous voyons maintes fois au Temple de Jérusalem (Luc II, 21-50) ? Demandons au Seigneur la grâce de mieux considérer les petites observances qui nous établissent sur de grandes choses (Matthieu XXV, 14-30) et profitons de Noël pour nous résoudre à être plus attentifs aux petites choses de la vie familiale qui nous uniront mieux au Seigneur.


Pour nos familles, comme pour la Sainte Famille, notre liberté, c'est le Christ, qui, nous délivrant du péché et de la mort, nous associe à son action rédemptrice ; notre liberté est à la fois un don, un risque et une conquête ; somme-nous capables de nous donner au Christ ? Sommes- nous capables de risquer pour le Christ ? Ce sont les conditions obligatoires de la conquête au Christ de nous-mêmes et des autres.


Abbé Christian-Philippe Chanut
 

vendredi 21 décembre 2018

La pastorale des santons de provence

 Noël c'est bien, par excellence Dieu avec nous. Ce mystère présente au regard de notre âme ses deux faces divine ( marquée par la présence des anges, l'étoile, la naissance virginale, l'adoration du nouveau-né) et humaine (une crèche, une jeune mère, des bergers, des mages...). 

Contemplons ce mystère joyeux en nous rapprochant de la crèche et en observant tous ces personnages qui sont entrés providentiellement en contact avec Jésus, l'Enfant-Dieu.


La Crèche
"Il n'y avait pas de place pour eux à l'hôtellerie" : dès l'aube de sa vie Jésus connaît le rejet comme une lointaine annonce de la Passion. Il ne va pas imposer sa présence au village qui ne veut pas de lui ; il se manifeste aux coeurs simples et ouverts qui, sur la foi de l'annonce des Anges, viennent l'adorer. Quand Jésus ressuscitera, de même, il n'apparaîtra pas à la foule des Juifs, mais aux Douze , à Marie-Madeleine, et aux disciples d'Emmaüs, abattus mais prêts à croire. Une étable, était-ce une place pour la naissance du Roi des Rois ? Le mystère de Noël nous invite à voir où sont les vrais biens : le détachement des richesses matérielles nous libère pour le Royaume des Cieux. "Là où est ton trésor, là est ton coeur". (Mat. VI, 21).
Quant à l'âne et au boeuf, ces deux animaux, repris par l'imagerie populaire, ils sortent tout droit du premier chapitre d'Isaïe, le plus messianique des prophètes de l'Ancien Testament, pour exalter la simplicité du coeur et condamner l'orgueil et la suffisance. 

Les anges et les bergers
De simples bergers sont appelés à être témoins de l'événement de la naissance du petit Enfant, Dieu éternel. Des bergers, des âmes simples, vivant au contact de la nature et des bêtes. Dans leur vie, pas de précipitation ; leur rythme est celui de leur troupeau. Ils prennent le temps de réfléchir, d'observer la création. Ils sont par profession des hommes du silence, de la contemplation, mais aussi de la vigilance et de l'attention. Ils ont cru simplement. Ils ont reçu la grâce insigne de voir le Verbe Incarné. Ils sont nos modèles. "Bienheureux les coeurs purs car ils verront Dieu". C'est à ces hommes simples que se manifeste la gloire du ciel.
Les Anges, ces esprits créés par Dieu pour l'adorer et le servir, accomplissent à Bethléem leur double fonction de glorifier Dieu et d'être ses messagers. Totalement libres, ils adorent, ils louent, ils chantent l'infinie bonté de Dieu, ils forment sa cour céleste ; ils montrent qu'il n'y a rien d'autre à faire sinon devenir des louanges de gloire. Ils montrent que la suprême humilité consiste, non pas à se regarder pour s'accuse,r mais à s'oublier dans l'admiration et à se cacher dans la lumière. Les                                              anges, messagers de Dieu, sont venus révéler aux bergers l'invisible au-delà du visible. 

Les Mages et l'Etoile
Saint Augustin fait remarquer que, contrairement aux bergers qui sont israélites, les Mages qui s'approchent du berceau de l'Enfant-Dieu sont des étrangers. "Les pasteurs étaient des gens simples et du bas peuple, les Mages étaient des sages et des hommes de haute qualité" commente encore saint Thomas en concluant : "On voit par là qu'aucune condition humaine n'est exclue du salut du Christ (cf Col. III, 11) "Dans le Christ, il n'y a plus ni homme ni femme, ni gentil, ni juif, ni esclave, ni homme libre". Ce qui est remarquable dans cette arrivée des Mages à la crèche, c'est la probité de leur démarche, leur recherche humble et fidèle de la vérité. "Vidimus, venimus".  Les Pères de l'Eglise ont cherché à comprendre pourquoi Dieu avait choisi différents
moyens pour annoncer la naissance de son Fils : des Anges pour des bergers, une étoile pour les Mages. Par paroles, ou par signe, Dieu se fait connaître aux hommes de bonne volonté. Et nous-même, rappelons-nous qu'à défaut de pouvoir nous exprimer clairement pour annoncer l'Evangile, comme les Anges aux bergers, nous pouvons toutefois imiter l'étoile en chrétiens "dans le monde" à notre place -mais "pas du monde", témoins et apôtres par l'exemple bien souvent silencieux, et vivant en enfants de lumière comme l'étoile qui brille dans la nuit de ce monde de ténèbres.  "Il est important, chers jeunes, de scruter les signes par lesquels Dieu nous appelle et nous guide. Lorsque nous sommes conscients d'être conduits par lui, le coeur ressent
une joie authentique et profonde qui s'accompagne d'un vif désir de le rencontrer et d'un effort persévérant pour le suivre docilement"
(Jean-Paul II - JMJ 2005).

 "Les présents qu'offrent les mages au Messie, poursuit Saint Jean-Paul II, symbolisent la véritable adoration. Par l'or ils soulignent sa dignité royale ; par l'encens ils confessent qu'il est prêtre de la Nouvelle Alliance ; en lui offrant la myrrhe, ils célèbrent le prophète qui versera son sang pour réconcilier l'humanité avec son Père. Vous aussi offrez au Seigneur l'or de votre existence, c'est-à-dire votre liberté pour le suivre par amour en répondant fidèlement à son appel, faites monter vers lui l'encens de votre prière ardente à la louange de sa gloire ; offrez-lui la myrrhe, c'est-à-dire votre affection pleine de gratitude envers lui, vrai Homme, qui nous a aimés jusqu'à mourir, comme un malfaiteur, sur le Golgotha".
Et se prosternant, ils l'adorèrent : ."Soyez des adorateurs de l'unique vrai Dieu en lui reconnaissant la première place dans votre existence ! L'idolâtrie est une tentation constante de l'homme (…) Ne cédez pas aux illusions mensongères et aux modes éphémères qui laissent souvent un tragique vide spirituel ! Refusez les séductions de l'argent, de la société de consommation et de la violence sournoise qu'exercent parfois les médias. L'adoration du vrai Dieu constitue un authentique acte de résistance contre toute forme d'idolâtrie. Adorez le Christ. Il est le Rocher sur lequel bâtir votre avenir ainsi qu'un monde plus juste et plus solidaire ; il est le Prince de la Paix, la source du pardon et de la réconciliation qui peut rendre frères tous les membres de la famille humaine".

Hérode
Hérode va déchaîner la violence sur les Saints Innocents à cause de Lui. Il est déjà le signe de contradiction qu'Il sera toute sa vie terrestre et que l'Eglise
demeure jusqu'à la consommation des siècles. Hérode reste le type de l'autorité dévoyée quand elle n'est pas soumise au Christ-Roi, au
Prince de la Paix. "Qui n'est pas avec moi est contre moi" (Mat. XII, 30). Les Saints Innocents de tous les temps en ont fait les frais. Et les attaques contre la vie, contre la Vie, aujourd'hui, procèdent de la même diabolique logique. Jésus ira jusqu'au Calvaire et annonce à ses disciples qu'ils auront à le suivre sur ce dur chemin de croix. C'est le moyen du salut. Aussi le Christ en a-t-il fait une béatitude : "Bienheureux ceux qui sont persécutés pour la Justice car le Royaume des cieux leur appartient. Bienheureux serez-vous quand on vous outragera, qu'on vous poursuivra, qu'on dira mensongèrement toute sorte de mal contre vous à cause de moi. Réjouissez-vous et tressaillez d'allégresse car votre récompense sera grande au ciel". (Mat. V, 10-12) Cela aussi
c'est la joie de Noël !


Marie et Joseph
Joseph, qui a assumé la paternité légale de l'Enfant-Jésus à Nazareth est présent à Bethléem, sa patrie, silencieux sous le poids du Mystère qui a bouleversé sa vie. Toujours discret, il est actif et efficace dans sa mission de protecteur de la vie et de la réputation de Marie et de Jésus. Son exemple fait de lui un modèle de la vie intérieure. Il a vécu auprès des deux êtres les plus extraordinaires qu'ait portés la terre, et n'a pas laissé une parole de lui dans l'Evangile sinon celle du nom de l'Enfant-Dieu.
Marie est la mère de Jésus parce qu'elle est la toute pure. La naissance virginale de Jésus, Dieu et homme, dans le silence de la nuit est vraiment le mystère de Noël : "Il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme". "L'approfondissement de sa foi en la maternité virginale a conduit l'Eglise à confesser la virginité réelle et perpétuelle de Marie, même dans l'enfantement du Fils de Dieu fait homme. En effet, la naissance du Christ n'a pas diminué mais consacré l'intégrité virginale de sa mère. La liturgie de l'Eglise célèbre Marie comme toujours vierge." (CEC 499) . Personne ne s'est donné à la contemplation du visage du Christ avec autant d'assiduité que Marie. Ce sera parfois un regard interrogatif, comme dans l'épisode de sa perte au temple, ce sera dans tous les cas un regard pénétrant, capable de lire dans l'intimité de Jésus, jusqu'à en percevoir les sentiments cachés et à en deviner les choix, comme à Cana ; en d'autres occasions, ce sera un regard douloureux, surtout au pied de la croix, où il s'agira encore, d'une certaine manière, du regard d'une "femme qui accouche", puisque Marie ne se limitera pas à partager la passion et la mort du Fils unique, mais qu'elle accueillera dans le disciple bien-aimé un nouveau fils qui lui sera confié; au matin de Pâques, ce sera un regard radieux et, enfin un regard ardent lié à l'effusion de l'Esprit au jour de la Pentecôte. Marie n'est-elle pas ainsi la première envoyée-apôtre, la première missionnaire manifestant Dieu aux hommes en le "mettant au monde" dans la nuit de Noël ? 


Jésus
L'humanité de Jésus est l'instrument de la grâce, c'est dans son corps et son âme, par son humanité qu'Il nous sauvera en réparant l'offense à Dieu qu'ont causée nos péchés. "Pour plaire à Dieu, écrit sainte Thérèse d'Avila, pour recevoir de lui de grandes grâces, il faut, et telle est sa volonté, qu'elles passent par les mains de son humanité sacrée en laquelle il a déclaré prendre lui-même ses complaisances (…) J'ai reconnu manifestement que c'est, là, la porte où nous devons entrer si nous voulons que sa Souveraine Majesté nous découvre ses hauts secrets …on marche avec assurance sur cette route là". A bien réfléchir, toute l'économie du salut est fondée sur cette vérité. L'Eglise, les sacrements, la prédication : autant de moyens sensibles par lesquels
Dieu nous amène à Lui comme par une extension de son Incarnation. Jésus, au Tabernacle comme dans la Crèche, c'est bien l'Emmanuel, Dieu avec nous, la Présence réelle. Le Christ, ici et là, est substantiellement présent dans la réalité de son Corps et de son Sang. Dans l'humanité vagissante du petit Enfant de la crèche, comme sous les espèces dérisoires du pain et du vin, c'est Dieu qui nous est donné. Les bergers et les mages se prosternent devant l'Enfant-Jésus, comme nous faisons la génuflexion devant l'Hostie Sainte, geste qui serait de l'idolâtrie si l'Enfant n'était pas Dieu, si le Pain n'était pas le Corps du Christ. 

Extrait de méditations des Dominicaines du Saint-Esprit
 

jeudi 20 décembre 2018

La Sainte famille : un modèle quotidien

La Sainte Famille nous montre quelle doit être notre vie, à son image. Saint Joseph a su accepter le mystère de Marie ; tous deux ont connu maintes épreuves ensemble (montée à Bethléem, fuite en Egypte, pauvreté à Nazareth), ce qui ne les a pas empêchés d’élever Jésus "comme tout enfant de son âge, et Celui-ci "leur était soumis ".

Toute vie chrétienne comporte des croix : elles sont nécessaires à notre progrès spirituel, et doivent être acceptées comme tel. Dans le mariage, ces croix sont une nouvelle occasion incomparable de charité, par l’aide que les deux époux peuvent s’apporter mutuellement : "L’amour devient maintenant soin de l’autre et pour l’autre " (Benoît XVI : op, cit.6). Jean-Paul II résume sa vocation : « La famille reçoit la mission de garder, révéler et de communiquer l’amour, reflet vivant et participation réelle de l’amour du Christ Seigneur pour l’Église, son épouse (Familiaris Consortio. 17). Ainsi, elle aura la joie – ici-bas – dans les prémices du Royaume, et par là rayonnera la Charité.

"La Famille est une école de sainteté. Là, comme en un sanctuaire sacré, sont appelés à prendre naissance et à grandir tous les rachetés du Christ, vrais fils de Dieu, cohéritiers du Verbe incarné par la grâce de leur baptême, concitoyens des anges et des saints, prédestinés à vivre dans l’unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. La famille de la terre prépare la famille des enfants de Dieu dans les splendeurs des saints. " (Père PHILIPON op)
C’est exprimer combien la charité – " amour de Dieu et amour du prochain inséparables " (Benoît XVI : Deus caritas est 18) – est l’expression normale de l’amour conjugal, qui permet ainsi aux deux époux d’accomplir pleinement leur union.

Comment " aimer " ?
Tout d’abord en restant tournés vers Dieu. La prière en famille, parents puis enfants réunis, permet de réaliser cette ecclesiola, et d’apprendre aux enfants le caractère nécessaire et indispensable de la prière. L’assistance à la messe dominicale où les parents, et plus spécialement le père de
famille, apprennent aux enfants le sens de la liturgie, et la nécessité de certains gestes (se mettre à genoux…) traduisant la piété et l’humilité.
En respectant les principes évangéliques : Accepter une honnête pauvreté, en sachant se priver du superflu pour pouvoir aider ceux qui en ont vraiment besoin (et qui ne sont pas forcément de l’autre côté du globe).
Ne pas avoir d’attitude inutilement sensuelle et enseigner la pudeur (pour soi) en espectant celle des autres.
Savoir enseigner l’obéissance due aux parents, qui est nécessaire dans toute société, et est une manifestation de l’amour : il faut désirer pour chaque membre de notre famille le ciel, et tâcher de l’y conduire.
Mais il faut aussi savoir pardonner (ne jamais laisser le soleil se coucher sur une offense) : entre époux, comme entre parents et enfants, et entre enfants. Le pardon nécessite la miséricorde ET l’équité, car il ne s’agit pas ou d’effacer la faute, en faisant comme si elle n’avait pas existé, empêchant ainsi toute conversion ; ni la rappeler sans cesse, faisant qu’aucun retour n’est possible. Une juste peine est un bien, qui restaure l’ordre perturbé.


Tout ceci suppose quelques " petites vertus ", rappelées par Monseigneur Chevrot : la courtoisie, l’effacement, la gratitude, la sincérité, la discrétion, l’espérance, la bonne humeur, la bienveillance, l’économie, l’exactitude, la diligence, la patience, la persévérance sont les alliés indispensables à l’exercice de la charité.

Enfin, en ayant toujours présent à l’esprit le " tu ne tueras pas ". L’avortement, tout comme la contraception qui en est le corollaire, ne doivent pas
être même envisagés. L’euthanasie, à distinguer du refus de l’acharnement thérapeutique, est toujours à proscrire par le mépris qu’il manifeste aux personnes âgés, et donc à nos propres parents.
L’acceptation des vocations sacerdotales ou religieuses : seul moyen d’empêche nos Dieu est amour, nous dit saint Jean : Marie a aimé son Fils toute sa vie, et est devenue notre Mère au pied de la Croix. Elle est donc le reflet de l’amour du Fils pour nous. Et nous savons, en outre, qu’en prononçant son Fiat, elle a exprimé toute l’immense charité pour Dieu et pour chaque homme, qui est sienne. En outre, les vertus qu’Elle a montrées tout au long de sa vie terrestre – à savoir, la Foi, la virginité, l’humilité – font qu’Elle est notre modèle, tout en intercédant pour nous auprès de son Fils.

 

 

 

mercredi 19 décembre 2018

Pour Noël, pensez à l'unique nécessaire !

Qu'est-ce que l'unique nécessaire ? 


En premier lieu, c'est unique. C'est-à-dire qu'il n'en existe pas d'autre, c'est le seul. Secondement, c'est nécessaire. On ne peut s'en passer pour vivre, ou pour mieux dire, survivre. Mais s'agit-il de la survie de notre existence ou de la survie de notre âme ?


L'unique nécessaire revêt alors un sens matérialiste et un sens spirituel, qui peuvent d'ailleurs s'entremêler. La définition de l'unique nécessaire au sens matérialiste est simple et recouvre l'expression des besoins naturels (se nourrir, se loger, s'habiller) est l'image même de la survie ici-bas et l'expression des besoins secondaires (loisirs, ...), petite cerise sur le gâteau de notre pauvre existence.


Une fois que nous avons réfléchi à cela, posons-nous la question : qu'est-ce qui est nécessaire pour moi ? Plus d'argent ? de biens ? Sans doute ces choses sont absolument uniques et nécessaires pour améliorer l'ordinaire d'une routine quotidienne. Voyez le malheureux qui s'épuise à toujours vouloir plus et plus d'argent. Il peut faire en effet tout ce qu'il veut, mais il passe à côté de son existence, il ne voit pas ce qui l'entoure, il lui faut toujours plus. Comme le disait Dalida, «j'ai réussi dans la vie, mais j'ai raté ma vie»...

Arrêtons-nous un instant sur notre vie. Que voyons-nous ? Partout on nous dit comment penser, ce qu'il faut faire et se procurer à tout prix. Il faut ressembler à, se soumettre pour être bien vu. .. notre volonté est annihilée. Nous ne faisons plus ce que nous voulons,  nous obéissons à la volonté de la masse dans laquelle nous nous perdons. Nous n'emporterons pas avec nous tout ce que nous avons amassé durant notre vie. «Celui qui veut retenir ma parole, qu'il vende tous ses biens, les distribue aux pauvres et qu'il me suive» nous dit Jésus. Seules nos bonnes et nos mauvaises actions nous suivrons quand nous nous présenterons devant l'Eternel pour être jugés. A quoi cela nous sert-il alors d'être matérialiste ?
L'unique nécessaire est évidemment la recherche de Dieu en toute chose.L'unique nécessaire est de vivre selon les quatre vertus cardinales (force, justice, prudence et tempérance) pour ouvrir notre conscience à la pratique de la Foi qui nous conduit naturellement aux trois vertus théologales : Foi, Espérance et Charité. C'est en développant ce concept que l'on est amené à prendre conscience que Dieu s'adresse naturellement à notre intelligence. 
Le moyen le plus sûr pour arriver à cet état de conscience, c'est la prière. La prière est notre plus grande force. C'est elle qui nous rapproche de Dieu. Pour cela, il nous faut retrouver une âme d'enfant, honnête, sincère et pure.  "La prière est une élévation de l'esprit vers Dieu pour L'adorer, pour Le remercier et pour Lui demander ce dont nous avons besoin" nous enseigne le Catéchisme. Lors d'une prière, ne demandons pas de choses matérielles mais plutôt les grâces du Seigneur pour mériter le Salut Eternel. Nous devons principalement demander à Dieu sa gloire, notre salut éternel et les moyens pour y arriver. Nous pouvons aussi demander des biens temporels à condition qu'ils soient nécessaires à notre salut. A condition de Lui faire confiance, Dieu nous donnera toujours de quoi vivre ici-bas. La plupart d'entre nous l'oublie souvent, nous ne faisons pas assez confiance à Dieu. 
Pour bien prier, il est nécessaire de le faire avec recueillement, humilité, confiance,

L'unique nécessaire, c'est donc la prière. L'unique nécessaire est à notre portée. 

mardi 18 décembre 2018

Prière à la Sainte Famille

Sainte Famille, Trinité de la terre, Jésus, Marie et Joseph, sublimes modèles et tuteurs des familles chrétiennes, nous recourons à vous, non seulement pour nous fortifier dans la douce contemplation de vos aimables exemples, mais aussi pour implorer votre protection et vous promettre une constante fidélité dans la voie que vous nous montrez.

Votre paix, votre inaltérable sérénité réconfortent nos esprits tourmentés parmi les angoisses d'une vie toujours plus compliquée et difficile, en nous montrant avec éloquence que c'est seulement dans les foyers ornés et enrichis des vertus domestiques que vous nous enseignez, que nos coeurs pourront trouver le repos et la félicité auxquels nous aspirons tant.

Mais comment cette frêle plante qu'est la famille pourra‐t‐elle se défendre de l'ardeur des passions sans frein, des mouvements insidieux de révolte qui, pour ainsi dire, se glissent en tout lieu, de l'ouragan de la vie moderne, qui dirait‐on, veut tout bouleverser? Comment, sinon en faisant nous‐mêmes pénétrer profondément ses racines dans la terre généreuse de la piété chrétienne; en implorant pour elle la rosée abondante de la grâce divine, spécialement par la participation commune aux sacrements; en l'animant d'un véritable esprit de foi, qui l'amène à dominer la conception matérialiste de la vie; en unissant tous ses rameaux par l'étroit lien d'un amour qui, s'il n'était surnaturel, passerait comme tout ici‐bas; en la consolidant dans son être‐même, par la ferme résolution d'accomplir chacun de nos devoirs en tout ce que nous impose le bon ordre de la famille; en la soutenant dans les difficultés de cet exil terrestre, où parfois manque jusqu'à une honnête demeure, ou bien font défaut les moyens suffisants de subsistance.

Dans le désordre des idées qui souvent trouble les esprits, nous proclamons hautement la sainteté, l'unité et la mission divine de la famille chrétienne, cellule de la société et de l'Eglise; et, chacun à notre place, ‐parents et enfants‐  avec modestie mais avec fermeté, nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre pouvoir, pour qu'un idéal aussi saint soit dans le monde une réalité.

Aidez‐nous, Joseph, miroir de la plus admirable paternité dans le soin assidu dont vous avez su entourer le Sauveur et la Vierge, vous conformant fidèlement aux inspirations divines; venez à notre secours, Marie, la plus aimante, la plus fidèle et la plus pure de toutes les épouses et de toutes les mères; assistez‐nous, Jésus, qui pour nous être en tout un éclatant modèle, vous êtes fait le plus soumis des fils.

Soyez toujours tous trois auprès de nous, dans les heures de joie et dans les heures de tristesse, dans notre travail et dans notre repos, dans nos inquiétudes et dans nos espoirs, auprès de ceux qui naissent et de ceux qui meurent. Et obtenez‐nous que tous les foyers, saints à l'exemple du vôtre, soient pour tous leurs membres des écoles de vertu, des asiles de sainteté, un chemin assuré vers cette éternelle béatitude que, par votre intercession, nous espérons avec confiance.

Ainsi‐soit‐il.

Pie XII

Lundi 17 décembre 2018

Eloge de l'amitié

Aujourd’hui on parle de bien nombreux types d’amitié, des amitiés à géométrie variable : comment essayer de régler notre propre amitié ?

L’Ecriture Sainte sait faire l’éloge de l’amitié : « il est trois choses que mon âme désire qui sont agréables à Dieu et aux hommes, l’accord entre frères, l’amitié entre voisins et un mari et une femme qui s’entendent bien ». Saint Basile  écrit d’ailleurs dans ses Grandes Règles : « qui ne se rend compte que l’homme, être social et doux, n’est pas fait pour la vie solitaire et sauvage ?  Rien n’est plus conforme à notre nature que de nous fréquenter mutuellement, de nous rechercher les uns les autres, et d’aimer notre semblable ».

Le Père Jean-Philippe Lemaire, moine de Solesmes précise : « l’amitié est une fleur délicate ; elle ne fleurit pas, au moins d’ordinaire sur les monts sauvages, mais plutôt en terres cultivées. L’amitié est fruit de la culture ».

Dans l’antiquité, les physiciens grecs ((Empedocle, Héraclite), pour expliquer les phénomènes cosmiques, appelaient « amitié », le principe d’attraction et de répulsion des corps qui président à leur combinaison et à leur désagrégation. A 3 ans, Mozart disait « je cherche des notes qui s’aiment ». Socrate restreint l’amitié à l’être humain, Aristote la présente  comme le sommet des rapports humains.

Au-delà des amitiés fondées sur l’utilité ou l’agrément, l’amitié noble ou philia, fait aimer l’ami pour lui-même, c’est une bienveillance unie à une complaisance qui est aussi réciproque.

Cette amitié demande du temps, s’entretient et requiert une certaine communauté de vie et une certaine égalité. Si l’un des amis est trop éloigné de l’autre (comme par exemple Dieu), il n’y a plus d’amitié possible.

Le Christianisme n’ignore pas la grandeur de l’amitié : la veille de Pâques, le Christ livre son cœur à ses apôtres « je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle amis ». A travers l’Incarnation une amitié est désormais possible avec Dieu parce que Dieu l’a voulu et s’est fait proche des hommes.

Tanquerey dans son traité de morale décrit les qualités de cette amitié : « Cette amitié, au lieu d'être passionnée, absorbante et exclusive… se caractérise par le calme, la retenue, la confiance mutuelle... C'est... une affection constante, qui va en croissant, au rebours de l'amour passionné qui tend à s'affaiblir. Elle est pleine de respect et réserve, parce qu'elle ne désire que des communications spirituelles. On se communique donc ses pensées, ses desseins, ses désirs de perfection. Et parce qu'on veut se perfectionner mutuellement, on ne craint pas de s'avertir de ses défauts et de s'entraider à les réformer. La confiance mutuelle qui règne entre deux amis empêche l'amitié d'être inquiète, absorbante et exclusive ; on ne trouve pas mauvais que notre ami ait d'autres amis ; on s'en réjouit même pour son bien et celui du prochain.

 L’ami est une sauvegarde au point de vue de la vertu. Nous avons besoin d'un égal, avec lequel nous puissions causer en toute liberté. Si nous ne le trouvons pas, nous serons exposés à faire des confidences regrettables à des personnes qui ne méritent pas notre confiance, et ces confidences ne seront pas toujours sans danger pour nous et pour elles.

C'est aussi un conseiller intime, à qui nous soumettons volontiers nos doutes et nos difficultés et qui nous aide à les résoudre ; un moniteur sage et affectueux qui, nous voyant agir et sachant ce qu'on dit de nous, nous dira la vérité et nous empêchera parfois de commettre bien des imprudences.

C'est enfin un consolateur, qui écoutera avec sympathie le récit de nos peines, et trouvera dans son cœur les paroles nécessaires pour les adoucir et nous réconforter. »

L’amitié est bonne en elle-même en tant que naturelle à l’homme. Elle réconforte dans les peines et engendre la joie. L’austère Curé d’Ars constatait : « Un peu d’amitié, c’est tout ce qu’il me faut. »

La chrétienté est une gigantesque amitié et Notre Dame de Chrétienté signifie que Marie a un regard sur cette amitié. Marie nous conduit sur cette route de la chrétienté. Comme dit St Louis Marie Grignon de Montfort, quand on dit Marie, on dit Jésus, donc le Seigneur nous conduit également sur cette route.

A l’opposé de cela il y a les amitiés particulières, basées sur un choix qui n’est pas très louable, fondé sur les qualités sensibles ou frivoles en vue de jouir de la présence et des agréments de la personne aimée. C’est une sorte d’égoïsme déguisé : on aime quelqu’un à cause du plaisir que l’on trouve en sa compagnie. En touchant la complaisance, on perd la bienveillance. Dans un traité de morale, Tanquerey écrivait « au point de vue de leur origine, elles commencent soudainement et fortement parce qu’elles résultant d’une sympathie naturelle et instinctive, elles sont basées sur des qualités extérieures et brillantes ou du moins qui paraissent telles, elles sont accompagnées d’émotions vives, parfois passionnées. Dans leur développement elles s’alimentent par des conversations parfois insignifiantes mais affectueuses, parfois trop intimes et dangereuses, par des regards fréquents qui dans certaines communautés suppléent aux conversations particulières, par des caresses, des serrements de mains expressifs…quant à leurs effets, elles sont empressées, absorbantes et exclusives. On s’imagine qu’elles seront éternelles mais une séparation suivie d’autres attachements y met souvent une fin brusque ».

Dieu ne veut pas d’un cœur partagé où l’âme perd le recueillement intérieur, la paix, le goût des exercices spirituels, du travail, les pertes de temps où la pensée se porte trop souvent vers l’ami absent, du dégoût, du découragement. La sensibilité arrive à prendre le dessus sur la volonté et tous les excès sont possibles parce que cette relation était fondée sur du vide. Elle n’avait d’autre fondement que le propre plaisir. Dans l’autre, c’était moi qui comptais.

Le seul remède sera le retour a la fidélité : éviter non seulement de rechercher celui qu'on aime de la sorte, mais éviter même de penser volontairement à lui ; et si on ne peut éviter d'être quelquefois avec lui, qu'on le traite avec politesse et charité, mais sans jamais lui faire de confidences ou lui donner des marques spéciales d'affection. Positivement, on s'absorbe aussi activement que possible dans la pratique de ses devoirs d'Etat ; et quand, malgré tout, se présente a l'esprit la pensée de celui qu'on aime, on en profite pour faire un acte d'amour envers Notre Seigneur. Par la on profite de la tentation elle-même pour aimer davantage Celui qui seul mérite de fixer notre cœur.

Extraits d'une conférence de Dom Pateau, Abbé de Notre Dame de Fontgombault, sur l'Amitié

 

Vidéo-témoignages : Histoire et Origine du Pèlerinage de Chrétienté (2ème partie)

Chers amis pèlerins, 



« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles » (Sénèque)

Vous connaissez le pèlerinage aujourd’hui mais à son origine il a fallu des hommes de foi pour oser, avec la grâce de Dieu, démarrer cette formidable aventure spirituelle. Aussi, Notre Dame de Chrétienté a interrogé les 4 principaux fondateurs pour nous raconter l’histoire et l’origine du Pèlerinage de Chrétienté.

Dimanche 16 décembre 2018

Réflexion sur le silence

Nous ne pourrions pas être en présence de Dieu si nous ne nous obligions pas au silence intérieur et extérieur. C'est pourquoi nous devons nous habituer au silence de l'esprit, des yeux et de la langue. (Mère Teresa)

 

Qu'est-ce que le silence?

Une chose redoutable... Une pure privation de bruit, mais aussi de parole ou de discours... Un dépouillement pour entrer en contact avec l'absolu... Sujet de crainte et d'attirance... Vide ou plein... Pierre d'angle de toute vie spirituelle et intellectuelle.... Attitude de l'enfant qui consent à la présence de l'être aimé... Antidote à la modernité... Antichambre nécessaire à la parole (sous peine d'inconsistance) ; silence de plénitude dont la parole sera le débordement. Un certain bavardage consiste en effet à projeter en soi et dans les autres son propre vide.

Appel au silence intérieur

Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur écoute.

Je suis votre serviteur, donnez-moi l'intelligence, afin que je connaisse vos témoignages.

Inclinez mon coeur aux paroles de votre bouche, qu'elles tombent en lui comme une rosée.

Les enfants d'Israël suppliaient Moïse; parle-nous, toi, mais que le Seigneur ne nous parle pas, crainte que nous ne mourions. Comme Samuel, je vous implore; Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur écoute.

Vos prophètes peuvent prononcer des paroles, mais non les rendre efficaces.

Leur langage est sublime. Mais si vous vous taisez, il n'échauffe pas le coeur.

Ils exposent la lettre, vous en découvrez le sens.

Ils proposent les mystères, mais vous cassez le sceau qui en fermait l'intelligence.

Ils publient vos commandements, mais vous aidez à les accomplir.

Ils montrent la voie, mais vous donnez des forces pour marcher.

Ils agissent du dehors. Vous agissez en éclairant et instruisant les coeurs.

Ils arrosent à l'extérieur, mais vous donnez la fécondité.

Leur parole frappe l'oreille, mais vous donnez l'intelligence.

Imit Xsti, l III, cc 1 et 2


 

ce?

Une chose redoutable... Une pure privation de bruit, mais aussi de parole ou de discours... Un dépouillement pour entrer en contact avec l'absolu... Sujet de crainte et d'attirance... Vide ou plein... Pierre d'angle de toute vie spirituelle et intellectuelle.... Attitude de l'enfant qui consent à la présence de l'être aimé... Antidote à la modernité... Antichambre nécessaire à la parole (sous peine d'inconsistance) ; silence de plénitude dont la parole sera le débordement. Un certain bavardage consiste en effet à projeter en soi et dans les autres son propre vide.

Appel au silence intérieur

Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur écoute.

Je suis votre serviteur, donnez-moi l'intelligence, afin que je connaisse vos témoignages.

Inclinez mon coeur aux paroles de votre bouche, qu'elles tombent en lui comme une rosée.

Les enfants d'Israël suppliaient Moïse; parle-nous, toi, mais que le Seigneur ne nous parle pas, crainte que nous ne mourions. Comme Samuel, je vous implore; Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur écoute.

Vos prophètes peuvent prononcer des paroles, mais non les rendre efficaces.

Leur langage est sublime. Mais si vous vous taisez, il n'échauffe pas le coeur.

Ils exposent la lettre, vous en découvrez le sens.

Ils proposent les mystères, mais vous cassez le sceau qui en fermait l'intelligence.

Ils publient vos commandements, mais vous aidez à les accomplir.

Ils montrent la voie, mais vous donnez des forces pour marcher.

Ils agissent du dehors. Vous agissez en éclairant et instruisant les coeurs.

Ils arrosent à l'extérieur, mais vous donnez la fécondité.

Leur parole frappe l'oreille, mais vous donnez l'intelligence.

Imit Xsti, l III, cc 1 et 2


 

samedi 15 décembre 2018

A Dieu, Bertrand de Saint Savin

 

Chers amis pèlerins, 

Nous avons appris le rappel à Dieu de Bertrand de Saint Savin, le 10 décembre dernier, au terme d'une longue et douloureuse maladie. 

Lors d'une retraite sur saint Joseph, j'apprenais de lui qu'il était certes un personnage discret, secondaire en regard de Jésus et Marie. Secondaire, mais pas insignifiant. Discret mais zélé et dévoué. Une personne unique aux yeux de Dieu, et non une simple fonction utile. 

On peut appliquer ce mot à Bertrand. Il aura servi avec discrétion et zèle, dans ses responsabilités de père de famille, d'epoux, d'éducateur, de secouriste, de chrétien. 

Après 28 ans au service des jeunes à Passy Buzenval, il a prolongé son dévouement dans la transmission auprès de 2 écoles catholiques hors contrat (Institut St Joseph Croix des vents à Sées et institution l'Espérance à Ste Cécile). Témoignage et juste retour de gratitude, une délégation de ses anciens élèves étaient présents à ses obsèques. 

Chevalier de l'ordre de Malte, il a mis en pratique le principe fondamental de l'esprit de chevalerie: force et compétence au service du bien et du vrai, en particulier envers les plus faibles. 

Il a servi notamment à Notre-Dame de chrétienté  au sein des soutiens, comme secouriste pour les pèlerins. 

Ses obsèques ont eu lieu jeudi 13 décembre à la Chapelle Themer. 

En ce temps où nous regardons la crèche, nous regardons avec foi le Dieu sauveur qui vient assumer les joies et les peines de la vie de famille. Et nous remettons entre les petites mains de ce grand Dieu l'âme de Bertrand. Nous lui confions aussi, par Notre-Dame, sa famille, son épouse Isabelle, ses enfants et petits enfants dans la peine. 

Miséricordieux Jesus, Prince de la paix, recevez son âme en votre demeure, et donnez-lui le repos éternel ! 

Abbé Alexis Garnier, aumonier general. 

mercredi 12 décembre 2018

Islam ou Chrétienté ?

Que reste-t-il comme alternative au paganisme qui aujourd’hui se fait appeler laïcisme ? Le choix entre le catholicisme et l’islamisme, les deux religions monothéistes mondiales. Or, la propagande anti-catholique est quasi constante aujourd’hui : on tourne en dérision ses ministres, on calomnie ses religieux et religieuses, on combat ses dogmes.

Il reste donc, pour certains, la voie de l’islamisme soutenu par les finances publiques, malgré les proclamations de laïcité et de neutralité religieuse de l’Etat. Si l'on met en regard lle Catholicisme et l’Islam, au-delà de toute comparaison entre Jésus et Mahomet qui n'aurait pas lieu d'être   :  

  • La base du christianisme est l'amour, (l'amour de Dieu pour les hommes, des hommes pour Dieu et des hommes entre eux au nom de leur filiation commune à Dieu et parce que Dieu est en chacun d'eux). La base de l'Islam est la soumission à Allah, à ses règles et la crainte de sa colère.  Le message d'Allah est donc d'abord un avertissement.                                                                                                                           
  •  Jésus enseignait qu'il faut aimer son prochain - même s'il est notre ennemi et respecter les 10 commandements, dont "Tu ne tueras point".  Jésus dénonçait les actes violents et ne participait pas à l'ostracisme que subissaient certaines catégories de personnes (samaritains, pharisiens, publicains, femmes adultères, etc). Entre eux, les musulmans se doivent d'être non-violents et hospitaliers. Il doivent en revanche  éviter,  combattre, piller, capturer les non-musulmans pour en faire des esclaves, les réduire au statut inférieur de dhimmi ou les tuer s'ils refusent de se convertir. 
  • Le Christianisme a élevé le niveau de civilisation des peuples qui se sont convertis là où l’imposition de l’Islam a pu de manière transitoire, donner quelques effets positifs par suite de la rencontre des civilisations des conquérants et des conquis, mais se caractérise sur le long terme par une régression civilisationnelle systématique.
  • Le Catholicisme distingue le pouvoir temporel du pouvoir spirituel là où l'Islam a toujours confondu les deux. Sa législation –la charia – ne peut séduire que ceux qui sont écœurés par le relativisme contemporain. 
  • Dans la civilisation chrétienne, dès l’origine, la femme est respectée : les femmes ont accompagné le Christ qui a choisi de faire de Marie Madeleine "l’apôtre des Apôtres" pour l’annonce de la Résurrection. L'Islam considère la femme comme un être de seconde zone : selon la charia, il faut le témoignage de deux femmes pour équilibrer celui d’un seul homme.
  • L’homme en répondant à la grâce peut faire son salut., sa liberté est entière. Dans l'Islam Dieu aurait décidé de toute éternité le salut ou la damnation des hommes, l'Islam incarne le fatalisme ; les moindres actes humains seraient fixés et l’homme n’aurait aucune liberté d’action.
  • Pour les catholiques, à la fin du monde, les corps ressuscitent en corps glorieux (ou damnés) qui ne sont plus soumis aux besoins de l’homme charnel. Pour les musulmans, la résurrection des corps est conçue comme celle qu’a vécue Lazare qui a repris sa vie normale et qui était soumis aux même besoins que les hommes de son temps.
  • Pour les catholiques, dans l’au-delà Dieu récompense les bons par la vision béatifique et par un échange d’amour. Pour les musulmans, dans l’au-delà, la récompense des bons est conçue comme un lieu de plaisirs sensibles et sensuels, sans aucune vision de la divinité.
  • Le commandement de la charité doit s’exercer vis-à-vis de tous les hommes pour un catholique ; il n’y a pas vraiment commisération pour les malheureux chez les musulmans ; leur état est voulu par Dieu. L’aumône doit servir à financer la guerre sainte ou la conversion de certains
  • Pour les catholiques, il faut évangéliser pour répandre la Parole de Dieu ; pour les musulmans, il faut tuer les mécréants. 
  • Jésus s'opposait à la loi du Talion et enseigne qu'il faut pardonner. L'Islam approuve la loi du Talion, le pardon n'est accordé quà ceux qui se soumettent à Allah, les apostats doivent être tués. 
  • Le martyr est un concept apparu après la mort de Jésus et consiste à préférer la mort à l'abjuration. En islam, le martyr est  celui qui meurt en combattant pour Allah, même s'il est à l'origine de l'agression ou sans être en état de légitime défense.  Mourir en martyr garantit le paradis au musulman, ce qui explique que des musulmans intégristes des attentats-suicide malgré que l'interdiction du suicide par l'Islam. 

Pour Renan, qui n’était pas spécialement favorable au Catholicisme,  l’Islam est la plus lourde chaîne que l’humanité ait jamais portée...

 

Comprendre ce qu'est le salafisme

Pour l’abbé Fabrice Loiseau il faut faire preuve de vigilance et de discernement à l’égard de l’islam radical.

Le mouvement salafiste est une réalité complexe et ses membres ne sont pas tous favorables au djihad armé. Cependant, sa théologie peut être source de violence. La progression du salafisme et des frères musulmans est vertigineuse en France : congrès au Bourget de l’UOIF, livre La voie du musulman prônant le djihad armé et l’application des articles les plus durs de la charia, interventions d’Hani Ramadan favorable à la lapidation des femmes, cheikh Karadawi faisant l’éloge des « attentats martyrs »… Intellectuels musulmans et imams eux-mêmes parlent de chaos pour la pensée musulmane contemporaine.

Croire au livre révélé comme parole incréée fait partie des piliers de l’Islam. Cela signifie que le Coran vient de Dieu, sans collaboration aucune avec l’esprit humain.
Si l’Église doit inviter à la paix sociale et au dialogue inter-religieux, elle doit aussi faire preuve de vigilance et de discernement. Ne cédons pas à la haine ni à la violence. Cependant le respect et le dialogue n’existent que dans la vérité. Benoit XVI, on s’en souvient, interpellait sur l’importance de la raison dans la compréhension de la Révélation afin d’éviter l’absurdité de la violence. On se souvient de la réaction de nombreux pays musulmans…

La question est précisément là : quelle est la place de la raison dans l’Islam ? La théologie salafiste n’est-elle pas une cause importante de la radicalisation de milliers de jeunes ? Luc Ferry le rappelait, la cause de ce terrorisme est religieuse. Il s’agit certes d’une vision dévoyée mais Daech cherche sa légitimité dans l’Islam des origines.

Nous sommes obligés de sortir des lieux communs pour aborder la question théologique, cause principale de cette radicalisation, particulièrement sur quatre points :

1) Croire au livre révélé comme parole incréée fait partie des piliers de l’Islam. Cela signifie que le Coran vient de Dieu, sans collaboration aucune avec l’esprit humain. Pour les salafistes, seul le sens premier du Coran est autorisé en matière de foi. Chercher à spéculer ou raisonner dialectiquement serait une innovation hérétique par rapport à la nécessité de suivre les fondamentaux des anciens. Une interprétation plus radicale est possible avec la question des versets abrogeant et abrogés ‒ la sourate 2, 106 – rappelle qu’Allah peut remplacer un verset par un autre. Pour les salafistes, les versets violents de Médine abrogent les versets plus paisibles de la Mecque. Toute vision historico-critique est vécue comme un blasphème.

2) L’imitation du prophète est un pilier de la foi de l’Islam. Pour les salafistes, impossible de contextualiser les faits et gestes du prophète (hadits). Dans la Sunna, les hadiths de Bukhary, Muslim et Tabary révèlent le massacre d’une tribu juive, les assassinats, les mécréants brûlés… Certains comprennent alors que la stratégie de la terreur fut organisée par le prophète lui-même. C’est ce que revendique l’État Islamique ou l’Arabie Saoudite lors de leurs décapitations et des différents actes de barbarie. La sourate 9 ordonne de tuer les associationnistes (ceux qui associent l’humain au divin, c’est-à-dire les chrétiens qui proclament Jésus, fils de Dieu). Ces condamnations peuvent être perçues par des esprits fanatiques comme permanentes.

3) Pour les salafistes, le monde se décompose entre terre d’islam et terre de combat. L’instauration de la charia devient une urgence en terre d’islam et son nombre important de prescriptions implique un régime islamiste. L’islam veut alors absorber la politique, la science, le culturel, la justice, l’hygiène, etc. La liberté religieuse devient très difficile. Impossible en terre d’islam de changer de religion. Nous ne pouvons, en tant que chrétiens, ignorer ces manquements à la liberté religieuse.

4) Les salafistes prévoient un sens de l’histoire inéluctable : le monde va devenir musulman avant le retour d’Issa (Jésus). Celui-ci enverra les chrétiens en Enfer parce qu’ils l’ont divinisé. Le djihad devient une urgence pour rentrer dans ces fins des temps. Une doctrine en cours explique que le djihad doit être une guerre permanente contre les non-croyants.

Sans une révision profonde de la pensée salafiste et de la théologie des frères musulmans, nous allons droit vers la terreur. Les imams modérés sont souvent dépassés dans leurs mosquées par la présence de groupes salafistes.

Si l’enjeu du dialogue est vital, il ne doit pas être aveugle. Aujourd’hui, à l’heure où nous pleurons nos morts, la naïveté et l’alignement sur une pensée unique deviennent gravement coupables. Saurons-nous trouver la force de parler en vérité ?

Islam et violence, encore et toujours...

Un triste lendemain d'attentant rend nécessaire de se poser la question du rapport entretenu par l’islam avec la violence. Quelques éléments de réponse des Missionnaires de la Miséricorde Divine pour aborder sans se voiler la face une difficulté majeure de cette religion.

Que de nombreux musulmans soient pacifistes et profondément opposés à la violence, il s’agit là d’une évidence. Malheureusement, un nombre toujours plus élevé d’entre eux agit avec une barbarie sans nom, relayée abondamment sur nos réseaux sociaux. Quel est le véritable islam ?

Pour pouvoir répondre à cette question, il ne suffit pas de regarder vivre les musulmans, il faut étudier précisément la doctrine de l’islam. C’est ce travail, reconnaissant la spécificité et la complexité de chaque religion, que la République laïque refuse de faire, posant à son insu un regard judéo-chrétien sur l’ensemble du phénomène religieux.

La violence dans le Coran

Les musulmans – savants et pratiquants, il va sans dire – considèrent le Coran comme la parole incréée d’Allah. Chaque verset est donc éternellement inscrit dans le Paradis. « Nul n’en connaît l’interprétation, sinon Allah » (Coran 3,7).

Or, en matière de violence et de liberté religieuse, de nombreux versets sont contradictoires. Par exemple, « vous avez votre religion, et moi j’ai la mienne » (109,6), ou « quiconque le veut, qu’il croie, et quiconque le veut, qu’il mécroie » (18,29). Dans le sens de la violence, nous trouvons : « et combattez-les jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus d’association » (8,39), l’association (sirk) étant le péché par excellence qui consiste à associer quelque chose d’humain à Dieu, ce que font précisément les chrétiens lorsqu’ils affirment la divinité du Christ, ou encore « O Prophète, incite les croyants au combat » (8,65), « tuez les polythéistes (mushrikun) partout où vous les trouvez ; capturez-les, assiégez-les, dressez-leur des embuscades » (9,5).

L’interprétation du Coran

Comment donc interpréter ces contradictions, puisque tout verset est sacré ? En fait, tout comme les épîtres de s. Paul, les sourates du Coran ne sont pas rangées dans l’ordre chronologique d’écriture, mais par ordre de taille. Les musulmans cherchent donc à déterminer l’ordre chronologique des sourates. Elles sont divisées en deux périodes : la période mecquoise (610-622) et la période médinoise (622-632). Au début de chaque sourate est précisée la période pendant laquelle elle est descendue du ciel. Or, lorsque Mahomet était à la Mecque, il était en position de faiblesse et persécuté par les autres tribus arabes. Assez logiquement, les sourates mecquoises sont plutôt tolérantes, morales et spirituelles. Après l’Hégire (622), Mahomet se réfugie à Yathreb (future Médine) où il devient un chef militaire respecté. La violence du Coran provient systématiquement des sourates médinoises, plus politiques et sociales.

Il y a donc deux courants dans l’islam intellectuel. Le courant minoritaire estime que le véritable islam est mecquois, puisqu’il est plus respectueux du message original spirituel. Ce courant est d’ailleurs persécuté : aussi Mahmoud Mohamed Taha fut-il pendu par le Président du Soudan en 1985. Le courant majoritaire estime que le véritable islam est médinois, puisque Mohamed n’a pu déclarer toute la vérité que lorsqu’il était en position de force.

De plus, la théologie musulmane a développé la « théorie de l’abrogeant et de l’abrogé », selon laquelle un verset postérieur annule un verset antérieur contradictoire. Cette théorie, somme toute assez logique, tire sa légitimité du Coran lui-même : « si Nous [Allah] abrogeons un verset quelconque ou que Nous le faisons oublier, Nous en apportons un meilleur ou un semblable » (2,106 ; cf. aussi 16,101).

La vie de Mahomet

Tout bon musulman se doit d’imiter en tous points la vie de Mahomet. C’est la raison pour laquelle les hadiths, c’est-à-dire les faits et gestes du Prophète, ont tant d’importance dans leur théologie. Il ne s’agit pas seulement de s’imprégner d’un certain esprit, mais d’imiter scrupuleusement chaque geste de Mahomet, dans chaque situation particulière (d’où le port de la djellaba par exemple ou les règles très précises pour se laver). Les musulmans considèrent donc que l’agir de Mahomet est l’interprétation légitime du Coran. Or, Mahomet se révèle – après l’Hégire, évidemment – un combattant effréné et un stratège doué. En moins de 10 ans, selon les historiens musulmans, il a mené 62 incursions, razzias, suriya, etc., dont pas moins de 19 guerres et de nombreux meurtres : citons les batailles de Badr (624), d’Uhud (625), du Fossé (627) de Zat-al-Salasil et Hunan (630), l’assassinat du chef juif Kaab Ibn al-Ashraf qui a osé parler contre lui (625) ou de Abi-Rafa (627), le massacre des hommes et la réduction en esclavage des femmes et des enfants de la tribu de Beni Qurayzah, les punissant ainsi d’avoir pris part à la bataille du Fossé…

Après la mort de Mahomet, ses disciples, à commencer par Abu Bakr, ont largement continué le djihad dans des pays qui ne représentaient aucune menace pour l’islam. L’armée musulmane a ainsi tué plus de quatre millions d’Egyptiens en un siècle, s’est déployée vers le Sud jusqu’au Soudan, et vers l’Ouest, conquérant toute l’Afrique du Nord et l’Espagne, avant d’être arrêtée à Poitiers en 732.

Ainsi, Mahomet a fait preuve d’une violence inouïe à partir du moment où il a été le plus fort et ses successeurs ont parfaitement suivi son exemple. Bien plus, il a condamné les musulmans qui refusaient de combattre : « le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable. Or il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien » (2,216). Aujourd’hui, le récit de toutes ces batailles imprègne profondément la culture et la fierté musulmanes, y compris parmi les non-pratiquants. Les multiples victoires de Mahomet attestent d’ailleurs de l’authenticité de sa mission à leurs yeux.

Par ailleurs, les musulmans modérés proposent souvent une distinction entre le « petit djihad » (c’est-à-dire la guerre sainte) et le « grand djihad » qui serait ce que les chrétiens appellent le « combat spirituel ». Malheureusement, cette distinction repose sur un hadith dont beaucoup doutent de l’authenticité (cheikh Al-Albâni le classe parmi les hadiths « faibles ») et n’est fondée sur aucun verset coranique (lesquels emploient généralement le verbe qital, c’est-à-dire « tuer dans une bataille »). Il est vrai cependant, que le jus ad bellum musulman condamne l’attaque de personnes qui ne portent pas d’armes, tout comme le suicide (2,195 ; 4,29).

Conclusion

Heureusement, de nombreux musulmans ignorent ou rejettent cette interprétation du Coran. La cohabitation pacifique avec les musulmans n’est donc pas impossible, mais il faut avoir conscience que la violence est encouragée par les textes sacrés ainsi que le comportement de Mahomet et de ses successeurs. Nous rencontrons par ailleurs dans la rue de nombreux musulmans qui, sans être prêts à utiliser personnellement la violence, ne condamnent pas et même encouragent les auteurs des attentats.

Mon propos n’a considéré que la violence guerrière proprement dite, mais il faudrait aussi réfléchir à la violence de la charia, à la considération de la femme, au châtiment des apostats, à la place de la raison, etc.

Cependant, il ne faut pas oublier que cette violence islamique a été stimulée par une autre violence, souvent ignorée : celle de notre monde occidental athée. A une civilisation décadente qui nie toute référence à la transcendance et à la loi naturelle, qui autorise l’avortement et le mariage homosexuel, qui considère le blasphème comme un droit de l’homme, les musulmans rappellent la primauté de Dieu y compris dans le domaine public, l’importance de la famille et la beauté de la transmission de la vie

 

Lundi 10 décembre 2018

Face au mondialisme, cultivons notre sens de la patrie

Notre patrie, fondement de nos racines

Si le mondialisme a besoin de déraciner, la patrie regroupe au contraire toutes les valeurs de l'enracinement. La patrie fait ce que nous sommes et nous y tenons parce que c'est à partir de nos racines que nous nous élevons vers l'Universel, vers les biens éternels.

"Un peuple sans passé est incapable de surnaturel ", affirmait Simone Weil. Il n'y a rien de plus concret que la patrie :  elle est le fruit de la continuité et donc de ce que l'histoire a accompli sur un peuple. C'est sa langue, sa littérature, ses moeurs, ses coutumes, ses traditions morales et religieuses, sa législation, ses oeuvres artistiques, techniques, scientifiques, spirituelles. "C'est donc bien le legs des pères, ce qui fait que, par notre éducation dans cette patrie, nous ne sommes pas des barbares ou des sauvages mais des civilisés et des civilisés de cette civilisation-là que nous avons trouvée dans notre patrie, reçue d'elle, et qui est l'oeuvre progressive et le fruit de la longue succession des générations humaines dont nous héritons" nous rappelle Jean Daujat dans L'ordre social chrétien. La patrie est ainsi une réalité fondamentale au point qu'il a pu écrire qu'elle était "la plus haute valeur de l'ordre temporel". C'est une valeur largement incarnée ; c'est une réalité à la fois charnelle et spirituelle. Ce que Péguy résume parfaitement : "La patrie est cette quantité de terre où l'on peut parler une langue, où peuvent régner des moeurs, un esprit, une âme, un culte. C'est une portion de terre où l'âme peut respirer".

Le patriotisme est une vertu naturelle

Le patriotisme est une vertu naturelle relevant de la vertu de piété. "La patrie nous est bienfaisante dans une mesure difficilement assignable. Elle appelle donc la piété ayant tous les droits d'une prière" (Père Sertillanges) et l'Eglise a toujours étendu à la patrie le 4ème commandement honore ton père et ta mère. C'est bien de piété qu'il s'agit ici et non seulement de justice, qui exigerait que l'on rende ce qui a été reçu ou son équivalent. 

La patrie, "véritable mère qui a contribué à former chacun de ses enfants, a droit à un amour de préférence ", précisait le cardinal Feltin. Cette préférence avait déjà été justifiée par Pie XII dans sa première encyclique Summi Pontificatus : "Le divin Maître Lui-même donna l'exemple de cette préférence envers sa terre et sa patrie, en pleurant sur l'imminente destruction de la Cité sainte".

En 1985, Saint Jean-Paul II rappelait dans une Lettre apostolique à l'occasion de l'année internationale de la jeunesse que "face à notre héritage, nous ne pouvons garder une attitude passive ou même d'indifférence, comme le fait le dernier des serviteurs évoqués dans la parabole des talents... C'est là une tâche importante pour toutes les sociétés, peut-être plus particulièrement pour celles qui doivent défendre l'identité essentielle de leur nation des risques d'une destruction provoquée de l'extérieur ou d'une décomposition à l'intérieur".

Jean Paul II insiste sur le droit des nations à rester ce qu'elles sont et leur droit à transmettre leur patrimoine aux jeunes générations par une éducation appropriée.

Patriotisme et recherche du Bien Commun

C'est avec une grande prudence qu'il faut évoquer le nationalisme, tant les formes que ce terme a désignées sont diverses. Dans l'enseignement romain, il est le plus souvent utilisé avec un qualificatif : "juste nationalisme" (Pie XI, mai 1932), "nationalisme raisonnable" (Commission Justice et Paix, 1971) et plus fréquemment "nationalisme exacerbé", "malsain", "immodéré". "L'amour de la patrie ... devient un germe d'injustice et d'iniquités nombreuses si, transgressant les règles de la justice et du droit, il dégénère en "nationalisme immodéré" ".

Reste que l'on ne peut pas récuser qu'il puisse y avoir une forme saine de nationalisme, c'est notamment celle qui caractérise ce que ton entend le plus souvent par nationalisme à la française ; il s'agit d'une doctrine politique fondée sur la sauvegarde de la patrie, au nom du service du bien commun. A l'inverse de ce que suggère le suffixe "isme ", il ne s'agit pas ici d'une idéologie qui ferait de la nation et, par voie de conséquence l'Etat, un absolu, ou qui aboutirait à une exaspération de la patrie. C'est une doctrine politique qui proclame "la suprématie de l'intérêt national dans son ordre, dans sa sphère, non pas par comparaison avec tout autre droit et toute autre valeur, mais par comparaison avec chacun des autres objectifs politiques et sociaux qui peuvent tenir légitimement et raisonnablement le premier rang dans les préoccupations des hommes d'Etat" explique le Père Jean de la Brière.

Ce nationalisme ne fait pas de la nation un absolu, ni de l'Etat le mandataire de la nation ; cette doctrine reconnaît notamment la suprématie du droit naturel et repose sur une juste conception du bien commun.

La recherche du Bien Commun universel n'exclut pas le patriotisme, au contraire

 "Les échecs des hommes d'État (Société des Nations, ONU...) ont davantage retenu l'attention publique que les initiatives de l'Église qui détient la seule doctrine sociale capable d'inspirer une saine organisation des relations internationales", écrit Jean Madiran.                                                             

Les papes n'ont pas cessé de rappeler l'importance du rôle des instances internationales. "Rien, disait Pie XII, n'est plus conforme à la doctrine traditionnelle de l'Eglise". Le péril naît -et c'est le cas avec le mondialisme- lorsque les organisations se trouvent entre les mains, le plus souvent non visibles, d'équipes visant à un gouvernement à leur seul profit et au triomphe d'une idéologie qui se prétend un nouvel humanisme.

Evoquer les nécessités d'instances internationales, tout en respectant le principe de subsidiarité, ce n'est pas abolir ou périmer le droit des nations, ni la légitime souveraineté des Etats, protecteurs des nations, mais les faire entrer dans une harmonie supérieure. Dès lors que l'on conçoit que les nations en tant que nations ont leur place dans le plan divin, il s'ensuit toute une vision du monde, cette diversité ne peut être qu'une invitation à la complémentarité. Beaucoup aujourd'hui ressentent quelque scrupule à parler de patrie. Ils ont l'impression qu'elle n'est plus qu'une forme périmée à une époque où tous les horizons semblent s'élargir. "On peut être ému, disait à ce sujet Mgr Blanchet à ses étudiants, par cette anarchie sentimentale, trop molle d'ailleurs, trop inconsistante pour être vraiment généreuse. Mais notre catholicisme n'est ni cet idéalisme sans chair, ni cette effusion sans précises exigences". Avec beaucoup de bon sens, Gustave Thibon remit chaque chose à sa place. "Il en est, dit-il, qui ont tout dépassé avant d'avoir atteint... (Mais) c'est à travers les patries dépassées certes, mais traversées, que le Christianisme, cette divine forme de l'universel a fleuri sous des formes si diverses, si originales". 

Vidéo-témoignages : Histoire et Origine du Pèlerinage de Chrétienté (1ère partie)

Chers amis pèlerins, 



« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles » (Sénèque)

Vous connaissez le pèlerinage aujourd’hui mais à son origine il a fallu des hommes de foi pour oser, avec la grâce de Dieu, démarrer cette formidable aventure spirituelle. Aussi, Notre Dame de Chrétienté a interrogé les 4 principaux fondateurs pour nous raconter l’histoire et l’origine du Pèlerinage de Chrétienté.

Faut-il avoir peur du mondialisme ?

Le développement d'organisations internationales ou supranationales ou de grandes entreprises multinationales plus riches que certains Etats génère la puissance discrète, voire occulte, de groupes de pressions. Ce phénomène n'est pas récent mais prend chaque jour une importance accrue. Les banquiers, écrit Jacques Attali, se constituent au début du XXème siècle en une double élite de l'argent et de la culture, au comportement dynastique... ils finissent par s'organiser en une étrange aristocratie, une sorte d'ordre austère aux implacables lois morales et aux rituels féroces". Constituant une véritable hiérarchie parallèle, fichée au coeur de tous les régimes, exerçant le pouvoir sur le pouvoir.

Première erreur : faire de l'économie le moteur d'une nation

Il faut dénoncer l'erreur couramment commise sur la place de l'économie dans la vie de la société et notamment l'illusion d'une paix provenant de la seule économie. La politique se trouve aujourd'hui, à tort, subordonnée aux préoccupations économiques. Or le but de l'État n'est pas le développement économique et sa raison d'être n'est pas l'organisation de l'économie : le but de l'État est de garantir le bien commun. Il est de veiller à tout ce qui contribue à la paix intérieure, c'est-à- dire, selon la définition de saint Augustin à tout ce qui contribue à la tranquillité de l'ordre.

Un des aspects du bien commun d'une société, de son bien commun intrinsèque, c'est l'Unité. Le bien commun, dit Marcel De Corte, c'est tout ce qui unit. Il faut en effet permettre à tous les liens qui constituent le tissu social d'être les canaux par lesquels transitent, sont diffusées toutes les valeurs du bien commun. L'activité économique apporte au bien commun un élément important qu'est la prospérité ; mais elle doit être subordonnée à la politique, sinon par elle-même elle est diviseuse, elle est un enchevêtrement d'intérêts : le marché appelle le marchandage. L'Etat considère des permanences, l'économie recherche l'innovation. Les deux sont nécessaires et complémentaires, mais confondre organisation économique et Etat conduit à un totalitarisme, celui de l'utopie matérialiste, celui des technocrates pour qui l'administration des choses prévaut sur le gouvernement des hommes. La subordination de l'économie à la politique affaiblit les Etats, conduit à l'éclatement des nations. 

Deuxième erreur : penser que le mondialisme n'est qu'économique                                                           

Cette gigantesque entreprise dotée de moyens financiers considérables et d'un appareil très centralisé, tend à imposer un véritable train de mesures contre la vie et contre la morale car elle touche tout ce qui relève de la psychologie, voire de la science. Elle utilise les armes de la biologie, de la médecine, de la démographie, de l'agronomie, de l'immigration. Ce sont tous ces aspects qu'il faut envisager dans le mondialisme culturel qui a par définition besoin de déraciner les hommes, d'en faire des apatrides, donc manipulables. Le mondialisme fait tout ce qu'il peut pour déstabiliser l'homme, pour le "chosifier". Il a une haine profonde de la nature humaine et s'attache à détruire ce qui lui est le plus essentiel : la famille et le don de la vie.

Pour détruire l'attachement aux valeurs traditionnelles qui font ce que l'homme est, il utilise la corruption morale. Nous sommes engagés dans un processus diabolique, fondamentalement anti-catholique de mainmise sur le monde par un système en comparaison duquel le communisme pourrait bien n'avoir été qu'un épiphénomène. C'est là qu'il faut voir la raison pour laquelle le pape s'est exprimé avec tant de gravité. Ce n'est pas là un simple rappel de morale comme certains le croient, le pape défend l'homme dans sa nature même.

Troisième erreur : transformer l'homme en bien matériel

Les sans propriété, les pauvres n'ont que la patrie, avait dit Jaurès. Le mondialisme crée, en quelque sorte, de nouveaux pauvres ; à la manière de toute révolution, il rêve d'un homme nouveau, celui-ci n'a plus besoin de patrie. Ce que réclamait le prolétaire c'était un peu de biens ; avec le mondialisme l'homme lui-même se transforme en bien matériel ; c'est l'homme nomade sans racine, sans héritage. Une nation forte est un obstacle majeur à ce projet. On comprend que E. Rothschild ait pu écrire : "La structure qui doit sauter, c'est la nation" ce que Richard Gardner, lui aussi, montre de la Trilatérale, envisage une action décisive, tout autour de la souveraineté nationale, l'érodant morceau par morceau. La nation détruite, il ne reste plus que des groupuscules manipulables, des apatrides encasernés.

On retrouve dans cet acharnement à détruire la nation un vieux rêve maçonnique. La République universelle avait été évoquée par le chevalier de Ramsay et, plus récemment, le Grand Orient demandait l'abandon des privilèges de souveraineté au profit d'un gouvernement mondial.

 

samedi 08 décembre 2018

Consécration de Lyon à la Sainte Vierge

La ville de Lyon vénère la Sainte Vierge depuis le Moyen Age et s'est mise sous sa protection en 1643, date à laquelle les échevins de Lyon, le prévôt des marchands et les notables firent vœu de rendre hommage chaque année à la Vierge si l'épidémie de peste cessait. Comme l'épidémie cessa, le peuple tint sa promesse et rendit hommage à la Vierge, chaque année.

Depuis cette date, un cortège solennel municipal se rend de la Cathédrale Saint Jean au sanctuaire de la Vierge sur la colline de Fourvière chaque 8 Septembre, jour de consécration de la ville à la Vierge, jour de la fête de sa Nativité, pour lui offrir cierges et écus d'or : il s'agit du Voeu des Echevins.  

Le 8 décembre, jour de la fête de l'Immaculée Conception fut choisi, en 1852, pour inaugurer la statue de la Sainte-Vierge posée sur le clocher de l'ancienne chapelle de Fourvière, inauguration qui aurait dû avoir lieu le 8 septembre précédent, mais qui fut reportée en raison d’une crue de la Saône.

Les jours qui précèdent l'inauguration, tout est en place pour les festivités : la statue doit être illuminée par des feux de bengale,  on prévoit des feux d'artifice depuis le haut de la colline et des fanfares vont jouer dans les rues. Les notables catholiques lyonnais proposent d'illuminer les façades de leurs maisons comme cela se fait traditionnellement pour les grands événements (entrées royales, victoires militaires...).

Mais le 8 décembre au matin, un violent orage s'abat sur Lyon. Le maître des cérémonies décide aussitôt de tout annuler et de reporter les réjouissances nocturnes au dimanche suivant. Puis, finalement, le ciel se dégage, et la population lyonnaise qui avait tant attendu cette cérémonie, d'un geste spontané, illumine ses fenêtres, descend dans les rues et quelques feux de Bengale allumés à la hâte éclairent la statue et la chapelle de Notre-Dame-de-Fourvière (la basilique n'existe pas encore). Les Lyonnais chantent des cantiques et crient « Vive Marie ! » jusque tard dans la nuit.

Depuis 1852, la fête a été reconduite chaque année. La tradition veut que chaque famille habitant la partie de Lyon illuminée le 8 décembre conserve avec ses décorations de Noël, son assortiment de verres du 8 décembre, épais et parfois colorés. On appelle ces verres garnis d'une bougie des « lumignons » ou « lampions ». 

Petit rappel d'histoire d'une grande fête mariale

Contrairement à de nombreuses idées reçues, l’Immaculée Conception ne trouve pas son origine au XIXe siècle, même si l’apparition de la Sainte Vierge à Sainte Bernadette le 25 Mars 1858 marque la triple répétition de ce vocable par Marie elle-même.

On trouve la notion d’Immaculée Conception de manière implicite dans la Bible dans le "Protévangile" de Gen 3, 15 ou la figure de l'épouse mystique : "tu es toute pure et il n'y a pas de tâche en toi " (Cant 4, 7) et surtout dans la salutation angélique que nous chantons tant sur la route de Chartres !"Pleine de grâces" (Luc 1, 28) ? Exactement !  Le grec "Kecharitômènê" est intraduisible en un seul mot mais signifie que Marie est l'objet par excellence d'une faveur de Dieu. Les Pères de l'Eglise et les autres témoins de la Tradition parlent  de l'Immaculée Conception de plus en plus nettement au fil des siècles.

On trouve ainsi Saint Ephrem (+ 373) : "En vous Seigneur, il n'y a aucune faute et en votre Mère aucune tâche" ; le grand saint Augustin (+ 431) : "Il ne saurait être question de péché quand il s'agit de Marie." Le Concile de Latran en 649 appelle Marie "toujours vierge immaculée".

La fête de la Conception immaculée de Marie est d’ailleurs célébrée en Orient dès le VIIe siècle. Elle apparaît en Occident au Xe siècle en Angleterre et arrive en France par la Normandie au XIIe siècle. C'est une gloire de Lyon de la fêter le 8 décembre malgré les foudres de saint Bernard qui, en 1139, croit y voir une nouveauté ! Après l'efflorescence des poésies qui chantent l'Immaculée au XVe siècle, le Concile de Trente déclare au XVIe siècle, ne pas "inclure dans le décret relatif au péché originel la bienheureuse et immaculée Vierge Marie".

Tout s'accélère au XIXe siècle, notamment sous l’influence considérable des apparitions parisiennes de la rue du Bac en 1830. La médaille que la Vierge demande à sainte Catherine Labouré porte l'inscription "Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous." L'abbé Laurentin a calculé que cent millions de médailles miraculeuses avaient été diffusées entre 1832 et 1842 !

Bref, l'Immaculée Conception est sur toutes les lèvres avant d'être proposée comme une vérité de foi indiscutable devenue dogme le 8 décembre 1854. Beaucoup d'évêques et de fidèles demandaient cette proclamation. Le Bienheureux Pie IX fit examiner longuement la question par des théologiens et consulta les évêques du monde entier. Il définit enfin, infailliblement : "La doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie, dans le premier instant de sa Conception a été, par une grâce et un privilège spécial du Dieu tout puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et exempte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu et par conséquent elle doit être crue fermement et inviolablement par tous les fidèles." (Bulle Ineffabilis Deus).

La petite Bernadette ignorait toute cette longue histoire et de ces savantes approches théologiques lorsque, quatre ans plus tard, la Vierge de Massabielle vient confirmer Elle-même la déclaration du Pape à Lourdes !

Les Protestants, eux, récusent l’Immaculée Conception au nom de l'universelle gravité du péché originel. Or Marie, parce qu’elle est la Mère de Jésus, lui a donné son être et parce que le Fils est immaculé, la Mère doit l'être aussi. Marie doit tout, absolument tout au Christ, antérieurement à toute possibilité de mérite de sa part.

Les orthodoxes actuels, minimisant au contraire le péché originel, estiment que cette préservation du péché diminuerait l'exploit de la sainteté de Marie. Conçue sans péché, Elle aurait moins de liberté de lutter contre le Mal. Or c’est le contraire : le péché rendant esclave et Marie en étant préservée, elle devient plus libre  pour le combattre.

 

"Tu vois mon vieux, plus je réfléchis, plus je mesure que l'Immaculée Conception est au centre de TOUT." Charles Péguy

C'est ainsi que notre célèbre pèlerin de Chartres se confiait à l'un de ses amis quelques heures avant sa mort sur le front...

En effet comme l'exprime bien le Père Bernard, o.p,  "L'Immaculée Conception est pour nous l'espoir et le salut. Et, ne nous y trompons pas, le salut dans le Christ. Nous sommes liés à Marie et solidaires de ce qui lui arrive parce qu'elle est comme nous fille d'Eve et d'Adam. Mais nous le sommes encore plus parce qu'elle est fille du Christ, nouvelle Eve à côté du nouvel Adam. Car si elle est appelée à l'existence suivant le sort de notre nature, elle y est sanctifiée dès le premier instant selon toute la force de la grâce même qui nous sauve. L'Immaculée Conception est le triomphe de notre rédemption."

Il faut donc L'admirer comme le chef d'œuvre de Dieu, "le signe de l'amour gratuit du Père, l'expression parfaite de la Rédemption accomplie par le Fils, le point de départ d'une vie totalement disponible à l'action de l'Esprit", disait Jean-Paul II à Lourdes le 15 août 2004.

 Et concrètement ? Recourrons à elle dès que la tentation approche !

Lors d'un exorcisme qu'il faisait en 1991, Don Gabriele Amorth a demandé au démon pourquoi il craignait tant la Vierge Immaculée. Il a répondu : "c'est la seule créature qui peut me vaincre totalement parce qu'Elle n'a jamais été effleurée par la plus petite ombre de péché." L'Immaculée Conception est notre toute puissante protectrice contre l'Enfer et les forces du Mal.

Saint Maximilien Kolbe nous invite, non seulement à nous confier mais à nous consacrer à Elle : "Confions-nous totalement à l'Immaculée et consacrons-nous à Elle sans limite, et vite, et très vite nous deviendrons des saints." "Avec l'aide de l'Immaculée, tu te vaincras toi-même et tu pourras beaucoup pour le salut des âmes (…) Sois son instrument (…) Remets-lui toutes les actions et Elle accomplira tout." "Je peux tout en Celui qui me fortifie à travers l'Immaculée.", affirmait-il encore.

Efficace pour les personnes, la consécration à la Sainte Vierge l’est aussi pour les sociétés. On sait le prodigieux développement que connut la paroisse parisienne de Notre-Dame des Victoires lorsque son curé, l'abbé Desgenettes, la consacra en 1836 au "cœur immaculé de Marie." Notre-Dame de Fatima a également dit à Soeur Lucie que la consécration à son Cœur Immaculé était un des derniers recours offert au monde par Dieu.

Nos sociétés s'enfoncent dans le désespoir et la folie du péché. L'Immaculée, totalement préservée de cette souillure est le remède parfait, le point d'appui de notre espérance, l'idéal réalisé d'une humanité délivrée du péché. Parce qu'elle est sans péché dès le premier instant de son existence, la Vierge est la plus proche de nous qui soit. Elle est accueillante et bonne pour nous en délivrer.

A l'athéisme contemporain, Elle oppose sa Foi lumineuse ; à l'indécence omniprésente, sa pureté cristalline ; à l'avortement, sa divine maternité ; à l'euthanasie, sa charité pour la vieille Elisabeth ; au mariage homosexuel, ses tendres et chastes épousailles. "Miroir de justice" l'Immaculée est le recours contre toutes les injustices sociales, "Reine de la Paix", Elle saura nous protéger de la guerre injuste.

vendredi 07 décembre 2018

Notre combat politique pour le Règne du Christ

Notre combat politique catholique est un combat pour le règne du Christ sur nos nations.

"Il n'y a lieu de faire aucune différence entre les individus, les familles et les Etats car les hommes ne sont pas moins soumis à l'autorité du Christ dans leur vie collective que dans leur vie privée... Aux Etats, la célébration annuelle de la fête du Christ-Roi rappellera que les magistrats et les gouvernants sont tenus, tout comme les citoyens, de rendre au Christ un culte public et de lui obéir ; elle évoquera devant eux la pensée de ce jugement dernier où le Christ, non seulement expulsé de la vie publique mais encore négligé ou ignoré avec dédain, vengera sévèrement de telles injustices, car sa royauté exige que l'Etat tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens" (Pie XI, Quas Primas, 1925).

 Le combat visant à remettre la cité humaine sur ses fondements naturels et divins vise le salut de l'ordre humain tout entier. Face aux prétentions universelles de la subversion, la synthèse catholique offre le seul universalisme qui vaille : "Omnia instaurare in Christo". Omnia, tout, les hommes et les institutions. La politique acquiert ainsi une dignité particulière que Pie XI plaçait à un très haut niveau : "Tel est le domaine de la politique qui regarde les intérêts de la société tout entière et qui sous ce rapport est le champ de la plus vaste charité, de la charité politique, dont on peut dire qu'aucun autre ne lui est supérieur, sauf celui de la religion. C'est sous cet aspect que les catholiques et l'Eglise doivent considérer la politique".

La politique fondée sur le respect de l'ordre naturel

Le fondement de la politique, c'est le respect de l'ordre naturel. C'est d'autant plus important de le rappeler que la notion de vérité en politique est refusée ou, au mieux, ignorée : le Décalogue, synthèse de la loi naturelle, est ramené au niveau d'une morale privée ; les lois humaines prennent pour fondement la "volonté générale".

Le vrai partage des idées politiques ne se fait pas sur les notions, de moins en moins claires, de "droite" et de "gauche", mais de façon plus précise sur la fidélité à l'ordre des choses ou sur le refus de cet ordre au nom d'une fausse liberté et des "droits de l'homme sans Dieu".

Au plan temporel, la politique est ordonnée au bien commun de la société : "Une politique pour la personne et pour la société trouve son critère fondamental dans la poursuite du bien commun, en tant que bien de tous les hommes et bien de tout homme, bien offert et garanti à l'accueil libre et responsable des personnes, individuellement ou en association. La communauté politique existe pour le bien commun ; elle trouve en lui sa pleine justification et sa signification, et c'est de lui qu'elle tire l'origine de son droit propre. Quant au bien commun, il comprend l'ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes, aux familles et aux groupements de s'accomplir plus complètement et plus facilement" (Gaudium et Spes).

Concrètement, aujourd'hui, toute l'action politique, fondée sur le respect de l'ordre naturel et visant le bien commun, repose sur la juste conception de la famille. Toutes les autres institutions ne pourront renaître que par ou autour des familles, qui sont simultanément "Eglise domestique" et cellule de base, voire cellule-mère, de la société. L'essentiel du combat politique est à ce niveau. Chaque famille doit s'y sentir engagée.

jeudi 06 décembre 2018

Confions la France à la Sainte Vierge !

Chers amis,

Nous relayons cette chaine de prière publiée sur Hozana.

Samedi prochain 8 décembre sera peut-être un moment dangereux pour notre pays car le mouvement en cours des « gilets jaunes » est à un tournant et nul ne sait ce qu’il en adviendra.

Le pire et le meilleur semblent possibles et ce prochain samedi apparait comme un point de basculeavec la mobilisation qui se renforce par l’appui des étudiants, des agriculteurs, des routiers, des syndicats et de diverses formes de contestation : ce mouvement populaire imprévisible peut déboucher sur une radicalisation, une violence incontrôlable, une ambiance révolutionnaire dangereuse, mais également - peut-être - sur de plus heureuses conséquences avec de salutaires prises de conscience, si Dieu le veut.

Dans cette situation particulière, les chrétiens remarquent la date particulière de ce prochain rendez-vous :

le 8 décembre, jour où nous célèbrerons la fête de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, à qui notre pays est spécialement consacré !

Nous nous souvenons évidemment que le 8 décembre 1947, la France était « en grand danger », au bord d’une révolution communiste qui aurait apporté le chaos, et la Vierge Marie était intervenue par une apparition extraordinaire à l’Ile Bouchard, en permettant que la France soit sauvée « à la prière des petits enfants » (Marthe Robin).

Il faut se remémorer cet événement étonnant de l'Ile Bouchard !

https://www.notrehistoireavecmarie.com/fr/esc/1947-a-l-ile-bouchard-des-evenements-importants-pour-l-histoire-de-france/

Dans des circonstances comme celles d'aujourd'hui, nous sommes évidemment invités à confier tout spécialement la France à la Vierge Marie !

Nous vous proposons donc à nouveau de prendre aujourd'hui l'engagement personnel de jeûner et prier pour la France et aussi d’inviter largement autour de vous à le faire dans les jours qui viennent en jeûnant notamment vendredi 7 décembre et en priant tout spécialement samedi 8 décembre prochain.

Comme à l’Ile Bouchard en 1947 la Vierge Marie demandait de prier pour la France qui en avait grand besoin, aujourd'hui à nouveau, prions Notre-Dame de France et répondons à son appel !

Enfin, n’hésitons pas à prendre également un engagement de plus longue durée, en nous inscrivant pour cela sur le site du « Chapelet pour le monde » qui recense déjà plus de 3.000 engagements !

https://chapeletpourlemonde.com/

Engageons-nous à une vraie prière quotidienne pour nos familles, notre pays et pour le monde !

La prière et le jeûne peuvent arrêter les guerres et suspendre les lois naturelles, mais cela dépend de nous : le Ciel a voulu avoir besoin de notre engagement personnel à tous !

Proposition de prière de l'Association Marie de Nazareth

* * *
Rappel : le jeûne et la prière sont d’une puissance extraordinaire comme Jésus l’enseigne dans l’Évangile : « Il est des démons qui ne se chassent que par la prière et le jeûne ! » (Mt 17,21 ; Mc 9,29)

L’histoire de l’Église, l’histoire des saints, l’histoire des peuples et l’histoire biblique (Néh 1,4 ; Jud 4,13 ; Est 4,16 ; Bar 1,5 ; 2 Sa 12,16 ; 2 Ma 13,12 ; Dn 6,19 ; Dn 9,3 ; Jr 36,9 ; Tb 12,8) sont remplies d’exemples certifiant la puissance du jeûne et de la prière en face de toutes les situations ...

Nous avons à portée de la main une arme fantastique, alors servons-nous en !

Nous vous recommandons également toujours la prière que Jésus a confiée à Marcel Van en lui disant : "Petit enfant de mon Amour, écoute, je vais te dicter une prière, et cette prière, je veux que les Français me la récitent."

Seigneur Jésus, 
aie compassion de la France, 
daigne l'étreindre dans ton Amour 
et lui en montrer toute la tendresse. 
Fais que, remplie d'Amour pour toi, 
elle contribue à te faire aimer 
de toutes les nations de la terre. 
Ô Amour de Jésus, 
nous prenons ici l'engagement 
de te rester à jamais fidèles 
et de travailler d'un cœur ardent 
à répandre ton Règne 
dans tout l'univers. 
Amen.

Marcel Van 
(1928-1945)

Souvenons-nous aussi de la prière pour la France de Marthe Robin qui disait « La France tombera très bas, plus bas que les autres nations, à cause de son orgueil et des mauvais chefs qu’elle se sera choisie. Elle aura le nez dans la poussière. Il n’y aura plus rien. Mais dans sa détresse, elle se souviendra de Dieu. Alors elle criera vers lui, et c’est la Sainte Vierge qui viendra la sauver » :

Ô Père, ô mon Dieu,
délivrez, sauvez maintenant votre France ;
préparez le coeur de ses enfants à la mission qu'ils vont avoir à accomplir pour elle, pour toutes les autres nations, pour l'Eglise tout entière.
Ô Père, ô mon Dieu,
que le coeur de tous vos élus tressaille maintenant à votre appel, reconnaissant votre voix et votre commandement, votre invitation à agir ;
conduisez-les, ô mon Dieu, chacun à sa place et chacun à sa mission et imposez-leur vous-même tout ce que vous voulez de chacun et de tous.
Que rien ne soit l'effet de leur choix, ô mon Dieu, mais de votre unique désir, de votre unique volonté d'amour.
Ô Maman chérie, ne les laissez ni s'égarer, ni se tromper.
Amen.

Enfin puisque l’Archange Saint Michel est aussi le protecteur de la France, 
prions-le également :

Saint Michel Archange, 
Défendez-nous dans le combat  
Soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon
Que Dieu lui fasse sentir son empire, nous vous en supplions ; 
Et vous, Prince de la Milice Céleste, 
Précipitez en enfer, par la force divine, 
Satan et les autres esprits mauvais 
qui rodent dans le monde pour la perte des âmes. 
Amen.

Laïcs, nous avons une responsabilité sociale à assurer !

Si le rôle des laïcs a toujours été de veiller à ce que le temporel réunisse les conditions capables de rendre à tous possible et aisée une vie digne de l'homme et du chrétien, ce rôle politique prend une importance toute particulière aujourd'hui.

Pie XII nous rappelle que "La responsabilité des hommes catholiques paraît plus grande encore que jadis, étant donnée l'organisation plus poussée de la société et le rôle que chacun est appelé à y jouer. Autour de nous, les forces du mal sont puissamment organisées ; elles travaillent sans répit". "Sous cet aspect, les fidèles, et plus précisément les laïcs, se trouvent aux premières lignes de la vie de l'Eglise".

Jean-Paul II reprend dans Christi Fideles laïci ce passage de Pie XII  : "Les situations nouvelles, dans l'Eglise comme dans le monde, dans les réalités sociales, économiques, politiques et culturelles, exigent aujourd'hui, de façon toute particulière, l'action des fidèles laïcs. S'il a toujours été inadmissible de s'en désintéresser, présentement, c'est plus répréhensible que jamais. Il n'est permis à personne de rester à ne rien faire". Et Jean-Paul II précise ce qui caractérise la situation nouvelle : le sécularisme -nous dirions le laïcisme- "phénomène très grave qui ne touche pas seulement les individus mais des communautés entières" . La mission politique des laïcs, dont la fonction propre est la gérance de l'ordre temporel, revêt un caractère d'urgence parce que l'hérésie, en quelque sorte, est sociale. Elle est moins de l'ordre de ce qui se dit que de l'ordre de ce qui se fait, se pratique, se vit.

Catholique et politique ou politique et catholique ?

Il faut disposer d'hommes pour faire tourner les institutions qui puissent servir de levier pour la conversion du plus grand nombre. Il faut oeuvrer à la fois pour la conversion des coeurs et l'amélioration des institutions.

Le langage qui utilise la notion d'urgence absolue est inadéquat . "Si l'action, à sa manière politique, protège la morale et la religion, il est également vrai, en sens inverse, que simultanément la religion et la morale protègent à leur manière religieuse et morale la politique. Ces deux vérités ne s'excluent pas ; elles sont vraies en même temps et sous un rapport différent. Il n'y a pas un ordre d'urgence immuablement fixe avec une étape n° 1 qui rejetterait ensuite l'étape n° 2 ; il n'y a pas un préalable constant ; il n'y a que des préalables occasionnels... " (Jean Madiran, Maurras).

La clef de l'action politique est dans l'alliance du "Politique d'abord" et de "Dieu, premier servi". Combien de responsables politiques, catholiques, introduisent une séparation entre leur foi qu'ils considèrent comme de l'ordre du privé, de l'intimité et leur façon de conduire la chose publique. Que l'on songe instamment à ceux qui dans les années 70 ou plus récemment en 2013 ont été les artisans des lois anti-familiales. "Pareille vivisection est tout simplement anti-catholique le catholicisme impliquant essentiellement la divine alliance de la nature et de la grâce, de la raison et de la foi ; l'ordre naturel étant la plus sûre condition de la fécondité surnaturelle ici-bas" (Pie XII).

Mais d'où vient la tradition de la Saint Nicolas ?

La Saint-Nicolas est une fête inspirée de Nicolas de Myre, né à Patara au sud-ouest de l'actuelle Turquie  entre 250 et 270,qui fut le successeur de son oncle, l'évêque de Myre. Dès le Xième siècle,  une relique de la phalange du saint fut transférée depuis Bari vers le Duché de Lorraine et il fut édifié au Sud de Nancy une basilique dédiée au Saint, à Saint Nicolas de Port. Vénéré et très souvent invoqué, il deviendra très rapidement le saint-patron de la Lorraine. Port étant une cité réputée pour ses foires et marchés, le culte de Saint-Nicolas se répandit très rapidement au-delà des frontières du Duché de Lorraine  et, notamment, outre-Rhin où la tradition demeure également très vive.

La légende du Saint Nicolas raconte que, dans la région Lorraine, entre Nancy et Metz, l'hiver approchant, trois enfants, partis glaner dans les champs, se perdirent sur le chemin du retour. Attirés par la lumière filtrant des fenêtres d'une maison, ils s'approchèrent et frappèrent à la porte. L'homme qui leur ouvrit, Pierre Lenoir, boucher de son état, accepta de leur donner l'hospitalité pour la nuit. En fait, sitôt les enfants entrés, il les tua, puis à l'aide de son grand couteau, les coupa en petits morceaux, pour finalement les mettre dans son saloir afin d'en faire du petit salé. Saint Nicolas, chevauchant son âne, vint à passer par là et frappa à son tour à la porte du boucher. L'homme, n'osant pas rejeter un évêque, le convia à dîner. Son invité lui demandant du petit salé, le boucher comprit qu'il était découvert et, pris au piège, avoua tout. Le saint homme étendit alors trois doigts au dessus du tonneau de petit salé, reconstituant et ressuscitant ainsi les trois enfants.

Saint Nicolas enchaîna le boucher à son âne et le garda auprès de lui pour le punir. Il devint le père Fouettard, être mauvais, dont le rôle est de réprimander les enfants désobéissants et les cancres, fort de son caractère violent et irascible. Toujours vêtu de noir, caché sous une cagoule et une épaisse barbe noire, il incarne tout l'opposé de Saint Nicolas, en somme, qui arbore une belle barbe blanche, des vêtements colorés d'évêque (mauve et blanc, avec une crosse, dorée à l'origine, puis rouge et blanche, ce qui le rapproche du Père Noël actuel (Saint Nikolaus devint Santa Klaus)), et donne toujours l'image d'une personne bienveillante.

En Lorraine, la Saint Nicolas a une importance particulière, puisque saint Nicolas est le patron de la région depuis 1477. En effet, alors que la Lorraine était occupée par la Bourgogne, le duc René II demanda la victoire à saint Nicolas. À la suite de la victoire de la Bataille de Nancy , saint Nicolas deviendra patron de la Lorraine et des lorrains.  

À Saint Nicolas de Port, saint Nicolas est installé sur un char et défile dans les rues de la ville. Une grande procession de cierges part de la basilique : c'est la « procession du Sire de Réchicourt » qui, emprisonné en Terre Sainte, s'est retrouvé transporté dans la ville après avoir prié le saint. Le Père Fouettard, le boucher et les trois petits enfants sont également présents.

mercredi 05 décembre 2018

Responsable politique au service du Bien Commun

 Le mal n'est peut-être pas que social mais il est social dans sa plus grande partie. "Et le propre d'un mal social c'est de ne pouvoir être guéri par la simple multiplication de remèdes individuels. Autrement dit, ce ne sont pas seulement des individus qu'il faut rendre à la santé, c'est la société. Ce ne sont pas seulement des personnes qu'il faut refaire, ce sont les institutions... l'instauration d'un ordre social chrétien n'a de sens que pour faciliter la conversion plus générale et plus durable des hommes" (Jean Ousset - Fondements de la Cité).

Dans son discours du 50ième anniversaire de Rerum Novarum le 1er Juin 1941 auquel renvoie le paragraphe 1887 du Catéchisme de l'Eglise Catholique, Pie XII nous rappelle que  "de la forme donnée à la société, en harmonie ou non avec les lois divines, dépend et s'infiltre le bien ou le mal des âmes"  et nous invite à ne pas nous laisser " induire en erreur par les fabricants de théories fausses et malsaines... qui prétendent que la Rédemption appartenant à l'ordre de la grâce surnaturelle et donc par suite oeuvre exclusive de Dieu, n'a pas besoin de notre coopération sur cette terre" . Mais au contraire conscients et convaincus de cette responsabilité sacrée (qui consiste à) créer des conditions sociales qui n'ont de valeur que pour rendre à tous possible et aisée une vie digne de l'homme et du chrétien, ne vous contentez jamais... d'une médiocrité générale des conditions publiques, dans laquelle la masse des hommes ne puisse -sinon par des actes de vertu héroïque- observer les divins commandements, inviolables toujours et dans tous les cas" .

Les institutions sont un levier puissant : "Les peuples ne sont entrés en masse dans l'Eglise qu'à la suite de leurs princes et l'Eglise n'a régné sur les nations, sur leurs lois, sur leurs institutions, sur leurs moeurs, que quand elle a pris possession du coeur des rois". Ce que le cardinal Pie dit ici des "rois", doit s'étendre à tous ceux qui détiennent une responsabilité politique.

Etre chrétien implique de s'investir pour son pays

"Les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la politique, à savoir à l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir organiquement et par les institutions le bien commun... Tous et chacun ont le droit et le devoir de participer à la politique ; cette participation peut prendre une grande diversité et complémentarité de formes, de niveaux, de tâches et de responsabilités" (Jean-Paul II).

Ce texte définit la politique (action multiforme...), sa finalité (le bien commun) et fait de la participation à la politique un devoir (devoir que Pie XI appelait "devoir de charité politique").

"Il est inadmissible et contraire à l'Evangile de prétendre circonscrire la religion à la sphère strictement privée de la personne. Il est paradoxal d'oublier sa dimension essentiellement publique et sociale... Sortez donc dans les rues, vivez votre foi avec joie, portez aux hommes le salut du Christ qui doit imprégner la famille, l'école, la culture et la vie politique" (Jean-Paul II).

Planter du blé à la Sainte Barbe : une tradition provençale de l'Avent

Planter le blé de la Sainte Barbe, 20 jours avant Noël, soit le jour de la Sainte-Barbara, reste une des traditions calendales les plus suivies en Provence. Cette tradition nous vient de l’époque romaine, et la légende indique que si la germination se fait bien et si le blé est vert, la prochaine moisson sera abondante. Mais d’où vient cette tradition ?

Sainte Barbe vécut au milieu du IIIe siècle après Jésus Christ au Nord Ouest de l'Anatolie sous le règne de l’empereur Maximin. Son père, Dioscore, était un riche édile païen qui voulait la marier à homme de son choix ; elle refusa et décida de se consacrer au Christ. Pour la punir, son père l’enferma dans une tour à deux fenêtres, mais un prêtre chrétien, déguisé en médecin, s’introduisit dans la tour et la baptisa.  Au retour d’un voyage de son père, Barbe lui apprit qu’elle avait percé une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour représenter la Sainte Trinité et qu’elle était chrétienne. Furieux, le père mit le feu à la tour. Barbe réussit à s’enfuir, mais un berger découvrit sa cachette et avertit son père. Ce dernier la traîna devant le gouverneur romain de la province, qui la condamna au supplice. Comme la jeune fille refusait d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonna au père de trancher lui-même la tête de sa fille. Elle fut d'abord torturée : on lui brûla certaines parties du corps et on lui arracha les seins, mais elle refusa toujours d'abjurer sa foi. Dioscore la décapita mais fut aussitôt châtié par le Ciel. Il mourut frappé par la foudre. Quant au berger qui l'avait dénoncée, il fut changé en pierre et ses moutons en sauterelles. Quand les chrétiens vinrent demander le corps de la jeune martyre, ne voulant ni utiliser son prénom païen ni se dévoiler en utilisant son prénom de baptême chrétien, ils ne purent en parler que comme « la jeune femme barbare », d'où le nom de sainte Barbara qui lui fut donné.

On invoque sainte Barbe pour être protégé de la foudre, mais elle est aussi la patronne, le modèle et la protectrice des architectes, des géologues, des mathématiciens, des pompiers, des mineurs (et par extension actuellement, des ingénieurs des Mines), des artilleurs, des sapeurs, des canonniers, des artificiers, des ingénieurs de combat, des métallurgistes, des démineurs et autres corporations liées au feu, les pétroliers militaires, les foreurs et les personnels de l'industrie des turbines à gaz, les carillonneurs, les égoutiers. Sainte Barbe est aussi la patronne de l'École polytechnique. Pie XII la déclare patronne de la marine italienne de combat par un bref du 4 décembre 1951.

Afin de ne jamais oublier Sainte Barbe, les provençaux plantent du blé dans 3 coupelles, le jour de la Sainte Barbe (transformée par l'église en 1969 en Sainte Barbara), le 4 décembre. C'est là le début réel des fêtes calendales (de Noël) en Provence.

Ces coupelles, représentant la Sainte Trinité, font ensuite partie de la décoration de la table de Noël, lors du Gros Souper du 24 décembre et le 25 décembre,  la maîtresse de maison orne ces blés de rubans jaune et rouge. À compter du 26 décembre, les coupelles sont disposées près de la crèche jusqu'à l'Epiphanie. 

 La tradition veut que si le blé est bien germé le 25 décembre, la moisson suivante sera bonne. On dit également à cette occasion : Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn ((Blé bien germé, c'est la prospérité pour toute l'année)

 

 

Appel de Chartres n° 224 : Changer ou demeurer ?

Chers amis pèlerins,

France Culture n’est pas souvent citée dans l’Appel de Chartres. Une fois n’est pas coutume, je vous invite à écouter l’émission Répliques du 24 novembre animée par Alain Finkielkraut (1). Un thème séduisant « Demeurer ou partir : quelle vision du monde à l'ère du mouvement perpétuel ? » et deux invités passionnants et de grand talent, François-Xavier Bellamy et Sylvain Tesson. Je serais bien étonné que le premier ne soit pas un pèlerin de Chartres. Le second est moins amateur de grandes foules, je l’imagine davantage pèlerin promeneur solitaire. Nous serions honorés de marcher avec eux vers Chartres en 2019 si Dieu le veut !

Le dernier livre de François-Xavier Bellamy, « Demeure, Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel » (Grasset), semblait contredire les choix du poète vagabond Sylvain Tesson comme racontés dans son livre « Eloge de l’énergie vagabonde » (Poche). C’était évidemment tout l’intérêt de l’émission de jouer sur cette opposition. Vous constaterez que celle-ci n’existe pas puisque les approches sont différentes. Sylvain Tesson ne parle pas de « Politique » mais d’itinéraire personnel ; il n’appelle pas au mouvement comme modalité d’organisation de nos sociétés. Le mouvement reste pour lui « un solfège ou un style de vie ».

François-Xavier Bellamy évoque la vie intérieure, « les droits de l’âme » pour prendre les mots de Simone Weil dans L’Enracinement (1949). Il s’oppose à la modernité dans sa « version liquide actuelle (2) » où tout est soumis à la passion du changement. Le plaisir, la consommation et la liberté individuelle forment ainsi le cœur de notre société post-moderne. Nous sommes en train de vivre cette « évolution permanente » où les mots de transformation, mobilité, changement, innovation, réforme, … possèdent une espèce de pouvoir magique sur nos esprits! Cette néo-société produit les fruits que nous récoltons : relativisme intégral, perte du sens du bien commun, individualisme roi, …

Alain Finkielkraut raconte l’histoire d’un hollandais de 69 ans exigeant de changer son âge et de rajeunir de 20 ans parce qu’il en avait envie. La révolte de l’homme devant Dieu prend ainsi la forme d’une révolte devant toute réalité : l’homme post-moderne nie, pour se venger, d’avoir été créé !

Nous ne devons pas craindre d’aborder l’écologie en tant que chrétien, comme le fait François-Xavier Bellamy. Nous parlerons d’ailleurs d’écologie intégrale afin de bien insister sur la protection de la nature prise dans son ensemble, y compris bien sûr l’écologie humaine. François-Xavier Bellamy traite trop rapidement ce sujet lors de l’émission mais les tragédies actuelles - le transhumanisme, les migrations, la théorie du genre, la marchandisation de l’homme, …– sont les conséquences de cette société du mouvement.

Vers la 20ème minute vous entendrez parler de pèlerinage. Pourquoi être en marche si nous n’avons pas de but ? Un pèlerin ne marche pas pour marcher, il marche pour prier mieux (le corps libérant l’esprit, Sylvain Tesson en parle magnifiquement) et aussi, pourrions-nous compléter, également par sacrifice et don de soi.

Quand on nous aura mis dans une étroite fosse, 
Quand on aura sur nous dit l’absoute et la messe, 
Veuillez-vous rappeler, reine de la promesse, 
Le long cheminement que nous faisons en Beauce (3). 

J’entends parfois certains de nos pèlerins ne pas (ne plus ?) comprendre quand Notre Dame de Chrétienté fait référence au mot de Tradition. Chers amis, réfléchissez avec François-Xavier Bellamy à cette société liquide en train de naître sous nos yeux avec son nihilisme absolu : comment l’Eglise n’aurait-elle pas été touchée par cette crise de l’intelligence et de la foi ? Notre attachement à l’Eglise, et donc à sa Tradition, a une histoire ; il conserve, aujourd’hui, tout son sens et son actualité. Notre Dame de Chrétienté tient d’ailleurs toute sa place parmi les mouvements de résistance contre cette sacralisation du changement pour le changement. La Tradition « demeure » pour un pèlerin de Notre Dame Chrétienté la certitude de ne pas errer, d’être fidèle à l’Eglise de toujours. Un pèlerin de Notre Dame de Chrétienté ne retrouve-t-il pas en entrant dans nos cathédrales « le bonheur du naufragé retrouvant la terre ferme » (Homère - L’Odyssée) ?

*

* *

Je termine cet Appel de Chartres de l’Abbaye de Fontgombault où nous suivons la retraite annuelle de Notre Dame de Chrétienté pour ce 1er Dimanche de l’Avent, prêchée par l’abbé Garnier. Nous avons prié pour vous tous, vos familles, nos disparus et Notre Dame de Chrétienté. Que les pèlerins soient protégés par la Sainte Vierge, que de nombreuses grâces soient données aux pèlerins marcheurs et non marcheurs pour la plus grande gloire de Dieu.

Enfin, un dernier mot sur les célébrants de notre prochain pèlerinage: nous aurons la joie d’accueillir en 2019 Monseigneur Leonard (ancien primat de Belgique et ancien archevêque de l’archidiocèse de Malines- Bruxelles) le lundi de Pentecôte et le Très Révérend Père Marc (Prieur du Monastère Sainte Marie de La Garde) le dimanche.

Je vous souhaite ainsi qu’à vos familles de douces et belles fêtes de Noël.

Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous !

Jean de Tauriers

Président NDC

 

(1) www.franceculture.fr/emissions/repliques/demeurer-ou-partir

(2) Concept de société liquide forgé par le sociologue Zygmunt Bauman (1925-2017). La société liquide s’oppose à la société solide où les structures de l’organisation sont créées collectivement. Dans la société liquide seul existe l’individu intégré par son acte de consommation. 

(3) La route de Chartres Présentation de La Beauce à Notre-Dame de Chartres par Charles Péguy

Lundi 03 décembre 2018

Vidéo-témoignages : Pourquoi le choix de la messe traditionnelle ?

Chers amis pèlerins,

En ce début d’année liturgique, Notre Dame de Chrétienté redémarre la diffusion de nouvelles vidéos jusqu’à la Pentecôte. Durant ce temps de préparation de Noël, ce nouveau cycle commence par trois vidéo-témoignages sur la messe puis ensuite sur l’origine et l’histoire du pèlerinage de Chrétienté.

La messe traditionnelle, vous le savez, permet de trouver le sens du sacré dans la liturgie. Le pape émérite Benoît XVI disait dans son discours en 1988 à la conférence épiscopale du Chili : « ''nous devons retrouver la dimension du sacré dans la liturgie... La liturgie, c’est Dieu trois fois saint qui se fait présent au milieu de nous… Elle cherche à rendre présent le "Tout Autre", le Ressuscité.'' »

Durant le pèlerinage de la Pentecôte 2015, Notre Dame de Chrétienté a interrogé 4 supérieurs de communautés pour leur poser la même question suivante : « Pourquoi votre communauté a t-elle fait le choix de la messe traditionnelle? »

La densité et la diversité de leurs réponses attestent de la richesse de la messe traditionnelle.

 Notre Dame de la Sainte-Espérance, convertissez-nous !
 

» lien direct vers la vidéo

Devoir des citoyens dans la Doctrine Sociale de l'Eglise

Ceux qui sont soumis à l’autorité regarderont leurs supérieurs comme représentants de Dieu qui les a institués ministres de ses dons. Leur collaboration loyale comporte le droit, parfois le devoir d’exercer une juste remontrance sur ce qui leur paraîtrait nuisible à la dignité des personnes et au bien de la communauté.

Le devoir des citoyens est de contribuer avec les pouvoirs civils au bien de la société dans un esprit de vérité, de justice, de solidarité et de liberté. L’amour et le service de la patrie relèvent du devoir de reconnaissance et de l’ordre de la charité. La soumission aux autorités légitimes et le service du bien commun exigent des citoyens qu’ils accomplissent leur rôle dans la vie de la communauté politique. La soumission à l’autorité et la coresponsabilité du bien commun exigent moralement le paiement des impôts, l’exercice du droit de vote, la défense du pays.

Le citoyen est obligé en conscience de ne pas vivre les prescriptions ddes autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l’Évangile. Le refus d’obéissance aux autorités civiles, lorsque leurs exigences sont contraires à celles de la conscience droite, trouve sa justification dans la distinction entre le service de Dieu et le service de la communauté politique. « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». (Mt XXII, 21). « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». (Ac V, 29).

Si l’autorité publique, débordant sa compétence, opprime les citoyens, que ceux-ci ne refusent pas ce qui est objectivement demandé par le bien commun. Il leur est cependant permis de défendre leurs droits et ceux de leurs concitoyens contre les abus du pouvoir, en respectant les limites tracées par la loi naturelle et la Loi évangélique.

La résistance à l’oppression du pouvoir politique ne recourra pas légitimement aux armes, sauf si se trouvent réunies les conditions suivantes :  

  • En cas de violations certaines, graves et prolongées des droits fondamentaux,
  • Après avoir épuisé tous les autres recours, 
  • Sans provoquer des désordres pires,
  • Qu’il y ait un espoir fondé de réussite,
  • S’il est impossible de prévoir raisonnablement des solutions meilleures.

 

Devoirs des autorités civiles au regard de la Doctrine Sociale de l'Eglise

Le quatrième commandement de Dieu nous ordonne d’honorer tous ceux qui, pour notre bien, ont reçu de Dieu une autorité dans la société. Il éclaire les devoirs de ceux qui exercent l’autorité comme de ceux à qui elle bénéficie.

Ceux qui exercent une autorité doivent l’exercer comme un service. Nul ne peut commander ou instituer ce qui est contraire à la dignité des personnes et à la loi naturelle. L’exercice de l’autorité vise à rendre manifeste une juste hiérarchie des valeurs afin de faciliter l’exercice de la liberté et de la responsabilité de tous. Les pouvoirs politiques sont tenus de respecter les droits fondamentaux de la personne humaine. Ils rendront humainement la justice dans le respect du droit de chacun, notamment des familles et des déshérités. Les droits politiques attachés à la citoyenneté peuvent et doivent être accordés selon les exigences du bien commun. Ils ne peuvent être suspendus par les pouvoirs publics sans motif légitime et proportionné. L’exercice des droits politiques est destiné au bien commun de la nation et de la communauté humaine.